Notre position :
L'équipage est de retour en France
Mateo est resté à Nouméa
    
Dernière mise à jour : 13/06/2010

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Récits de voyage

7ème partie : La Polynésie (2/2)

 



- Tahiti
- Les Iles Sous-Le-Vent
- Les Iles Cook et Tongas
- Les Fiji





  Tahiti

(4 décembre 2005 - 10 février 2006)

 

 


Coucher de soleil

 

 

 

 


Au mouillage à tahiti

C'est au moteur que nous ferons les 2/3 de la route vers Tahiti. Après une vingtaine d'heures à petite vitesse, voiles en ciseaux, le vent tombe complètement. Il fait très chaud, juste une longue houle de sud-est qui nous berce, et le ronronnement du moteur. Dans ces cas-là, nous ne faisons fonctionner qu'un seul moteur à la fois, d'autant que notre réserve de gazole est un peu juste pour la distance à couvrir.
Il est trop tard pour arriver avant la fin du deuxième jour comme on l'espérait, nous passerons donc une troisième nuit en mer, doucement, pour approcher de l'île au lever du soleil.
Tout se passe calmement quand soudainement, vers 1 heure du matin, un énorme grain survient, avec des rafales très fortes. La mer se lève alors brusquement et les petites vagues se creusent subitement et cognent violemment sur la coque. Florian entend tout à coup un gros bruit près de sa cabine: on sort la tête de l'habitacle pour constater d'abord que le cap n'est plus le même, ensuite que le pilote est sorti de sa fixation et enfin que la barre en bois du gouvernail tribord est cassée en deux. On comprend mieux pourquoi le bateau n'était plus contrôlé, car c'est sur cette barre qu'est fixé le pilote. Cette pièce était déjà fendue, à force de s'appuyer dessus lorsqu'on remonte de la jupe arrière pour aller dans le cockpit et nous devions la réparer à Tahiti, mais finalement, elle aura lâché juste avant! On attache comme on peut le moignon restant pour garder le gouvernail dans l'axe, et avec une seule barre on arrive quand même à manœuvrer correctement. C'est l'avantage du catamaran !

Nous entrons dans la passe du port de Papeete au petit jour, un peu fatigués d'une telle nuit mais contents d'être maintenant sur une mer calme protégée par le récif.
Nous prenons le chenal qui borde la piste d'aviation en direction de la marina Taina quelques milles plus au sud. Pour cela il faut appeler la tour de contrôle par VHF pour passer en bout de piste à un moment où il n'y a pas d'avion. On y est accueillis par les copains de "Ia Orana" qui sont au mouillage juste en face de la marina.
Celle-ci semble complète mais nous discutons avec le responsable pour avoir la possibilité d'y entrer et de se mettre à quai pour faire la réparation: vu la situation, celui-ci nous trouve une place à l'abri.
On n'y passera que 3 jours, car le tarif à la journée est prohibitif pour nous: 58 € ! Dominique fera de son mieux pour la réparation car la météo ne nous facilitera pas la tâche : il faut jongler entre les nombreux grains pour coller, résiner, stratifier… Heureusement l'atelier du bord est bien équipé. Avec des inserts en tige filetée, et une double stratification, ça devrait tenir un moment.


 

 

 

 


Retour à la civilisation

 

 

 

 

 


Au supermarché Carrefour

La marina se trouve en bordure de la route qui mène à Papeete, la capitale. Ce qui nous surprend le plus en sortant de la base nautique, c'est la circulation, depuis 4 mois on avait oublié ce flot de voitures qui circule sur la 4 voies, ainsi que les odeurs des échappements.
Nous partons en ville pour la journée faire démarches et courses: les Douanes et la Police aux Frontières pour les papiers d'abord: on y obtient même un papier pour bénéficier de gazole détaxé, car nous sommes "en transit", une aubaine! Puis nous continuons par le marché, le cybercafé, et les magasins d'accessoires pour monter nos perles des Tuamotu. Nous faisons aussi connaissance de Frédéric, le fils de Monique du bateau "Mitik" que nous avions connue aux Canaries. Il travaille chez "Tahiti Pas Cher", un magasin d'équipement de la maison, mais aussi de jouets en cette période de fêtes.
Pour finir, sur le retour, nous nous arrêtons au Salon des Marquises, où nous retrouvons quelques artisans déjà rencontrés il y a 2 mois chez eux: Jean-Marc de Oa Pou, Germaine de Fatu Hiva. Nous cherchons Temo qui devait y être présent aussi mais Germaine nous apprend que le sculpteur est reparti chez lui: sa femme venue à Tahiti avec lui a accouché d'un fils, malheureusement le bébé est décédé 2 jours plus tard d'une hémorragie interne.

Non loin de la marina, se trouve le supermarché Carrefour avec sa galerie marchande. On y retrouve les mêmes produits qu'en France mais à un prix nettement plus élevé. Nos habitudes d'européens sont vite reprises pour faire nos courses. En sortant, on chercherait presque notre voiture sur le parking !
C'est à partir des années 60 que la vie a beaucoup changé à Tahiti, avec la création du Centre d'Expérimentation du Pacifique de Mururoa aux Tuamotu, où seront effectués les essais nucléaires français: création de l'aéroport international, arrivée de militaires et de fonctionnaires, et surtout beaucoup d'argent pour le territoire.
Certaines caisses enregistreuses du magasin, certaines boutiques, sont tenues par des "raeraes", des travestis que l'on voit fréquemment sur Tahiti. Cela fait partie des mœurs et ne choque personne ici. Même à l'école, il y en a dans certaines classes et ils ne sont pas l'objet de railleries comme ce serait le cas chez nous. C'est parait-il un reste du temps des guerres tribales où il fallait préserver un enfant mâle pour la survie de la lignée: pour lui éviter d'aller au combat, on l'habillait en fille.

Samedi 10, nous avons la visite de Chrystèle et Olivier, qui arrivent de Paris pour un séjour sur Tahiti dont une partie est prévue à bord de Mateo. Vincent et Marsha, leurs amis tahitiens qui les hébergent quelques jours, les accompagnent.
Leur arrivée nous fait chaud au cœur. Chrystèle, qui fait office de facteur pour nos familles, nous apporte courrier et ….cadeaux de Noël en prévision du réveillon, ainsi qu'un nouvel appareil photo numérique pour remplacer celui qui nous avait lâché aux Marquises. Pour nous, c'est déjà le Père Noël en avance ! Tous deux, fraîchement débarqués de l'avion et un peu décalés par les fuseaux horaires, ne feront qu'une courte visite sur le bateau.

Lundi, nous gagnons à nouveau la capitale. A l'aller nous sommes emmenés en stop par un équipage de la marina et au retour nous prenons un des nombreux trucks, ces camions aménagés qui circulent sur les routes de l'île. Equipés sommairement d'une cabine et de bancs de bois, ils transportent une vingtaine de passagers et sont les principaux transports en commun sur Tahiti et certaines autres îles.


 

 


Arrivée à Moorea sous un grain

 

 

 

 


La Baie de Cook

Arrive le jour "J" où Chrystèle et Olivier viennent s'installer à bord pour 10 jours de croisière. Après un plein de courses à Carrefour, de gazole à la marina, nous partons vers Moorea, l'île juste en face de Tahiti. 2 heures de moteur avec encore des averses. Ce sera l'occasion pour Olivier d'essayer son tout dernier investissement : une cape-ciré ! Il pleut depuis plusieurs jours et on aimerait bien voir un peu de soleil.
Nous entrons dans la passe Vaiare, puis remontons vers le nord derrière le récif: un nouveau grain nous oblige à tourner en rond avant de s'engager plus loin. Nous voulons aller mouiller dans un endroit où il n'y a que 2 m d'eau et des patates de corail, il vaut mieux attendre une bonne visibilité pour cela !
Nous ancrons devant le Sofitel Ia Ora, un hôtel de luxe avec bungalows sur pilotis. Autour de nous des raies planent dans l'eau claire. L'endroit est superbe et le soleil est revenu maintenant.
Ce soir là, nous faisons le repas de bienvenue de Chrystèle et Olivier. Sylvain se charge, comme il aime le faire, de la déco de la table avec nacres, perles et coquillages.

Au petit matin et avant la grosse chaleur, nous commençons par une plongée sur le récif, où il y a une grande variété de poissons, dont des balistes Picasso, très colorés. Le soleil semble avoir envie de se maintenir, et les paysages montagneux de Moorea prennent de belles couleurs. Nous ne resterons pas longtemps ici car un rameur en pirogue nous dit, en passant près de Mateo, que l'endroit est interdit au mouillage. Il y a bien des bouées jaunes du PGEM (Programme de Gestion de l'Environnement Marin), qui délimitent certaines zones, mais rien n'est indiqué sur les cartes et ce n'est pas facile de savoir de quel coté de celles-ci on peut où non ancrer. Nous saurons plus tard, après une visite au Service des Pêches à Papeete, que depuis peu certaines zones à Moorea sont réglementées pour le mouillage.

Nous reprenons la mer en direction de la cote nord, à l'entrée de la Baie de Cook, sur un superbe fond de sable dans 2,5m d'eau. Conditions idéales ! Le récif est tout près pour y aller plonger.
Nous débarquons un peu plus tard à terre en annexe, pour nous rendre au village juste en face: de belles propriétés bordent la cote, et un hôtel de luxe, (encore un !) avec ses bungalows alignés sur pilotis. On y trouvera aussi une poste, un cybercafé, et au petit magasin local nous aurons de quoi nous ravitailler: pain, viande congelée, et de quoi préparer du poe, un dessert typique à base de farine de manioc et de fruits (voir rubrique "< href="recettes.htm">Recettes").


 


A l'Anse Robinson

 

 

 


Le stand de tir à l'arc

 

 

 


Au lycée agricole

Nous repartons le lendemain vers le mouillage suivant, après avoir fait le tour de la baie de Cook, au milieu de laquelle est mouillée le "Paul Gauguin", un grand paquebot de croisière.
Nous allons ancrer au fond de la baie de Opunohu, quelques milles plus à l'ouest, dans l'anse de Robinson. Là, un mouillage verdoyant, très différent des précédents, nous attends. La place n'est pas grande, car il y a déjà un autre grand catamaran de charter et on s'installe "à la bermudienne", ancre à l'avant et amarres attachées aux cocotiers de la petite plage à l'arrière.
Le skipper voisin est content de voir un équipage nouveau car il est seul ici depuis quelques semaines, le bateau de charter sur lequel il travaille étant en travaux.
La baie d'Opunohu est plus sauvage que celle de Cook, avec très peu d'habitations, beaucoup de champs, des hibiscus bordent la chaussée. Avec un peu d'imagination, on se croirait presque dans notre campagne française : prairies entourées de fils barbelés, coqs et poules en pleine nature, chiens errants. L'endroit est bien abrité et la chaleur est intense dès le lever du soleil. Des pêcheurs, dans l'eau à mi-torse, ramassent leur filet, aidés par les femmes. Le lieu a l'air poissonneux.

Au fond de cette baie une route mène au Belvédère d’où on a un joli point de vue sur les deux criques. Nous y partons en balade et sur les conseils d'un habitant rencontré en chemin, nous empruntons un accès plus joli que la route, le "Sentier de Ancètres": ce chemin traverse d'abord des champs d'ananas, puis une forêt de "mape", ces arbres gigantesques aux curieux troncs côtelés et qui produisent un genre de châtaignes. Il faut toujours grimper mais nous sommes à l'ombre, à l'abri de la chaleur. Puis on longe un petit torrent pour arriver ensuite dans un site archéologique, où se trouvent des marae bien restaurés et également des stands de tir à l'arc. Nous pensions qu'il s'agissait d'une aire d'entraînement pour les guerriers, mais en fait les hommes pratiquaient ce sport pour jouer. Il était réservé aux élites: agenouillé au bord de la plate-forme, l'archer devait simplement tirer le plus loin possible.
Le cours d'eau et la forêt attirent aussi les moustiques, nombreux dans ce coin et on ne s'attardera pas longtemps devant les sites pour cette raison.

Une fois arrivés au Belvédère, situé à 1207 m, nous ne serons pas seuls : un cortège de mariage fait son apparition, avec le 4x4 des mariés joliment décoré de fleurs et la suite des invités venus pour les photos.
Après une pause panoramique, nous redescendons par la route car la marche y est moins fatigante mais certainement moins exotique aussi. A mi-parcours, on s'arrête devant le lycée agricole. Chrystèle connaissait le lieu pour y avoir déjà dégusté de succulents jus de fruits et on y vend également des confitures réalisées avec des fruits récoltés sur place: ananas, papayes, bananes, cocos, vanille... Tout fait envie ! Nous ne verrons pas les lycéens car c'est samedi. Une grosse averse nous y fait prolonger notre halte, avant de faire une visite dans les plantations de fruits et de fleurs de l'exploitation. Nous sommes tous fourbus au retour sur Mateo mais la promenade valait le coup. Une bonne nuit réparatrice nous remettra d'aplomb mais nous la préférons sans moustiques. La nuit précédente ceux-ci nous ont embêtés et nous quittons donc le mouillage en fin d'après midi pour aller retrouver l'eau turquoise du récif juste à la sortie de la baie.


 


Vaisselle à Papetoai

 

 

 


Tikis immergés

 

 

 


Une raie léopard

 

 

 


Le lagon, au nord de Moorea

Le lendemain, nous irons nous mettre au quai du petit village de Papetoai pour faire quelques courses mais aussi le plein d'eau. C'est l'heure de la messe et on entend les chants dans la petite église octogonale qui est la plus ancienne de Polynésie. Le village est sympathique, calme. Beaucoup d'enfants sont déjà dans l'eau. Il y a une poste et de quoi se ravitailler un peu. L'eau sur le quai, bien que non potable, nous donnera l'occasion d'y faire la vaisselle et la lessive.

La journée s'annonce encore chaude. Quelques centaines de mètres plus loin, à l'ouest du village, nous poserons l'ancre sur du sable, à proximité d'un beau champ de coraux que nous explorons en plongée. Olivier et Chrystèle y verront d'ailleurs leur premier requin de lagon! Le lieu est prisé car un autre catamaran s'y installe aussi. Coïncidence, son skipper, Mahi, est originaire de la Chapelle sur Erdre et fait du charter ici depuis quelques années : il a amené des clients pour l'après midi dans ce joli coin. Nous resterons pour la nuit et Olivier au petit matin décide de faire une chasse à la sole. Menu du soir : soles poêlées accompagnées de riz. Chacun en aura une pour le dîner, promis, malheureusement elles sont pleines d'arêtes !

A quelques brasses du bateau on y voit également des tikis et des roches sculptées immergés dans 2m d'eau. Que peuvent signifier ces statues dans l'eau ? Attraction touristique et œuvres d'un sculpteur local.
Moorea compte une vingtaine de sites de plongée. Les récifs coralliens sont bien préservés et la visibilité est souvent très bonne. On se régale !

Nous quittons notre mouillage le jour suivant en fin de matinée, et refaisons un bref arrêt au quai du village car les devoirs Cned de Sylvain sont terminés et nous pouvons maintenant les poster.
La prochaine passe plus à l'ouest, la passe Taotoi, est plus délicate car peu profonde et bien moins large, mais le temps est calme ce qui la rend praticable. Quelques vagues nous poussent pour entrer. Le chenal est étroit et tortueux, avec de fort courants par endroit, mais bien balisé. On arrive dans un autre coin superbe, entre la cote et 2 motus, devant la pointe Hauru. Ancrés dans 3,5m d'eau, on voit passer dans le courant des raies léopards ou armées, des requins pointe noire.
Le chenal entre les motus est un très joli spot de plongée, avec des massifs de coraux allant du jaune orangé au violet, qui hébergent de nombreux poissons de toutes espèces, bien plus gros que ceux que nous avons vus précédemment. Un matin, Joëlle va plonger avec Christèle et Olivier. Tout à coup elle prévient Olivier qu'un gros poisson le suit ! C'est un plaisir de nager avec les raies en les suivant par-dessus et en admirant leur nage majestueuse, mais c'est beaucoup moins agréable de se voir accompagner d'un barracuda d'1,50 m !

Cet endroit est aussi le plus touristique de l'île: de nombreux hôtels y sont installés dont le Club Med, mais il a fermé il y a peu et le village est désert. A partir de 10h du matin c'est un défilé de bateaux pour touristes, kayaks et autres jet-skis. Mais quand le soleil se couche, nous sommes de nouveau seuls et au calme pour voir apparaître les premières étoiles. Nous n'entendons plus que les coqs aux alentours et les chiens qui aboient. Un petit apéro pour débuter la soirée, un repas bien mitonné et voilà encore une belle journée de passée. Nous ne tardons jamais pour nous mettre au lit car avec les plongées répétées la fatigue se fait sentir !

Le lendemain nous irons faire un tour à terre: pas facile de rejoindre la route car il faut contourner le site du Club Med, entouré de grillage, et passer entre les bungalows de l'hôtel Hibiscus. Rien de très intéressant à y voir sinon des boutiques à touristes, des restaurants et un petit centre commercial.

On ne se lasse pas de s'immerger entre les motus, et on se dit que chasser un peu de poissons serait bien : les belles caranges que l'on pouvait approcher la veille se sauvent comme par hasard. Le fusil harpon les fait fuir ! Et le gros barracuda rode toujours dans les parages, alors on revient bredouille. Tant pis !


 


Apéro sur le pont supérieur

 

 

 


Le départ de Chrystèle et Olivier

Nous quittons les lieux en fin de matinée, pour faire route vers la cote Ouest. Le paysage de cette cote est plus sauvage, et des gros pitons rocheux nous rappellent les "piliers" de Oa Pou aux Marquises.
Il y a un peu plus de houle et de vent, ça bouge. On entre dans la passe Matauvu, et on mouille au sud du village de Haapiti, au bord du récif dans 2,3m sur du sable. Il y a bien quelques patates de corail mais elles sont beaucoup moins riches en poisson que dans le mouillage précédent. Olivier ne peut s'empêcher de voir comme à l'accoutumée, "sa murène".
Ce soir on prend l'apéro sur le "pont supérieur" (le roof). La nuit est étoilée et nous apprécions la "fraîcheur" de la tombée du jour.
A l'aube, nous repartons vers la côte Est en terminant notre tour de l'île par le sud. Le vent sera portant et ce sera l'occasion de monter les voiles, ce que nos invités n'avaient pas encore eu le plaisir d'apprécier, par manque de vent ou par vent contraire. Assis sur le pont face à la côte, nous regardons défiler le paysage tout en écoutant de la musique dans le cockpit. C'est un moment très agréable. On se laisse bercer par les vagues et Mateo file à bonne allure. Le soleil est au rendez-vous. C'est parfait !

Notre dernière escale sur Moorea se fera devant le motu Ahi, où des corps morts permettent aux bateaux de s'amarrer. Nous sommes donc tranquilles pour le mouillage, pas besoin de sortir l'ancre cette fois. Nous sommes le jeudi 22 décembre. Christèle et Olivier quittent le bord le lendemain car ils ont prévu d'aller passer quelques jours à Fakarava aux Tuamotu, dans la pension de Ato et Corina que nous leur avons conseillée. Déjà 10 jours qu'ils naviguent sur Mateo !
Comme nous voulions fêter Noël avec eux, nous organisons un repas amélioré. L'activité est fébrile à bord: préparation de petits cadeaux par les enfants, décoration du bateau et cuisine: Christèle confectionne une tarte au citron et aux mûres. Nous sortons de bonnes petites boîtes que nous avons encore en réserve. C'est fête ce soir !

Nous repartons en direction de Tahiti, où nous laissons nos équipiers à la marina Taina. Olivier et Chrystèle sont très contents de leur séjour à bord et nous avons aussi beaucoup apprécié leur visite (voir le récit sur leur séjour dans la rubrique "Les Copains d'à Bord").


 

 


Les Mères-Noël

 

 

 


Le marché de Papeete

 

 

 


Bon réveillon !

 

 

 


La circulation à Papeete

Puis nous allons nous amarrer à une bouée à proximité pour poursuivre notre escale à Papeete pendant quelques jours. C'est la veille de Noël, nous nous retrouvons en pleine société de consommation, à commencer par les courses chez Carrefour où l'on retrouve tout comme chez nous en cette période: huîtres, saumon fumé, foie gras, champagne. Il faut jouer des coudes pour accéder aux rayons et les allées sont envahies. On fait aussi la queue aux caisses et ça faisait bien longtemps que ça ne nous était pas arrivé.
Histoire de faire les curieux et d'aller voir les décorations de rues et de magasins, nous prenons le truck pour le centre ville. Pères et Mères Noël se promènent dans les artères, tout encapuchonnés de rouge et de blanc et les sapins synthétiques décorent les devantures et les ronds-points.
Le marché est particulièrement mis en valeur avec de multiples guirlandes qui pendent aux plafonds et des ballons de baudruches. Les vendeuses s'appliquent et prennent plaisir à faire joli.
Nous profitons des fruits et légumes à bas prix. Tout doit disparaître avant le week-end et ça vaut le coup d'y faire ses emplettes.
Dans la ville, de multiples restaurants, brasseries, snacks et roulottes sont là pour se désaltérer ou manger un morceau. Quant aux magasins, il y a le choix (tissus, perles, ameublement etc..) dont de nombreuses petites boutiques tenues par les chinois. C'est aussi le seul endroit en Polynésie où on trouve librairies et disquaires.

En règle générale, dans les magasins et marchés il ne faut jamais trop tarder à acheter une marchandise sortant de l'ordinaire quand elle se présente dans les rayons car elle ne reste pas longtemps. Quand le produit n'est plus là, il faut parfois attendre plusieurs jours ou semaines pour en retrouver à nouveau. C'est comme ça que nous avons vu une popa'a acheter en grande quantité du persil pour fabriquer du pâté. On ne sait jamais ! Sous nos yeux, le stock était donc épuisé. A quand le prochain arrivage ?

Ce soir nous faisons réveillon en famille à bord de Mateo. Malgré les prix prohibitifs on s'est quand même offert quelques folies: des huîtres de Nouvelle Zélande, du saumon fumé, du fromage de chèvre… quel plaisir de redécouvrir ces goûts que nous avions oubliés.
Avant de s'endormir, on sort des cachettes les petits paquets envoyés par les Papys et Mamies, puis nos petites surprises achetées en ville et nous les déposons dans nos "savates" comme on appelle ici les tongs. C'est Sylvain, le premier levé, qui vient nous réveiller au petit matin. Tout le monde se retrouve au pied du petit sapin dans le carré pour ouvrir ses cadeaux. Le Père Noël a été bien plus généreux que l'an dernier au milieu de l'Atlantique. Il faut dire qu'il y avait ici des magasins bien achalandés à portée de hotte : chemises et shorts tahitiens, paréo, monoï, les cadeaux sont très couleurs locales, sans compter les nombreux livres et revues offerts par les grands parents.

Pour le 25 décembre nous retournons en ville car nous avions promis aux enfants de leur offrir une séance de cinéma pour la sortie du dernier "Harry Potter". Il faut dire que la dernière séance remonte à loin !

Papeete est une grosse bourgade de plus de 100 000 habitants, soit près de la moitié de la population totale de la Polynésie qui en compte 250 000. Pour une capitale, centre du Pacifique, nous pensions voir une ville à l'architecture plus élaborée, mettant en valeur un passé riche en histoire. Musées, ou centres culturels ne sont pas nombreux.

Il n'y a pas beaucoup d'harmonie dans les constructions. On a l'impression que chacun se loge comme il peut. Cela est vrai sur le long du front de mer où l'on voit des cabanes, rapidement montées où bois, bâche et tôle s'entrecroisent pour former un abri qui restera sans nul doute définitif. Ainsi vivent quelques familles sur le lagon, à la sauvage, à quelques centaines de mètres des grands hôtels de luxe. La population est principalement concentrée sur le front de mer. Dès que l'on rentre un peu dans les terres, c'est la nature vierge.
L'habitat n'est pas vraiment une priorité ici. Parfois, l'on découvre des maisons en bois à côté de bâtiments en béton. Dans la commune de Faaa, près de l'aéroport, l'habitat est plus qu'insalubre et le gouvernement envisage d'améliorer les logements ou inciter les gens à partir.

Papeete est également une ville souvent engorgée de voitures. La circulation y est omniprésente toute la journée et ce sont des bouchons journaliers, toujours aux mêmes endroits. Avec la chaleur étouffante en plus du trafic, on a vite fait d'être fatigué ("fiu" comme ils disent par ici).


 


L'accueil au centre Ifremer

 

 

 


Le four Tahitien

 

 

 


Ma'a chez Vincent et Masha

Nous quittons la banlieue de Papeete le mardi 27 pour descendre au sud vers la presqu'île, loin de l'agitation de la grande ville. Nous mouillerons à Vairao devant le Centre Ifremer où on doit retrouver quelques connaissances. Il est 17 heures lorsque nous arrivons et le centre est fermé.

Dès 7h30 le lendemain, quelqu'un se présente sur le quai et nous fait de grands signes. C'est Nono. Prévenu de notre arrivée, il nous avait adressé un mail dans lequel il se proposait de nous accueillir ! C'est avec un grand plaisir qu'il nous emmènera faire le tour des bâtiments et qu'il nous offrira plus tard un sac de fruits de son jardin. C'est l'hospitalité polynésienne !

Ce sont les retrouvailles pour Dominique avec des collègues popa'a (expatriés), mais le personnel est peu nombreux en cette période de vacances de Noël. Cathy, une collègue de la Trinité-sur-Mer, arrivée ici il y a quelques mois avec sa famille nous attendait aussi.
Le secrétaire général, Daniel, un ancien nantais, nous fait également les honneurs de la bienvenue : pour nous faciliter les accès d'entrée et de sortie du centre, il nous met à disposition une carte et des commodités, grandement appréciées des gens de voyage comme nous : possibilité d'utiliser la machine à laver, les douches et sanitaires et Dominique peut également profiter d'internet. Nous bénéficions du quai avec eau et électricité dans le cas où l'on aurait des travaux à effectuer et dans la bibliothèque du CE, les enfants peuvent se gaver de BD et nous, parents, lire des livres sur la culture polynésienne très riche et variée selon les archipels, Marquises,Tuamotu, Australes…

Chrystèle et Olivier reviennent de leur escapade aux Tuamotu et nous avons prévu de nous revoir avant qu'ils ne prennent l'avion pour la France.
Nous sommes donc invités chez leurs amis de Papeete pour fêter ce départ. Pour l'occasion, un four polynésien, un ahimaa, a été préparé par Laurent et le papa de Marsha: dès le matin, aidés d'Olivier, ils ont creusé un trou dans le jardin, puis allumé un feu sur lequel ils ont posé un lit de gros galets. Quelques heures après, une fois ceux-ci devenus brûlants, la nourriture y est installée: un demi cochon, des bananes, du fruit à pain, du tarot, des marmites de légumes, fafa et choux. Le tout est recouvert de feuilles de bananier, puis de terre et cuit ainsi à l'étouffée. Heureusement que le temps était beau !
Nous nous régalons de cette spécialité qui donne une saveur particulière aux aliments, arrosés de lait de coco et mangés à la polynésienne, c'est-à-dire avec les doigts.

Comme nous sommes loin du bateau, nous dormons chez Marsha et Laurent. C'est d'ailleurs plus prudent car la nuit la route n'est pas facile et tortueuse et on peut se trouver nez à nez avec des gens un peu titubants, en plein milieu de la route, ou alors rencontrer des vélos à contre sens, qui ne sont ni éclairés ni signalisés.

La nuit sera très courte, car à 5 h Laurent nous réveille. Chrystèle et Olivier doivent partir à 6h à l'aéroport et nous, nous regagnons Taravao, au sud de l'île, en longeant la cote est. Nous ferons une halte au "Trou du Souffleur", où la mer s'engouffre en faisant des jets de vapeur, puis ce sera une petite promenade aux 3 Cascades: un joli site où en quelques centaines de mètres se déversent 3 grandes chutes d'eau.


 

 


Le Nouvel An chez Cathy et Didier

 

 

 

 


La fête chez Nono

C'est chez Cathy et Didier que nous nous retrouvons, pour fêter le réveillon du 1er de l'an en compagnie de "Bloomdido" (équipage de bateau et aussi copains de Didier) et de "Hinano", équipage d'un catamaran dont nous avions déjà entendu parler par d'autres personnes sans le connaître. Au menu, gigot au barbecue. Les desserts seront préparés par les enfants. Nous passerons la soirée à discuter, danser un peu et les enfants à se régaler de jeux dans la piscine et à lire des BD. La soirée se terminera autour de la piscine par un petit feu d'artifice, comme le font de nombreux polynésiens. Ca pétarade aussi beaucoup aux environs.

1er Janvier 2006 : Iaorana i te matahiti api ! (bonne année à tous !)
Nono et Estelle, avec leur petite fille Manarani nous ont invité dans leur famille. Nous finirons cette série de fêtes chez eux. C'est une tradition de réunir famille et amis le premier janvier en Polynésie, et ce sont 60 personnes qui se retrouvent dans leur jardin à partir de 13h.
En France on dit qu'on met "les petits plats dans les grands", mais ici les plats sont géants: un cochon et un veau tournent sur la broche, sans compter le poisson cru au lait de coco, et le traditionnel "fafaru", des crevettes ou des morceaux de poisson marinés dans de l'eau de mer fermentée, ce qui leur donne un goût très spécial pour nos palais européens: cette spécialité n'est guère appréciée des popa'a car le goût et l'odeur surtout rappelle le "vomi" mais à cela, les polynésiens nous répliquent que ce n'est pas pire que notre camembert bien fait ! Le tout est accompagné par des légumes variés: tarot, fruit à pain, haricots blancs, riz et semoule…. Tous les plats sont disposés sur la grande table et chacun se sert à volonté, tandis que la Hinano, la bière locale en bouteilles de 50 cl, coule à flot. Sans oublier le vin, le whisky, les magnums de champagne….
Des musiciens, copains de Nono, sont de la fête, et on danse tout l'après-midi et la soirée au son des airs locaux ou de chansons connues. La danse est vraiment un art ici, un mouvement du corps entier, accompagné de mimiques et de jeux de mains, de bassin et de jambes, incompréhensibles pour nous, mais qui font rire l'assistance. D'ailleurs le rire fait partie de la vie et tout est prétexte à plaisanter. Quant au langage gestuel, il est très présent et il est fréquent de voir les gens hausser les sourcils en signe d'acquiescement.
Nous nous lançons dans quelques danses, mais nos pas sont bien lourds à coté de ceux des polynésiens !
Après cette journée très sympathique nous rentrons au bateau pour récupérer. Merci à Nono et à sa famille de nous avoir fait partager ce moment de leur vie.

La semaine suivante est plus calme, il faut bien récupérer. Bricolages, école, lessives, ménage…rythment les journées. Les invitations chez les collègues se poursuivent. Un soir ce sera chez Daniel, pour un excellent chapon farci. Daniel et Brigitte ont des enfants du même âge que les nôtres et Victor, leur aîné, invite les garçons à revenir pour une partie de pêche.


 


Cathy et Didier sur Mateo

 

 

 


A l'entrée de la grotte de Vaipori

 

 

 


Nono fait cuire les urus

 

 

 


Sylvain sur le Va'a

Ce dimanche, nous invitons Cathy, Didier et leurs enfants à une petite sortie sur Mateo. Nous levons l'ancre pour un tour vers le sud de la presqu'île, d'abord par le chenal balisé derrière le récif, puis nous sortons du lagon pour aller vers une autre passe qui nous conduit au lagon suivant. Le coin est peu peuplé car la route s'arrête plus haut et on ne peut venir ici qu'à pied ou en bateau. Les montagnes abruptes en arrière plan rappellent les Marquises. Nous mouillons près du récif, mais l'eau n'est pas turquoise mais plutôt verte. Les enfants passent un bon moment à sauter dans l'eau du haut de la dérive, le point "culminant" qu'ils ont trouvé sur Mateo.

Dans la semaine, nous démontons la grand-voile pour la porter à Michel, à la voilerie de Port-Phaeton, dans la marina de Taravao. En fait, "marina" est un bien grand mot pour seulement deux pontons, quelques hangars, un magasin d'accastillage presque vide, et un bar restaurant. On ne peut pas dire que les ressources pour la plaisance soient très développées sur Tahiti, et cela ne pousse pas les voyageurs à venir jusqu'ici.

Mateo a un air tout triste sans sa voile. Les lattes ont aussi besoin de réfection, ce qui sera fait à l'aide de résine et de tissu de verre mais il y aura également des travaux d'électricité, pour installer des prises 12v dans les cabines et le cockpit, ainsi qu'un disjoncteur pour le guindeau.

A Taravao, nous prévoyons d'acheter nos billets de retour de Nouvelle-Calédonie: 6 mois avant il est temps d'y penser si l'on veut profiter de bons tarifs. Après quelques consultations sur Internet, nous allons voir l'agence de voyage qui nous trouve des prix plus intéressants que ce à quoi on s'attendait: 1000 euros environ le billet en retour simple. Nous partirons donc de Nouméa le 12 juillet prochain pour arriver à Paris le 13 au matin.

Le week-end pointe son nez à l'horizon. Nono nous invite avec René, un autre collègue et ami, pour une sortie avec leurs familles.
Nous retournerons dans le même endroit que le dimanche précédent mais en bateau à moteur cette fois ci, et il n'y a pas besoin de sortir du lagon car on peut emprunter un petit chenal au milieu du récif.
Nous remonterons une petite rivière pour aller, après une courte marche, visiter la grotte de Vaipoiri, un grand lavatube, un tunnel dans la roche. Pour aller explorer celle-ci jusqu'au fond, on est obligé de nager dans de l'eau froide, et surtout, dans le noir. L'endroit est surprenant, ça résonne, on se fait peur. Une légende raconte que dans l'ancien temps cette grotte était habitée par deux dragons. Un jeune polynésien les avait combattus pour y cacher sa bien-aimée.

Notre petite baignade finie, nous quitterons les lieux pour une plage proche, près d'une petite maison de week-end. Plusieurs familles y sont déjà installées dont une cousine de Nono. Pour le déjeuner, nous mangerons des urus, des fruits de l'arbre à pain, que Nono prend plaisir à cuire dans un grand feu. Il faut attendre que la carapace soit bien noircie puis les éplucher sans mettre de cendre sur la chair, ce dont nous nous sortirons plutôt bien. Cette cuisson donne au fruit un bon goût de fumé, et c'est encore meilleur accompagné de "punupuatoro", du corned-beef longuement mijoté avec des oignons et des haricots. Joëlle a fait un gâteau à la banane qui est très apprécié.
Après le repas, les "tane" (les hommes) discutent pêche et pirogues en buvant des "Hinano" dont la grande glacière est pleine, pendant que les "vahiné" (les femmes) poussent des éclats de rire sonores en se racontant des blagues ou en se trempant dans l'eau, avec souvent une bière à la main.
Nadia, la femme de René, nous propose une grande promenade le long de la rivière, dans la forêt de mape. Thierry, lui, nous invite pour une partie de pétanque qui clôturera l'après-midi. On le surnomme le "shaper" car il construit des "va'a", des pirogues à balancier de courses, et il est réputé pour la qualité et les bons résultats de ses modèles dans les compétitions. Son atelier de construction se trouve juste à coté d'Ifremer et nous irons faire un tour. Un jour, nous essayons nous aussi un "va'a F 1", une pirogue à une place, empruntée au CE Ifremer. C'est très léger et facile à faire avancer mais lorsqu'il faut tourner, c'est facile de chavirer, ce que nous ferons chacun notre tour, Florian, Sylvain et moi. Joëlle a préféré s'abstenir de cette baignade.

Au retour sur Mateo, nous en profitons pour faire visiter notre bateau à tout ce petit monde.
Ce dimanche fut une journée polynésienne vraiment très sympathique.



 

 


Le kayak des Mateo

 

 

 

 


La fête à l'Ifremer

 

 

 

 


Nadia sur Mateo

 

 

 


Visite du centre Ifremer

Dans le journal gratuit local "Paru Vendu", nous avons lu une petite annonce "A vendre kayak en plastique rotomoulé" fabriqué ici à Tahiti à l'usine Rotopol. L'affaire est conclue par téléphone et nous nous retrouvons avec un kayak bleu, une nouvelle embarcation sur Mateo en plus de l'annexe gonflable. Les enfants en rêvaient depuis un moment, pour en avoir vu sur d'autres bateaux aux Antilles, en avoir essayé aux Galápagos, et consultaient avec assiduité le catalogue du fabriquant pour comparer les modèles. Ce petit bateau léger et pas fragile est idéal pour explorer les récifs peu profonds, les petites baies et embouchures de rivières, et pour faire un peu d'exercice.

C'est mi-janvier et il y a pénurie de pommes de terre en ce moment sur Tahiti: depuis quelques temps les importations sont bloquées pour écouler la production locale des Iles Australes. Mais le stock, suite à un problème de conservation ne s'avère pas suffisant. Il faudra quand même attendre le 23 janvier, date officielle de reprise des importations pour que les magasins soient de nouveau approvisionnés! Ce genre de situation, digne d'un autre age, illustre certains fonctionnements du Territoire.
En ce moment, grèves et manifestations se multiplient. Le gouvernement en place depuis quelques mois, à tendance indépendantiste, a un peu de mal à contrôler la situation entre les promesses électorales, les contraintes du pouvoir et les réformes nécessaires. D'autant que les compétences ne sont pas toujours à la hauteur, et que le copinage et les histoires de famille n'arrangent rien.

Vendredi 20 janvier, c'est le repas de "Fin d'année" au centre Ifremer, et nous y s ommes invités. Un chapiteau est dressé devant la cafétéria. En prologue, nous écoutons les vœux enregistrés du PDG parisien, puis ceux du directeur du Centre. Une grande tablée présente de délicieux plats locaux cuits au four tahitien et que nous avions déjà goûtés chez Laurent et Marscha : poisson cru mariné au lait de coco, plusieurs sortes de bananes, choux, cochon, et bien sur le "fafaru". Tout l'après midi sera consacrée aux bavardages et à la danse jusqu'au soir, avec le même orchestre que chez Nono.

Durant le week-end, Nathalie et Eric nous proposent un barbecue chez eux. Nathalie travaille depuis près de 4 ans au Centre de Tahiti et dirige le laboratoire de pathologie. Ils envisagent à la fin de leur contrat de rentrer en France en bateau et sont en train de chercher à en acquérir un. Le prix des voiliers d'occasion est ici plus intéressant qu'en France car beaucoup de gens de voyage arrivés ici n'envisagent guère de continuer lorsqu'ils ont trouvé du travail en Polynésie.

Un autre soir c'est chez Herlé et sa femme Florence que nous allons goûter un sashimi: du thon cru coupé en fines lamelles que nous mangeons accompagné de légumes crus, choux, carottes, tomates, de riz et de sauce chinoise (voir rubrique "Recettes"). C'est un vrai délice de manger du poisson frais de cette façon.

A notre tour, nous accueillons Nono, René et leurs familles pour un repas à bord de Mateo. "Une expérience" pour Nadia, la femme de René, et Estelle, celle de Nono qui n'est pas très à l'aise sur le bateau par peur d'être malade. Ils n'arrivent pas les mains vides: du poisson cru avec le riz et la sauce chinoise, et bien sur la glacière de Hinano.
La soirée est très sympa, les enfants jouent avec Hei Vini et Hei Meho, les deux garçons de René, et Manarani, la petite fille de Nono et Estelle, explore le bateau.
Avant de partir, ils nous font de superbes et sympathiques cadeaux; chemises à fleurs pour les hommes et un très joli pareo pour Joëlle.

Un samedi, on se retrouve avec l'équipage de "Bloomdido", chez Cathy et Didier. Le soir même un concert de rock est donné au bar de la marina de Port-Phaeton, "le Safran". Nous décidons de nous offrir cette soirée, sans enfant, pour une fois, et partons tous les 6 adultes au concert. Le public est en majorité constitué d'expatriés français. Un petit coin du bar sert de piste de danse, et nous nous débrouillons mieux que pour les danses polynésiennes.
Le lendemain, ce sont Eric et Nathalie qui viennent nous rejoindre à bord de Mateo. Encore un week-end bien rempli.

Cathy nous a prévu une visite des installations de l'Ifremer. Nous pouvons découvrir ainsi les salles d'élevages, de reproduction des nacres, la salle d'algues, les différents laboratoires et les bassins et cages à l'extérieur. Les enfants suivent les explications de notre guide avec intérêt. Les programmes portent sur l'amélioration des conditions de reproduction et de culture, sur la connaissance des facteurs influençant la qualité des perles et sur les maladies pouvant toucher les nacres.
D'autre part, des essais d'aquaculture sur deux espèces locales de poissons sont aussi tentés. Ils donnent des résultats encourageants.


 


Le Lagon de Vairao

 

 

 

 


Nono et Estelle à bord

 

 

 

 


Le départ du centre Ifremer

Voilà déjà près d'un mois que nous sommes ancrés devant l'Ifremer et il va falloir songer à partir !
Les semaines passent tranquillement: petit tour en kayak après le petit déjeuner quand il fait beau, les cours des enfants, bricolages à bord, travaux de couture pour Joëlle qui a emprunté la machine de Nathalie. En fin d'après midi on débarque prendre une douche à Ifremer, et on rentre pour le repas.
Parfois nous empruntons la voiture de Nathalie pour aller faire un tour à la Poste de Taravao. Le colis des cours du second semestre de Florian est parti de France le 9 janvier et n'est toujours pas arrivé 3 semaines plus tard. Nous en profitons aussi pour refaire les pleins alimentaires au supermarché Champion bien achalandé.
C'est vendredi 3 février: le colis tant attendu est arrivé ! Nous pouvons nous préparer à partir lundi.

Sachant cela, vendredi après-midi, Nono vient nous chercher pour une petite partie de pêche à la bonite, avec Ernest un autre collègue. Après avoir parcouru une bonne partie de la baie, nous rentrons bredouille. La mer était calme, mais il y avait peu d'oiseaux, signes de bancs de poissons. Même autour du DCP (dispositif de concentration des poissons), rien n'est venu se prendre à nos lignes.

Le lendemain, en rentrant d'une balade en mer, Nono, René, Estelle, Nadia et les enfants viennent nous rendre une dernière visite sur Mateo. En repartant, Hei Meho s'accroche malencontreusement un gros hameçon dans le ventre, et doit aller aux urgences. Heureusement plus de peur que de mal, ce n'était pas trop grave.

Dernière soirée à bord le dimanche avec Cathy, Didier, Nathalie et Eric. Nathalie nous décore pour l'occasion de colliers de coquillages. Lundi matin, nous remontons l'ancre et allons accoster au quai de l'Ifremer pour les derniers préparatifs et saluer les collègues. Le départ est émouvant, Nono et René viennent nous passer de superbes colliers de coquillages autour du cou, comme le veut la tradition polynésienne.

Maururu roa (merci beaucoup) à tous pour tous ces bons moments passés avec vous !


Nous retournons à notre mouillage précédent près de Papeete, sur une bouée au nord de la marina Taina. Nous passerons la soirée sur Vega, un bateau voisin, dont l'équipage retraité vit ici depuis quelques années. Ils viennent de rentrer d'un voyage en avion à l'Ile de Pâques dont ils nous montrent les photos. De Tahiti, les vols sont directs pour cette île magique où il est difficile d'aller en bateau.

Nous faisons quelques dernières courses en ville: des livres, de jolis tissus polynésiens, un peu d'accastillage. Lorsqu'on veut bricoler un bateau ici, il vaut mieux avoir son matériel car tout est hors de prix: pour une petite poulie, 2 mousquetons, 10m de drisse de 8mm et une cartouche de mastic, on se retrouve avec une facture de 80 euros! Et pourtant la Nouvelle-Zélande ou les USA, deux pays où le marché de la plaisance est bien développé, ne sont pas si loin que ça.

Avant de quitter Tahiti, il nous faut aussi passer à la Douane et à l'Immigration pour faire les papiers de sortie, comme si on quittait la Polynésie.

Le 10 février en fin d'après midi, nous larguons notre bouée et faisons route vers les Iles-sous-le-Vent, en direction de Huahiné la plus proche.


              


  Les Iles-Sous-Le-Vent

(10 février 2006 - 7 avril 2006)

 

 


Arrivée sur Huahine

Une nuit très tranquille sous un magnifique clair de lune, mer belle, vent faible, nous amène au petit matin en vue de Huahine. C'est la plus à l'Est des Iles-sous-le Vent, la moins touristique, la moins visitée par les bateaux de location. Nous abordons la côte Est et entrons par la passe Farerea. Nous retrouvons des couleurs et des paysages du lagon que nous n'avions pas vus sur Tahiti.

Huahine veut dire femme enceinte en tahitien car le mont Tavaira qui domine l'île fait penser à une femme allongée avec un ventre arrondi. Huahine est formée de 2 îles ceinturées par le même lagon, et reliées par un pont : au nord, Huahine Nui plus grande et plus peuplée, et au sud Huahine Iti moins développée. Selon une légende polynésienne, Huahine aurait été créée par le dieu Hiro qui laboura l'île avec sa puissante pirogue, laissant d'un côté la "grande Huahine" et de l'autre la "petite Huahine".

Nous allons mouiller à l'abri du motu Muri Mahora, dans une grande étendue de sable où nous savons que notre ancre se plantera bien. Ce grand motu est divisé en parcelles qui servent à la culture de tiarés, de nonis, de pastèques, et des pirogues viennent de l'île d'en face pour y amener les travailleurs. Nous retrouvons nos mouillages solitaires, comme aux Tuamotus.
C'est le retour du beau temps mais aussi de la chaleur. En plus, l'endroit est super abrité alors les nuits sont parfois un peu incommodantes et les moustiques nous réveillent souvent.
Nous nous promènerons dans le village de Tefarerii ("la Maison des Rois"). C'est dimanche, les jeunes jouent au volley ou au foot pendant que les adultes discutent. Tout le monde nous salue, il ne doit pas y avoir beaucoup de touristes à s'arrêter ici. La vie est simple, et les gens semblent aussi moins riches que sur Tahiti.


 

 


La maison du potier sur le lagon

 

 

 

 

 


Les anguilles sacrées

 

 

 

 

 


Piège à poisson à Maeva

Après avoir contourné la baie Maroe, nous repartons vers celle juste au nord, la baie Faie. Florian et Sylvain vont d'abord explorer en annexe le petit passage dans le récif communiquant entre les deux baies, une sorte de raccourci, mais il est trop peu profond pour Mateo, il faut donc passer par l'extérieur et faire le grand tour. Nous ancrons derrière un petit motu à l'entrée nord de l'anse. Tout est vraiment très calme, tellement calme qu'on y entend les gens parler, les enfants rire et la musique sortir des radios.
En plein milieu du lagon, une maison sur pilotis, construite sur un petit récif, attire le regard. Tout en matériaux naturels, bambou, palmes tressées, recouverte de nacres, c'est en fait une boutique construite par un américain arrivé là il y a 30 ans. Il y vend ses poteries originales fabriquées avec de l'argile qu'il fait venir de Nouvelle-Zélande et dont le bleu profond est à base de vase du lagon. Le rendu des tons bleu et marron est joli à l'œil, encore plus quand la poterie est décorée de motifs polynésiens. Ces dessins gravés nous rappellent beaucoup l'artisanat marquisien. Avec les perles de sa petite ferme, il réalise également des bijoux mais les prix sont vraiment excessifs. On se contentera de dévorer des yeux ces joyaux ! Une pirogue à moteur fait régulièrement la navette vers la petite marina sur l'île pour aller chercher les clients.
Un peu plus loin se dresse une deuxième maison sur pilotis, juste au bord du motu, c'est l'habitation du potier. Moi qui rêverais de vivre ainsi au milieu de l'eau, ça fait vraiment envie.

Le soir, la nuît arrive tout en douceur. Des feux s'allument en bordure de l'île en prévention des moustiques et les foyers s'éclairent. Les polynésiens ne peuvent dormir sans lumière la nuit car c'est grâce à elle qu'ils tiendront à distance les tupapau, ces esprits, fantômes des ancêtres.
Nous débarquons le lendemain pour visiter le village tout au fond de la baie: seulement quelques dizaines de maisons, une minuscule boutique, c'est vraiment très tranquille. L'attraction locale, ce sont la dizaine de grosses anguilles "sacrées" qui vivent dans la rivière devant le magasin, et que les touristes viennent nourrir de pain et de miettes de thon. Les anguilles incarnent les esprits des anciens. On ne les touche donc pas et on ne peut que leur souhaiter longue vie !

Nous décidons de remonter avec notre annexe pneumatique un petit bras de mer qui mène au village de Maeva et qui se prolonge sur un lac d'où nous débarquons. C'est là aussi que se trouve le plus grand site archéologique de Polynésie: une trentaine de marae, bien restaurés, et quelques reconstitutions de fare. Cette densité de marae permet de penser que cet endroit fut principalement habité par des familles royales. Les marae sont généralement consacrés à des dieux qu'on y honore : dieu de la guerre, dieu de la pêche… et des panneaux explicatifs montrent l'activité intense qu'il pouvait y avoir à cette époque.

Une autre particularité de ce petit cours d'eau ce sont les pièges à poissons fabriqués en pierres, anciens et toujours utilisés. Ils barrent en grande partie la rivière et il faut zigzaguer entre eux pour arriver à Maeva. Il n'y a parfois que 20 à 30 cm d'eau sous l'annexe. Heureusement une barque de gens du pays nous fait signe de les suivre. Tout doucement et prudemment nous naviguons en rasant d'un coté les pièges à poissons mais aussi les fares (maisons) construits les pieds dans l'eau et d'où les mamas regardent les allées et venues du bord de leur fenêtre.
A l'unique boutique du village nous ferons quelques courses avant de revenir au bateau. Dans ce genre de kiosque, on y trouve surtout des produits emballés, des conserves et du pain mais rares sont les légumes ou les fruits que les gens cultivent eux-mêmes pour leur propre consommation. Sur le retour, nous nous amarrerons au ponton de l'ex-hôtel Sofitel pour s'offrir des plongeons dans l'eau turquoise qui borde les bungalows. Personne ne nous dit rien et pour cause: ce complexe est fermé depuis peu et il est désert. Il est étonnant de voir qu'un si beau cadre reste ainsi à l'abandon !


 

 


La rue principale de Fare

 

 

 

 

 


Pêche de nuit à Fare

 

 

 

 

 


Vue sur le port de Fare

Nous reprenons notre navigation pour contourner par le nord l'ile de Huahine et aller mouiller sur le grand récif devant la capitale de l'île : Fare. Notre cabotage aura été agité par un gros grain qui nous tombe dessus. Seulement 3 bateaux sont ancrés là. Face au mouillage, on aperçoit au loin les îles de Raïatea et de Tahaa.
Fare est un petit bourg animé avec un petit marché, des mamas qui vendent en petite quantité leur production, des commerces, quelques restaurants, un quai qui accueille navettes de passagers et caboteurs de ravitaillement. Nous y changerons notre bouteille de gaz. Dans un pneumatique, ce n'est pas idéal pour le transport ! Les polynésiens ont cette habitude de principalement tout transporter par bateau. C'est plus pratique, plus rapide aussi. C'est ainsi qu'à Maeva, nous avons vu un congélateur dans une barque et quelques meubles avec.

On trouve à Fare un grand nombre de boutiques de souvenirs et de produits artisanaux (poteries, bijoux, paréos aux couleurs éclatantes). Il y a plus d'allées et venues : l'aéroport n'est pas loin, les pensions de famille aussi. On y sent la présence touristique et l'accueil n'est pas le même que sur la cote Est. L'activité touristique a cependant baissé sur Huahine car depuis quelques années de grands hôtels comme le Sofitel, le Bali Haï ferment. Les bâtiments restent à l'abandon et rien n'est fait pour inciter les investisseurs à nettoyer le terrain quand l'activité s'arrête. Dommage pour l'environnement ! Pour relancer le tourisme, un projet de golf est en cours dans le sud de l'île.

Après quelques jours de grand beau, le mauvais temps revient. Mateo passe des heures sous la pluie. C'est bon pour remplir les bidons et le réservoir mais uniquement pour ça ! Les garçons s'occupent comme ils peuvent entre le CNED et les jeux. Un soir ils se mettent à pêcher du bateau car ils ont vu que là où nous étions, il y avait du courant et nous ne sommes pas loin de la passe non plus donc beaucoup de passage de poissons. La ligne à peine mise à l'eau accroche un premier poisson. Au bout d'un quart d'heure, c'est une dizaine de petites perches qui atterrissent dans le seau ! Ils sont fiers les moussaillons ! Il n'y a pas de problème de ciguatera dans les Iles-sous-le-Vent, on peut donc les manger sans crainte.

La pluie ayant cessé, nous continuons à explorer Huahine et nous longeons la côte ouest pour mouiller tout au sud, devant la grande plage de la baie d'Avea. De toute façon on ne peut pas aller plus loin car le lagon n'est plus assez profond pour notre cata. On ancre donc dans 2m d'eau d'un beau bleu turquoise et dans une très grande étendue de sable blanc. Quelques pensions et restaurants bordent la plage où s'étendent quelques touristes bien pâles.
Que le lagon est lumineux avec ses dégradés de bleu limpide, bleu vert, bleu turquoise et bleu foncé ! Sous un ciel gris ou bleu nuit d'un côté et le soleil de l'autre, les nuances sont encore plus intenses ! C'est magnifique !
Le lendemain, nous entamons une jolie balade à pied jusqu'au village de Para, au-delà de la pointe sud. Un grand marae se tient au bord de la plage, le hameau est paisible. De jolies propriétés bien entretenues, un petit camping, même l'herbe des cocoteraies est bien tondu.

Puisque le lagon s'arrête là pour Mateo, nous faisons demi-tour et remontons en direction de Fare mais nous ne ferons pas route directe. En parcours, nous nous arrêtons devant une sympathique petite plage située au sud de la baie de Boureyne. Entourée de falaises, l'endroit est très sauvage car inaccessible sauf par un chemin. Celui-ci grimpe dans la végétation touffue et, d'en haut, la vue est superbe sur le lagon et les baies environnantes. Tout au long de notre jolie promenade, nous en profitons pour faire une belle cueillette de papayes, de mangues, de citrons et de caramboles. C'est un plaisir d'aller chercher soi-même ses fruits dans l'arbre !
La soirée se présente bien : calme plat, on écoute la nature et on commence à savourer la "fraîcheur" du soir. Nous préparons le dîner sur fond musical. Nous sommes seuls dans ce superbe endroit …mais voilà que tout d'un coup surgissent d'on ne sait où deux zodiacs de militaires. Ils débarquent sur "notre" plage, sans doute pour une manœuvre de nuit. On dirait qu'ils jouent à la petite guerre, tout barbouillés de noir. Florian et Sylvain se demandent bien ce qui se passe et regardent discrètement par les hublots.
Heureusement le calme revient ensuite et la plage retrouve sa tranquillité.

Ce sont des kilomètres de sable recouvert d'à peine 2m d'eau turquoise que nous longeons en remontant vers la passe de sortie. Beaucoup de bateaux ne peuvent le faire par manque de profondeur, mais avec un catamaran comme Mateo ou un dériveur, c'est possible de s'ancrer dans ces étendues désertes. On pourrait faire beaucoup d'autres jolis mouillages le long de cette côte, mais si on veut aussi avoir le temps de profiter des îles voisines, il ne faut pas traîner. Les pages du calendrier défilent trop vite !


 

 


L'entrée dans le lagon, à Tahaa

 

 

 

 

 


L'Hibiscus

 

 

 

 

 


Au Jardin de Corail

 

 

 

 

 


Au Jardin de Corail

 

 

 

 

 


Au Jardin de Corail

 

 

 

 

 


Le Taravana Yacht-club

Nous faisons quelques courses à Fare avant de quitter Huahine, puis nous traversons plein vent arrière vers Tahaa que l'on aperçoit devant nous. Seulement une vingtaine de milles à parcourir pour arriver en fin d'après-midi avant le coucher du soleil. Nous nous installons sur le récif juste au nord de la passe devant le motu Seran: un joli mouillage de sable et eau turquoise là aussi. L'alizé souffle de façon soutenue et le lieu est bien ventilé.
Trois autres voiliers seulement sont ancrés dans ce coin, et pourtant le vaste lagon qui entoure les deux îles jumelles de Taha et Raiatea forme un beau plan d'eau de navigation. Malgré la présence de quelques sociétés de location et de charter, la plaisance est ici beaucoup moins développée que dans les Caraibes.

Nous avons un bonjour à transmettre à Léo et Lolita de la part de Françoise, une copine qui a travaillé ici comme professeur au collège il y a quelques années. Après un petit bain, nous déménagerons donc le lendemain pour aller leur rendre visite. Ils tiennent la pension-restaurant Hibiscus, qu'ils ont créée il y a 18 ans, et mettent des corps-morts à la disposition des bateaux de passage pour s'amarrer devant chez eux. Nous seront accueillis chaleureusement.
Léo nous explique qu'en plus du restaurant, il a créé une association, la Fondation Hibiscus, pour protéger les tortues polynésiennes. Malgré l'interdiction en vigueur depuis 1990, beaucoup de Polynésiens continuent à consommer des tortues prises par hasard dans les pièges à poissons ou par braconnage (voir la rubrique "Coup d'œil sur l'Environnement"). D'ailleurs, mais nous l'avons su qu'après, nous en avons consommé nous-même lors d'une fête à Tahiti.
Vers 8h, un des fils de Léo vient, comme tous les matins, nourrir les tortues. Il n'y en a que 2 en ce moment dans les parcs, les autres ont été relâchées après avoir été baguées il y a 2 semaines. Ce sont environ une centaine de tortues qui sont ainsi sauvées chaque année par la Fondation. Le press-book que nous tend Léo en dit long sur sa volonté d'agir en faveur de l'environnement: articles de journaux, photos, rencontres avec des personnalités politiques, courriers en tout genre.

Après le repas des tortues, les enfants retournent à bord pour faire leurs devoirs et nous, nous partons en balade tous les deux. Ici, comme aux Marquises, pas besoin de lever le pouce pour faire du stop, les voitures s'arrêtent lorsque les gens nous voient marcher sur le bord de la route. Une mamie d'origine guadeloupéenne nous prend jusqu'au village de Haamene, puis nous marchons pendant quelques kilomètres pour traverser l'île d'est en ouest, jusqu'au village de Tiva. Au retour, nous avions envie de faire un bout de chemin à pied mais 3 véhicules s'arrêtent successivement pour nous prendre: au troisième on abandonne et on monte, d'ailleurs ce sont les fils de Léo qui rentrent à la pension Hibiscus.

Nous quittons Léo et Lolita pour mouiller plus au nord-est. Tahaa est la seule île de l'archipel de la Société dont on peut faire le tour en restant à l'intérieur du lagon. Ancrés dans le sable derrière les motus qui bordent le récif, c'est encore un coin bien agréable. Entre ces îlots, on va faire une balade au dessus du corail dans 1m d'eau. Pas beaucoup de variétés ni de couleurs, mais le corail est plus vivant que sur Huahine. Il n'est pas rare de voir des familles polynésiennes venir sur un motu pour le pique-nique du dimanche. C'est le cas ici où un petit abri a été construit. Quelques-uns de ces îlots abritent aussi une petite pension, mais l'espace demeure en grande partie désert.

C'est au nord-ouest de l'île que nous partons ensuite pour un nouveau mouillage sur le récif. Durant le parcours on croise le "Paul Gauguin", paquebot de croisière, qui débarque sa cargaison de touristes sur un des motus.
Mais le mouillage convoité est agité, et rempli de têtes de corail. Nous nous rabattons sur la côte en face, dans la petite marina de Tapuamu, où il y a tout juste la place pour Mateo au milieu des bateaux locaux et des navettes touristiques des hôtels sur les motus. Emplacement et eau gratuits, on n'est pas habitué à cela chez nous. Nous sommes le seul voilier et l'on ne passe pas inaperçu. La route passe à quelques mètres et nous voyons défiler devant nous les pick up, camions, voitures, motos et des scooters jusque tard le soir …. On avait perdu l'habitude de ces bruits, comme de ceux des poules, des chiens. Nous y restons juste pour une nuit, le temps de faire les pleins d'eau et de gazole.

C'est près des bungalows du grand hôtel Private Island, un hôtel de grand luxe à 1000 euros par nuit le bungalow, que nous passerons notre prochaine nuit. Le mouillage est bizarrement agité dans la journée par un clapot formé par vent et courant, qui se calme le soir et réapparaît vers 10h du matin.

Entre les motus Tautau et Maharare à coté de l'hôtel, se trouve le Jardin de Corail: ce lieu de tourisme subaquatique est magnifique. Sur environ 200 mètres, on se laisse porter par un fort courant qui s'intensifie entre les deux îlots: au départ, on freine des pieds ou des palmes pour rester maître de ses mouvements et puis, petit à petit, on se laisse aller par ce courant en "survolant" la faune et la flore. Nous nous faufilons ainsi au milieu d'une grande variété de coraux violet, orange, jaune, brun.. des anémones et des poissons magnifiques. Ceux-ci sont si familiers qu'ils viennent à portée de main, nous suivent, et posent même devant l'objectif. C'est tellement beau qu'on y retourne une deuxième fois: un tour gratuit comme à la foire! Attention aux oursins, très gros, noirs et piquants ! Avez-vous vu ce poisson clown qui nous attend pour une visite guidée ? Nous nageons dans le monde de Némo. On ne se lasserait pas de déambuler ainsi dans ce jardin sous-marin mais il commence à faire frais. Voici plus de 3 heures que nous pataugeons dans l'eau, et le soleil commence à décliner.

Le lendemain matin, Dominique décide de faire une balade en kayak derrière le motu. Il s'arrête discuter avec un groupe de polynésiens, accompagnés d'un géomètre venu de Papeete. Ils sont en train de faire le partage de l'îlot, une moitié étant propriété de l'hôtel de luxe, le reste étant partagé entre 10 familles propriétaires. Avec la venue au pouvoir du gouvernement indépendantiste d'Oscar Temaru, les problèmes fonciers ont pris de l'importance en Polynésie. Certains locaux veulent récupérer des terrains familiaux cédés plus ou moins légalement à des popa'as (étrangers). Un cadastre est en train de se mettre en place, pas facilement, car beaucoup de choses ont été faites sans papiers, et les régimes de propriété ancestraux étaient familiaux et non individuels.

Notre prochaine escale se situe à la pointe sud-ouest de l'île sur une des bouées de Marina Iti. En fait l'endroit vient de changer de propriétaire et s'appelle maintenant Taravana Yacht Club. Il a été repris il y a 2 mois par un américain de Californie, arrivé il y a 35 ans sur un petit voilier de 9 m et tombé amoureux de Bora-Bora. Il s'y est marié, a eu des enfants, et c'est l'un de ses fils, Maori, qui tient le bar-restaurant-pension-yacht-club. Il veut en faire une halte agréable et bien utile pour les voyageurs comme nous, avec laverie, accès Internet et même un petit atelier pour bricoler.

Le soir nous irons prendre un verre au bar, qui se terminera à la bougie car il y a régulièrement des coupures d'électricité sur l'île. Le décor a une atmosphère très exotique avec l'ameublement constitué de gros bambou. Tissus polynésiens à fleurs, mobiles de coquillages et peintures du coin complètent le tableau. Quelques bungalows attenants accueillent des touristes de passage. C'est tranquille et on s'y sent bien pour déguster une bonne Hinano bien fraîche !
Nous partons, tous les quatre, le lendemain pour une petite balade en stop, visiter La Maison de la Vanille qui se trouve à quelques kilomètres dans l'intérieur. Malheureusement ce n'est pas la saison du travail de préparation des gousses. L'exploitant nous expliquera les procédés de séchage, de massage et de mesure de la gousse devant des installations vides. Dommage !
Nous redescendons en passant par le village de Puotoru. Les enfants râlent de marcher si longtemps ainsi alors que sur le bateau, il y a livres, BD, game-boy !


 

 


Mateo au port d'Uturoa

 

 

 

 

 


La préparatrice de vanille

 

 

 

 

 


Le port d'Uturoa

 

 

 

 

 


Au jardin botanique

 

 

 

 

 


Sur la riviere Faaroa

Nous quittons l'île de Taaha pour celle de Raiatea juste en face. Il y a juste quelques miles et un récif à traverser entre les deux. Nous nous amarrons au quai de Uturoa où Mateo restera deux nuits.

La capitale de l'île et de l'archipel des Iles-sous-le-Vent est une petite ville très animée. Le va et vient des navettes est incessant. Pirogues et embarcations diverses viennent également des autres îles. Nous sommes aux premières loges pour contempler ce beau "remue-ménage": embarquement ou débarquement de passagers pour les uns, plein de carburant pour les speed-boat, haltes de bateaux de charters avant de reprendre la mer, ravitaillement au supermarché "Champion" qui se trouve à 50 m du quai, et aussi beaucoup de retrouvailles au port pour discuter ou assister aux derniers préparatifs du concours de pêche qui aura lieu dans quelques jours.
Sur le quai nous voyons un attroupement. Que se passe-t-il donc ? C'est un petit bateau de pêche qui traîne un énorme marlin de plus de 3m et 300kg. Il faut des bras pour le hisser sur le ponton !
Joëlle revient avec un morceau que le pêcheur lui a offert et que nous ferons cuire comme une viande dont il a la consistance (voir rubrique Recettes). Dommage pour le pêcheur, car 2 jours plus tard le concours de pêche au gros doté de primes importantes lui aurait permis de gagner 3 millions de Fcp (25 000 euros)!

Le port d'Uturoa c'est aussi un petit bassin bordé par une esplanade avec quelques terrasses de café, un grand quai d'où viennent s'amarrer les paquebots de croisières, des boutiques, une jolie galerie d'art, des supermarchés, … bref il y a tout ce qu'il faut ici. La poste n'est pas loin non plus. Pour une fois le courrier en poste restante sera arrivé avant nous : 3 lettres nous attendent, elles n'auront mis que 6 ou 7 jours pour arriver à destination.

Si agréablement amarré au quai et à proximité de tout, nous en profitons pour faire de petites escapades en tout genre. Pas besoin de partir en annexe !

Dans une petite boutique sombre en ville nous verrons une dame passer ses journées à classer et masser des gousses de vanille. Ses mains en sont imprégnées mais quelle bonne odeur ! Puis nous ferons les petites bijouteries de vente et montage de perles ainsi que les kiosques d'artisanat : sculpture sur bois, peinture. Nous visitons plus spécialement une galerie d'art pour la beauté et la qualité de ses produits. Mais, là encore, il faut rester vigilants car les prix sont excessifs ! Il faut faire attention même si nous avons des envies !

Nous retrouvons aussi avec plaisir Pascal et Stéphanie sur "Shiga". Notre dernière rencontre date d'avril 2005, à St-Martin, aux Antilles ! Comme le temps passe vite ! Pascal et Stéphanie travaillent pour l'entreprise de charters "Archipel Croisières". Leur mission consiste à promener pendant 10 jours des touristes autour de Tahaa, Raiatea, Huahine et Bora Bora sur un grand catamaran. Pascal est le skipper et Stéphanie l'hôtesse s'occupe de la cuisine, du ménage. Cinq semaines de charter leur permettent d'avoir 5 semaines de repos ensuite.
Ils ont réussi à trouver une place pour leur propre bateau dans la marina municipale située juste à coté du port.

Chrystèle, équipière à bord en décembre, nous avait aussi donné un contact à Raiatea: François et Sandrine sont installés depuis une quinzaine d'années à Raiatea et travaillent tous deux à l'hôpital local, lui comme kiné et elle comme sage-femme. Ils ont de plus deux enfants du même âge que les notre, Nikita et Titouan. Ils habitent une superbe maison en bois qui surplombe la route du bord de mer. De leur salon, la vue est imprenable sur le lagon, les motus et Bora-Bora qui se détache au fond: les couchers de soleil y sont magnifiques! Devant, leur terrain accueille une verdure diversifiée: arbres fruitiers (bananiers, avocatiers, citronniers, arbres à pain….), plantes à fleurs (hibiscus, tiarés, bancouliers, pandanus) et ce mélange de vert du clair au foncé est vraiment joli.

L'hôpital est situé à quelques mètres du port. Nous rendrons une première visite à François, puis nous y retournerons plus tard avec Sylvain pour une petite remise en place de vertèbres. Depuis quelques temps, il faisait des contorsions avec son cou et se plaignait d'une petite douleur, mais rien de bien grave. François lui remet ça aisément.
Sandrine, elle, travaille surtout les nuits, les week-ends. Ce n'est pas toujours facile pour eux d'arriver à concilier vie de famille, vie sociale et vie professionnelle.

Ils nous invitent chez eux, c'est l'occasion de passer une agréable soirée en leur compagnie et pour les enfants de découvrir des jeux nouveaux. Nous passerons de bons moments à discuter avec eux de la vie ici, de leurs métiers, …
Depuis le début de son activité, Sandrine aura donné naissance à près de 1000 bébés !
Ici, en Polynésie, quand les femmes donnent la vie, beaucoup gardent le placenta du bébé pour l'enterrer ensuite dans le jardin familial et y planter dessus un arbre fruitier. Cet arbre poussera comme l'enfant grandira. C'est ce que nous avions aussi fait à la naissance de nos enfants. Un prunier et un pêcher poussent ainsi dans notre jardin.
A l'heure actuelle, le gouvernement polynésien oblige les femmes des archipels des Marquises, des Australes et de Gambier à venir accoucher à Papeete, et celles des Iles-sous-le-Vent à Raiatea. Des femmes réclament depuis des années de pouvoir mettre au monde sur leur île. Ce problème a incité les élus à réunir des Etats Généraux qui ont lieu en ce moment pour débattre sur le sujet. Pour l'instant, des femmes gardent toujours leur placenta dans une glacière pour le rapporter à la "maison".
Quand a eu lieu la naissance, il n'est pas rare de voir arriver toute la famille à la maternité pour accompagner la future maman… dans l'intention de rester dormir !
Les familles polynésiennes ont, pour la plupart, beaucoup d'enfants et le foyer englobe souvent oncles, tantes, cousins et grand parents dans la structure familiale.
Une autre chose nous étonne, c'est le don d'enfants à la naissance: lorsqu'un enfant n'est pas désiré, lorsqu'il y a déjà beaucoup d'enfants ou même lorsqu'un proche souhaite un enfant, certains bébés sont donnés dès la naissance à une autre famille. Parfois ce sont des popaas qui accueillent ces enfants.
On pourrait penser que tout se passe très bien dans ce petit coin de paradis et pourtant ici, comme ailleurs, les enfants ne sont pas toujours respectés et font l'objet d'abus sexuels. On dénombre également que 7 femmes sur 10 sont battues en Polynésie ! Triste chiffre !

C'est bientôt dimanche. Avec François nous prévoyons de nous retrouver dans la baie de Faaroa. Là bas, la base de location Sunsail met des bouées à disposition des plaisanciers et nous allons nous y amarrer. François arrivera en speed-boat avec sa famille et nous partirons ensemble avec 3 kayaks et notre annexe pour remonter la petite rivière située dans le fond de la baie. Une jolie balade dans la verdure, jusqu'à ce que la rivière soit trop peu profonde pour passer.
Sur le retour, sur la berge se trouve un jardin botanique où nous nous arrêtons. En fait, il s'agit d'un terrain plus ou moins entretenu et d'où l'on se promène au milieu d'une grande variété de plantes tropicales.
Après le pique-nique à bord de Mateo, nous partons en speed-boat sur un motu juste en face de la baie. Les enfants vont se baigner autour d'une épave de catamaran échouée là sur le récif pendant que les parents discutent sur la plage. La journée se terminera sous un gros grain ce qui précipitera notre retour à bord.


 

 


Mateo sort de l'eau

 

 

 

 

 


Des tarets dans les dérives

 

 

 

 

 


Mateo tout beau, à côté de Florix

 

 

 

 

 


La baie d'Opoa

 

 

 

 

 


Au Jardin de Corail

Lendemain, lundi, après une halte en ville pour faire des courses, nous mouillons devant le chantier des Iles sous le Vent qui doit sortir le bateau. Nous y retrouvons avec plaisir Henri et Sylvette avec leur trimaran "Rayon Vert", sur lequel Joëlle avait passé le canal de Panama.
L'accueil au chantier est très agréable. Mateo est posé sur un chariot pour le carénage, les ouvriers sont très compétents et tout se passe sans problème. Le forfait comprend un lavage au Karsher, effectué par un gars du chantier, ce qui dégrossit bien le travail. Henri et Sylvette nous aident à gratter la coque, et on découvre avec surprise que les deux dérives sont envahies de tarets. Ces gros vers marins des eaux tropicales ont creusé leurs galeries sur près de 80 cm de hauteur, et certaines lattes sont complètement atteintes. La fine couche de fibre de verre a craqué par endroits laissant le bois accessible. Heureusement, la coque de Mateo est mieux protégée et le bois utilisé, du red cedar, est insensible aux tarets contrairement au pin utilisé pour les dérives !

On se croirait de retour à Locmariaquer au temps de la construction du bateau, tellement il y a d'activités: ça ponce, ça meule, ça peint…. Ambiance chantier, quoi ! Nous retrouvons le confort à terre, enfin presque car pour les sanitaires le ménage laisse à désirer.
Sur le terre-plein se trouvent quelques coques connues: "Florix", "Ia Orana", qui attendent leur équipage reparti en France, ainsi que "Tamata", le dernier bateau de Bernard Moitesssier …
Nous ferons une jolie peinture bicolore sous la coque: un reste de vert servira à faire une bande pour remonter la ligne de flottaison et un bidon de peinture rouge, acheté sur Tahiti, couvrira le reste.
Le mauvais temps est de retour, la nuit le vent siffle dans les haubans et la pluie tombe dru sur le chantier. Mais nous sommes bien à l'abri.

Pendant que les parents bricolent, les garçons continuent leurs cours et parfois préparent le repas quand nous sommes trop occupés les mains dans la peinture. Sylvain nous montre un goût prononcé pour la cuisine: il consulte les livres de recettes, en particulier les chapitres des desserts, et nous confectionne flans au caramel, crème anglaises, îles flottantes …

Cela fait trois jours que nous sommes ici. L'antifouling du bateau est maintenant terminé. On sort les dérives pour les laisser à sécher au chantier. Georges, un sous-traitant du chantier, commencera leur réparation et nous achèverons les finitions nous-mêmes. Sans dérives, nous pouvons quand même naviguer dans le lagon sans souci.
Le vendredi, après quelques retouches de peinture, et une dernière réparation à la résine sur les safrans qui ont une légère atteinte de tarets, nous serons remis à l'eau en début d'après-midi, et conduit au ponton du chantier.
Mateo est tout beau malgré ses dérives en moins. Nous retrouvons notre élément juste à temps pour accueillir Cathy, Didier et leurs 3 enfants qui arrivent de Tahiti pour naviguer quelques jours avec nous. François nous conduira gentiment pour faire les courses au supermarché dans son superbe pick-up 404! Acheter à manger pour 9 pendant 5 jours, il en faut des provisions !

Après une nuit au ponton et une fois les consignes d'organisation données, nous partons pour le sud de Raiatea. Cette nouvelle journée sera pluvieuse, dommage pour nos vacanciers !
En sortant du lagon, une colonie de dauphins vient nous saluer l'air de dire "alors, on se promène en familles ?" Nous mouillerons devant le motu Naonao tout au sud. Un grand motu sur lequel subsistent les restes d'une piste d'aviation, trace de la dernière guerre mondiale et curieux trait de bitume au milieu des cocotiers.
Le départ du lendemain se fait sous la grisaille mais le temps s'arrange un peu et nous remontons la cote sud-ouest pour une halte au village d'Opoa. Nous sommes amarrés sur un tout petit quai, à peine assez long pour le cata. Mais c'est suffisant le temps de la visite d'un grand site sacré, le marae Taputapuatea du dieu de la guerre Oro. Ce marae est situé juste en face de la passe sacrée de Te Ava Moa. C'est par cette passe que les guerriers venaient sur leurs grandes pirogues double faire leurs offrandes au dieu.

Après le repas du midi, nous repartons mouiller à coté du motu Iriru où nous étions le dimanche précédent avec François. Les enfants passent tout l'après-midi dans l'eau: sauts, baignage, chasse sous-marine pour les 2 plus grands, Kevin et Florian.

Malgré tout, à 9 sur Mateo, tout se passe agréablement : les enfants jouent bien ensemble, pressés de se mettre à l'eau dès qu'on arrive à un mouillage, sortant les jeux de société pendant les quelques heures de navigation journalière, et se retrouvant le soir sur le trampoline à l'avant pour discuter. Pour les parents, ce sont aussi des vacances, à discuter tranquillement sur le filet ou autour d'une Hinano.
Le soir il faut jouer avec des bidons et quelques morceaux de bois pour stabiliser le lit du carré qui est un peu bancal… mais Didier deviendra expert en la matière.

Nous quitterons le motu pour une halte en ville à Uturoa, histoire de refaire le plein de produits frais et nous profiterons d'être à quai pour remplir réservoir et bidons d'eau. Nous continuons notre route en empruntant un petit chenal peu profond à travers le récif conduisant directement vers Tahaa. Ce sera près du motu Seran que nous passerons la nuit. Concours de plongeons pour les enfants, c'est à qui fera le plus joli saut.
Nouveau départ le matin suivant: il y a un petit vent portant, c'est l'occasion d'essayer le spinnaker. Mais au bout d'une heure il faut tout ranger car le vent est complètement retombé. Dommage car c'est joli un cata avec son spi !

Nous ancrons cette fois près du motu Tautau, et partons visiter le "Jardin de Corail". Comme nous la fois précédente, c'est un beau spectacle que découvrent Didier, Cathy et leurs enfants. D'autant que le temps est redevenu splendide. Pour ramener tout le monde à bord, ce sera un peu plus sportif : le moteur de l'annexe ne veut plus démarrer: nous ramerons pendant plus de 1/2 heure à tour de rôle dans l'annexe. Samy nous encourage. Pendant ce temps là, Didier et Cathy qui attendaient sur l'îlot font une partie du trajet à pied, en franchissant le bras de mer du "Jardin de corail" puis en traversant subrepticement l'hôtel de luxe bordant ce superbe milieu aquatique. Ils nous attendront sagement sur le ponton d'accueil de l'hôtel, proche de Mateo. Ouf, tout le monde est là !
Dominique s'apercevra plus tard qu'un piquant d'oursin s'est planté dans son doigt, mais quelques gouttes de citron feront des miracles pour dissoudre l'écharde.

Nous sommes mercredi. C'est le dernier jour de vacances de nos visiteurs: une petite halte le midi au Taravana Yacht Club, où Maori est content de nous revoir, pour y prendre un dernier verre ensemble et nous débarquons la famille Hommel à la marina Apooiti, d’où elle regagnera l'aéroport. Alors content de ces vacances ? (voir leur récit dans la rubrique "Les Copains d'à bord")


 

 

 


Bora-Bora vue de Tahaa

Après leur départ, nous retournons nous ancrer sur le récif devant la maison de François et Sandrine. On n'est pas loin, non plus, du chantier et les dérives ayant été remises en état partiellement par Georges, nous allons pouvoir faire les finitions. Le matin Dominique part donc "au boulot" au chantier en annexe, une dizaine de minutes pour traverser le lagon. Ponçage, enduit, stratification, reponçage, peinture, il faut quelques jours pour tout finir.
Pour les courses, l'endroit est pratique et on peut accéder en dinghy au magasin dans la baie voisine. De temps en temps, nous allons en ville. On fait du stop, qui marche bien ici, ou on s'arrange avec les copains qui vont y travailler.

Après la semaine de vacances, il faut aussi se remettre aux cours du Cned, surtout pour Florian qui a pris beaucoup de retard pour ses évaluations de la série 7. On ne s'ennuie pas !
Il y a quand même des moments de loisir quand Titouan vient jouer sur Mateo pour l'après midi. Le soir, François, Sandrine et Nikita viennent le rejoindre pour dîner à bord, et c'est en kayak qu'ils arriveront au bateau.
Un matin un gros orage nous surprendra avec du vent très fort, près de 50 nœuds et rafales à 55 nœuds (100 km/h). C'est le vent le plus fort que nous ayons eu au mouillage, mais l'ancre Spade Océane ne bronche pas d'un pouce, reliée avec 25m de chaîne pour 2,50m d'eau.

Les dérives étant terminées, elles sont remises à leur place avec l'aide de 2 gars costauds du chantier. Mateo est enfin prêt à prendre le large. Petit tour en ville l'après-midi, courses, poste, et nous faisons une dernière balade à pied sur le petit mont qui surplombe la ville, et d'où on a une superbe vue sur la ville, le lagon et les îles voisinnes. Le soir Pascal et Stéphanie nous invitent à bord de Shiga pour un dernier repas. Quand les reverrons-nous ? Sans doute pas de sitôt, car eux restent ici encore une année pour remplir leur caisse de bord.


 


Sur la tombe d'Alain Gerbault

 

 

 

 


Sylvain au Jardin de Corail

 

 

 

 


Un chantier sur le lagon

 

 

 

 


Au Jardin de Corail

Le lendemain nous sortons par la passe Paipai de Tahaa et mettons les voiles en direction de Bora-Bora. Un bon vent portant nous pousse à bonne allure, avec juste un gros grain qui nous obligera à réduire temporairement. Les sommets caractéristiques de l'île approchent sous le soleil, et nous allons mouiller en début d'après-midi derrière le motu Toopua, un îlot montagneux vestige de l'ancien cratère, pour notre première nuit.
Plus tard, nous descendons près de la pointe Matira, une zone très touristique qui a des allures de station balnéaire. Nous y retrouvons "Spetakkel" un bateau norvégien que nous avons vu plusieurs fois depuis les Marquises. Petite balade à terre, sur la route qui longe la plage de sable blanc.

Le capitaine s'offre un rajeunissement temporaire: il se rase la barbe, ce qui fait rire les enfants et ne plait pas trop à leur maman.
Après 2 nuits à Matira, nous remontons vers le nord. Petite halte au quai de Vaitape, la capitale de l'île. C'est dimanche, la plupart des magasins sont fermés mais on peut quand même se ravitailler au supermarché, et dire un petit coucou à Alain Gerbault dont la tombe est sur le quai.
C'est la lecture de "Seul à travers l'Atlantique" dans la Bibliothèque Verte qui est sans doute à l'origine du goût du capitaine pour la mer et les bateaux à voile, et donc en partie responsable de ce voyage …

Nous continuons le tour de l'île: d'un coté la terre, assez peu peuplée, avec à un endroit les ruines de l'ancien village du Club Med, de l'autre, les motus d’où s'avancent des dizaines de bungalows sur pilotis. Ce vaste plan d'eau turquoise, où la profondeur n'est que de quelques mètres, forme une gigantesque piscine naturelle.

Nous allons ancrer près du motu Piti Aau, au sud de cette grande étendue de sable. Promenade sur celui-ci le lendemain, puis départ pour un autre mouillage tout proche, au sud du motu Piti Uu Uta. La baie environnante est cernée par pas moins de 6 hôtels de luxe: Sofitel Marara, Club Med, Novotel Bora Bora, Sofitel Motu Coralia, Maitai Polynesia et Bora Bora Intercontinental qui est en chantier pour agrandissement: 41 bungalows supplémentaires sur pilotis !
Un jardin de corail se trouve dans cet endroit: quelques blocs où barbotent tous les jours des dizaines de touristes, le corail est bien terne, mais il y a beaucoup de poissons que l'on dirait domestiqués tellement ils se précipitent dès qu'on tends la main. Des bancs de carangues attendent nonchalamment, elles qui sont d'habitude si farouches! Rien de comparable avec le jardin de corail de Tahaa autrement plus coloré.

Ce sont les grands travaux en ce moment à Bora-Bora: le lagon est sillonné par des barges transportant camions, tractopelles, sable … et même des cocotiers. Comme dirait Sylvain, ce sont des motus flottants. Plusieurs nouveaux hôtels doivent ouvrir prochainement sur le motu au nord-ouest de l'île d'où se trouvait le seul Méridien. Désormais, il y aura 4 hôtels de luxe supplémentaires, avec chacun plusieurs dizaines de bungalows. L'île a du être très belle il y a quelques dizaines d'années mais trop de tourisme est en train de la dénaturer.

Après avoir trouvé un nouveau mouillage entre deux hôtels, nous débarquons au village de Anau. Nous accostons l'annexe au seul quai correct, pour nous entendre dire: "Ici c'est un ponton privé (celui du Méridien sur le motu en face), vous pouvez débarquer pour aller faire des courses au magasin mais si dans un quart d'heure vous n'êtes pas revenus, je détache votre annexe!" Etonnement, c'est la première fois qu'un polynésien nous fait un tel accueil …

Heureusement, il y a quand même quelques exceptions: en allant voir un soir en kayak le lagonarium, un parc pour les touristes avec requins, raies et poissons de lagon, le gardien me dit: "Si tu veux, tu peux y aller, le patron n'est pas là". Et comme je lui répondais que je n'avais pas apporté de masque, il va me chercher tout le matériel pour me permettre de nager avec quelques requins pointe noire et requins citron de près de 2 m.
De bon matin nous partons pour une plongée sur le récif aux raies mantas. Florian et Sylvain ne veulent pas nous accompagner de peur de se trouver nez à nez avec une grande raie. Tous les deux nous restons un moment à l'eau d'en voir au moins une mais pas de chance elles ne sont pas au rendez-vous et nous verrons seulement une tortue.

Déçus par ce grand chantier qu'est devenu Bora, nous repartons au mouillage près de la passe d'entrée. Joëlle espérait y voir un des spectacles de danses, qui ont lieu toutes les semaines dans les hôtels de luxe, mais soit le jour n'était pas le bon, soit on nous refusait l'entrée qui était réservée aux seuls clients. Nous quittons Bora un peu dépités.


 


Danses polynésiennes

 

 

 

 


Après le cyclone de 1997

 

 

 

 


Avec Monique

 

 

 

 


La plage, à Mopelia

Le retour à la voile vers Raïatea est plus long que l'aller: au près dans un vent soutenu il faut tirer des bords pour arriver à la passe de Tahaa avant de retourner mouiller devant chez François et Sandrine, un petit coin qui décidément nous plait bien. Titouan attends d'ailleurs avec impatience nos garçons pour venir jouer à bord avec eux.

Heureux hasard, il y a une soirée spectacle de chorégraphies sur Raïatea le lendemain: Sandrine nous trouve des places et nous prête sa voiture pour aller à Avera. Une troupe de danseuses, de danseurs et aussi de jongleurs de feu munis de bâtons enflammés : le spectacle est superbe.
Regarder danser une polynésienne a quelque chose de magique: le bassin faisant des mouvements de rotation lascifs ou au contraire effrénés, les mains ondulants en gestes gracieux, le visage éclairé par le sourire, et les odeurs enivrantes des couronnes de fleurs, il y a de quoi être subjugué! Les hommes eux ont un comportement plus viril, mais moins guerrier qu'aux Marquises: leurs mouvements de genoux sont aussi rapides que ceux des bassins féminins.

Ces jours ci, il y a la visite du ministre français de l'Outremer à Tahiti et dans les îles, Marquises, Tuamotu, Australes et à Bora. L'accueil est animé et fleuri comme on sait le faire ici, et les discours nombreux. Le ministre est venu rappeler que la France n'avait pas l'intention de laisser la Polynésie, après les déclarations indépendantistes et les contacts australiens et néo-zélandais du nouveau président. Mais l'élection de Miss Tahiti 2006 qui a lieu en même temps occupe presque autant de place dans la presse que la visite du ministre !

Le lendemain, nous retournons au quai d'Uturoa, très pratique pour les dernières courses et les pleins, et pour faire les au revoir, à François et Sandrine à l'hôpital, et à Pascal et Stéphanie qui sont au quai avec leur catamaran de charter. Les copains de Ia Orana, rentrés de France il y a quelques jours nous souhaitent bon vent par Vhf lorsqu'on passe devant le chantier où ils sont en travaux.

Le temps est calme pour cette navigation, un peu de voile sous grand-voile et genaker, et beaucoup de moteur. Nous arrivons à Mopelia en tout début d'après-midi du lendemain, heureusement la mer est calme car la passe n'est pas évidente à franchir, elle fait à peine 20 m au plus étroit, avec un courant de 3 à 4 nœuds en face. Heureusement avec les deux moteurs et avec un équipier qui dirige à vue à l'avant, tout se passe bien.
A l'endroit où on mouille au nord-est du lagon, un village est indiqué sur la carte. Mais il ne reste que ce qui nous semble être un quai en ruine, en fait un séchoir à coprah, le reste a disparu lors du dernier cyclone en 1997. Les fonds où nous sommes ancrés sont jonchés de troncs de cocotiers, témoin de la violence du cyclone qui les y a amenés.
Près d'une centaine de personnes vivaient ici, il n'en reste qu'une dizaine comme nous l'apprendrons le lendemain. Nous voyons juste un couple qui nous fait des bonjours en rentrant en bateau de leur travail sur le coprah, et toutes les habitations sont maintenant au sud du lagon, mieux protégé.

Le lendemain nous y débarquons en annexe et rencontrons Monique, une vendéenne qui a épousé un polynésien de Maupiti, en train de décortiquer des noix de coco. Ils vivent là depuis 7 ans avec un de leur fils, après avoir subi le cyclone dans leur île où ils ont tout perdu de leur petite ferme perlière.
Tout juste reliés aux autres îles par la radio BLU et par le passage d'un bateau toutes les 6 semaines ou parfois plus: cela fait 3 mois qu'il n'est pas venu, et nous sommes le premier voilier de l'année. C'est donc un évènement ! Les quelques bananes et papayes que nous lui offrons lui font bien plaisir. Coprah, poissons et langoustes sont leurs seules ressources, avec la petite ferme perlière qu'ils ont montée. Les autres habitants vivent un peu plus loin mais leurs contacts sont assez peu nombreux, et il y a même des problèmes de vols avec l'un d'entre eux. Pour une communauté si isolée, on aurait pu s'attendre à un peu plus de solidarité.

Notre séjour en Polynésie Française aura duré environ 7 mois depuis notre arrivée aux Marquises en septembre. Après cette dernière courte escale, nous reprenons la mer vers l'ouest en direction des îles Cook.


              


  Les Iles Cook et Tongas

(7 avril 2006 - 28 avril 2006)

 

 

 

 


Le lagon d'Aitutaki

 

 

 

 

 

 


Le mouillage à Aitutaki

Nous quittons Mopelia au matin, ce sera notre dernière escale en Polynésie Française. La passe est aussi agitée qu'à l'arrivée mais cette fois le courant est favorable.
Pour une fois, la traversée se fera tout à la voile, trois jours avec un vent portant et modéré et un temps agréable. Quelques grains pour faire un peu d'exercice, et la dernière nuit en partie sous voilure très réduite pour ne pas arriver trop tôt à Aitutaki, l'île des Cook où nous avons choisi d'atterrir car elle se trouve sur la route directe.

Une curiosité attire notre regard en approchant de Aitutaki, les nuages au dessus de l'île ont une jolie couleur verte, due aux reflets du lagon. C'est la première fois que nous observons ce phénomène et c'est superbe.

D'après la carte nautique, la passe qui mène au village est très étroite et peu profonde: elle se présente comme un couloir de 15 à 20 m de large sur une longueur de 500 m, la hauteur d'eau étant à peine de 2 m. Un premier tour de reconnaissance nous fait hésiter : il y a un peu de houle et l'entrée est difficile à repérer, d'autant que la carte électronique n'est pas très juste. Nous envisageons même un instant de continuer directement notre chemin vers Tonga. Tant pis pour les Cook.
Avec les jumelles, nous apercevons au mouillage deux voiliers que nous avons déjà rencontrés aux Marquises. L'un est sud africain, l'autre norvégien, et nous avons un bon souvenir d'une soirée grillades sur la plage avec eux à Nuku Hiva.
De loin, nous voyons aussi un petit bateau à moteur qui, lui, n'hésite pas et franchit sans problème l'étroit couloir. Nous repérons mieux l'entrée. Le courant est fort, certes, et de temps en temps la houle provoque de gros remous mais il suffit de choisir le bon moment. On s'approche petit à petit et on décide finalement de franchir l'obstacle.

L'équipage est bien concentré. Florian s'installe debout sur la bôme, Joëlle guette à l'avant et Sylvain suit le trajet du bateau à l'ordinateur. Dominique est prêt à actionner les manettes des moteurs et la barre. Une fois engagés, nous n'aurons plus la possibilité de faire demi-tour !
La passe est très impressionnante et l'entrée est vraiment exiguë, le seul balisage étant quelques petits piquets de fer plantés au bord du chenal et qu'on ne voit qu'au dernier moment.
Il faut une grande attention pour que le bateau ne parte pas d'un coté ou de l'autre vers le récif.
Les premiers mètres se présentent bien mais une vague s'apprête à déferler à l'arrière du catamaran. Florian la voit et Joëlle aussi, impressionnés. Après avoir submergé le récif, la vague revient sur les cotés de la passe en faisant de gros remous qui font pivoter Mateo. Le corail n'est qu'à quelques mètres de l'étrave! Le capitaine accélère pour replacer le bateau dans la trajectoire. Ouf! nous sommes passés !
Paul, le sud-africain, nous fait de grands signes de sympathie. En passant près de son monocoque il nous adresse quelques recommandations pour le mouillage. La zone est petite, et il faut s'y prendre à 2 fois pour trouver un endroit convenable. Par chance, nous ne sommes que trois bateaux.


 


Une rue d'Aitutaki

 

 

 

 


Le cybercafé

L'arrivée à Aitutaki nous rappelle un livre que nous avons lu à Tahiti, "Si loin du monde". En 2001, un pêcheur polynésien de Tahiti était parti, comme tous les matins, à la chasse au mahi-mahi. La journée se présente bien et le bateau file sur l'eau d'une bonne allure. Tout d'un coup, le moteur s'arrête. Tavae ne comprend pas ce qui se passe et il lui est impossible de faire redémarrer le moteur. Pas de rames dans le bateau, et aucune possibilité d'installer une voile de secours. Pendant des jours, Tavae dérive. Peut-être verra-t-il un cargo ou un chalutier sur son parcours ? Ses appels à la Vhf restent sans réponse. Contre vents, mer forte, grains et ouragan, son speed boat fait face. Les jours passent, les nuits… Voilà plusieurs semaines déjà mais combien en fait ? Tavae grave sur sa coque le passage de chaque nouvelle journée. Les marques s'accumulent et voilà plus de cinquante jours qu'il n'a vu ni terre à l'horizon ou même îlot qui puisse lui remonter le moral. De temps en temps, il réussit à capturer un poisson pour se nourrir, une pluie providentielle le sauve de la déshydratation. Naufragé involontaire mais gardant sans cesse espoir en la vie grâce à la foi, Tavae échoue enfin sur la barrière de récif à Aitutaki après …….. 108 jours de mer !

Les formalités d'entrée se font au village et c'est la même personne qui s'occupe de la douane et de l'immigration. Plus tard, des fonctionnaires de la Santé nous appelleront par VHF. Ils nous feront remplir un petit questionnaire. L'occasion, pour eux, de nous soutirer 20 dollars NZ qui se rajoutent aux 175 dollars des douanes et du port! C'est l'endroit le plus cher de notre voyage …
Les îles Cook sont un état associé à la Nouvelle Zélande depuis leur indépendance en 1965. C'est le dollar Néo-zélandais qui est utilisé ici.
On voit que l'île fut pendant longtemps une colonie anglaise : les tondeuses à gazon fonctionnent tous les soirs dans les petits jardins, les écoliers portent l'uniforme et les jeunes font des parties de cricket.

L'approvisionnement à Aitutaki est limité : un petit "supermarket", quelques boutiques, peu de fruits et légumes, le coût de la vie y est aussi élevé qu'en Polynésie Française voire plus. Il y a quand même un cybercafé, à un prix fort là aussi.


 


La station service

 

 

 


Modeste propriété

Les Cook sont situés en zone cyclonique et on voit les effets de cyclones un peu partout: abris provisoires, maisons en reconstruction et les quais du port sont aussi en bien triste état.
Nous faisons une balade à pied et traversons l'île par la route. La conduite est à gauche, et pour nous il faut changer de réflexes quand on traverse ou quand on marche sur le côté. Peu de voitures, la majorité des gens se déplacent en scooters. Sur ces engins, on verra passer un couple corpulent (les gabarits ici sont à l'image des polynésiens très charpentés également), une maman avec un très jeune enfant, celui-ci s'agrippant comme il peut pour ne pas tomber: pas de casque, la sécurité n'est pas une priorité ici.

La route que nous empruntons fait le tour de l'île. D'un côté on a une jolie vue sur le lagon, de l'autre c'est la nature vierge vers l'intérieur, dans les terres.
Au retour un monsieur âgé sort de sa maison à notre rencontre : originaire de Tahiti, il est content d'échanger quelques mots de tahitien avec nous. Sa mère était polynésienne et son père américain. Il nous offre quelques caramboles de son jardin. Sa maison semble très modeste. Devant l'entrée se trouve la tombe de sa femme. Chaque famille garde ainsi une place pour ses proches décédés: les tombes trônent devant l'entrée des maisons, en bord de rue, et sont de véritables mausolées. Recouvertes d'un toit, carrelées, décorées, fleuries, elles sont souvent plus belles que les maisons.
Un autre homme discute avec nous au bord de la route. Il est néo zélandais et accompagne un groupe de jeunes de Auckland, venus pour un échange avec des collégiens des Cook. Nous croiserons aussi beaucoup de touristes néo-zélandais en ville. Ils viennent passer leurs vacances ici. Le climat y est bien meilleur que sur leur île. Sur les prospectus, on voit complexes hôteliers, snacks, brasseries et invitations pour des plongées sous marines, mais ils sont peu nombreux et discrets. Le tourisme est nettement moins développé qu'en Polynésie.


 

 


Danse des Cooks

 

 

 

 


Danse des Cooks

Un soir nous invitons nos voisins de mouillage. L'occasion de mieux connaître leur parcours. Paul est parti d'Afrique du Sud il y a 12 ans et a rencontré Andrea, une canadienne, en route. Ils ont un chien à bord, ce qui leur pose beaucoup de problèmes, surtout dans les îles du Pacifique où ils ne peuvent pas le débarquer à terre. Il reste donc pendant des semaines sans gambader aux alentours si ce n'est nager autour du bateau ou se poser sur un tout petit banc de sable qui découvre à certaines heures de la journée. Nous discutons également avec Kjell, de nationalité norvégienne. Il a hâte d'arriver aux Fiji, pour changer son moteur. Aux Marquises, il était déjà tombé en panne et nous savions déjà que c'était son souci majeur.
Andréa discute avec Florian et l'interroge sur sa façon de faire l'école sur le bateau. Ce sera l'occasion, pour lui, de parler anglais et de mettre en pratique ses connaissances. Paul lui montrera des photos de son pays et plus spécialement des prises de vue de surfeur car là bas, en Afrique du Sud, il y a de très bons spots de surf.
Paul et Andréa nous apprennent que le lendemain soir a lieu un spectacle de danses. C'est l'"Island Nite", une soirée musique et danses traditionnelles au bar du port.
Comme en Polynésie Française, la danse est très présente. Ce sont les mêmes mouvements de bassin, les mêmes jeux de main. Ici aussi la danse est un langage, et certains gestes font beaucoup rire ou réagir l'assistance. Les danseurs des Cook sont reconnus pour être des experts. D'ailleurs, depuis quelques années ils ne sont plus invités aux concours à Tahiti car ils gagnaient trop souvent. Quelle rapidité et quelle souplesse ! C'est sur ces airs de fête que nous quitterons les Cook le lendemain pour l'archipel des Tonga.

Les souvenirs de notre arrivée dans la passe nous rendaient un peu inquiets quant à la sortie. Prudemment, on s'achemine donc dans l'étroit couloir qui semble bien calme. Pas de houle, ni beaucoup de courant. Tout se passe bien. Rien à voir avec notre premier passage il y a 4 jours !
Maintenant, cap à l'Ouest 800 milles plus loin. Il faut se réhabituer à la navigation hauturière et aux quarts de nuit. C'est la pleine lune quand nous quittons Aitutaki, ce qui rend les quarts plus agréables.


 

 


Préparation du pavillon

 

 

 

 

 


Surfs à 15 noeuds

 

 

 

 

 


Arrivée aux Tongas

Par moment la mer est comme un lac, à part les ondulations de la houle. La carte météo reçue par mail sur le téléphone satellite nous montre une grande étendue de calmes. Et notre routeur ne nous annonce pas de changement avant 5 jours. Nous décidons de descendre un peu plus au sud et essayer d'y trouver du vent: moteur encore…mais pas le moindre souffle d'air.
Puis le vent revient mais cette fois il est d'ouest donc face à nous. Le bateau bouge et nos estomacs aussi. A ce régime, on n'est pas prêt d'arriver ! Puis le vent tombe totalement. Plus rien. C'est ce qu'on appelle la pétole. Ca repose les estomacs mais les milles parcourus ne s'affichent pas vite. On espère que ça ne se prolongera pas trop car nous ne pourrons pas faire toute la route au moteur.
Au matin Dominique met la traîne à l'eau. "Ce serait bien du frais pour ce soir !"…à peine 1/4 d'heure après, une belle dorade coryphène de 1,10 m est attrapée. Nous ferons 3 repas de ce succulent poisson : mahi-mahi à la tahitienne d'abord, grillé au four ensuite puis cuit en cocotte pour terminer.
Nous tirons un bord vers le nord pour regagner la route directe. On se traîne sur l'eau depuis 3 jours déjà…..mais ça ne durera pas. Le ciel devient chargé, avec des nuages de toutes formes, de toutes tailles, de toutes couleurs, du gris clair au presque noir. Le temps change d'un coup et le vent reprend sa place. Il passe au sud, puis au sud-est. On peut enfin remettre les voiles. Maintenant derrière nous, il pousse Mateo à une bonne moyenne. L'allure est très agréable mais le vent forcit. De grosses rafales, soudaines, s'enchaînent les unes derrière les autres accompagnées de gros grains. Maintenant, nous surfons sur les vagues mais un peu trop vite à notre goût. Nous réduisons la voilure pour, au final, ne plus la mettre du tout.
A sec de toile, nous filons par moments entre 6 et 8 nœuds. Les vagues sont grosses, avec des creux avoisinant les 5 mètres, et viennent s'écraser sur les coques. La navigation n'est pas des plus confortable. On se fait secouer comme dans un panier à salade, par contre, nous accumulons les milles nautiques.
Le lendemain, toujours sans voiles, Mateo surfe à plus de 15 nœuds pendant quelques heures. Le vérin du pilote, trop sollicité, en profite pour lâcher la barre: moment de stress, heureusement on a un vérin de rechange qui est vite remis en place. Sans pilote, la vie serait beaucoup moins facile!

Nous sommes au 6ème jour de mer et il reste 240 milles à parcourir sur les 800 du trajet. Voilà 18 heures d'affilée qu'il pleut non stop. Les nuages défilent à toute allure et nous avons toujours droit à des envolées de Mateo sur les grosses vagues.
Les garçons en ont un peu marre de ce rythme effréné. Ils se réfugient dans Harry Potter qu'ils re-relisent une nouvelle fois, ou bien ils jouent aux Légos Harry Potter ou au jeu Harry Potter sur la Game Boy. On aimerait bien que les leçons de l'école avancent mais le cœur n'y est pas, pour eux comme pour nous.

Nous nous relayons pour éponger l'eau qui, vu la force du vent, arrive à rentrer sur les cotés des portes du cockpit, pourtant fermées. Pour tout dire, ce n'est pas de tout repos. Dominique et moi faisons de tout petits sommes pour récupérer entre nos quarts. Quant à la nourriture, nous mangeons ce que nous pouvons avaler. Ce qui passe bien, à l'unanimité, ce sont les pâtes, le principal étant de s'alimenter pour rester en forme. Florian rêve d'une raclette, Sylvain d'un bifteck-frites et de crêpes et de galettes. Avec le rêve, tout est permis!
Va-t-on enfin voir la fin de cette galère? On retrouve espoir quand on commence à voir pointer le soleil à l'aube du 8ème jour. Tout de suite, tout va mieux: l'équipage retrouve le sourire, les batteries se rechargent. On est sorti du tunnel !


 

 

 


Soir sur les Tongas

Nous arrivons aux Tonga dans l’archipel des Vava’u. L'île principale, que l'on remarque en premier, est formée d'un plateau entouré de falaises de 150m tombant à pic dans la mer. Le paysage est magnifique. La terre de couleur ocre se mélange à la végétation d'un vert soutenu. Au sud, s'étendent des îlots dont certains ressemblent à des champignons posés sur l'eau. Un vaste plan d'eau abrité s'étend sur une quinzaine de milles et recèle pleins de mouillages, c'est pourquoi la société Moorings y a installé une base de location de bateaux.
Il est temps qu'on approche du port car le soleil va se coucher. Pour accéder au mouillage, nous nous faufilons dans ce labyrinthe d’îlots. Nous arrivons en face de la ville de Neiafu. Des dizaines de bouées ont été installées, les fonds étant trop importants pour pouvoir ancrer. Gérés par différentes sociétés elles sont mises à disposition des voiliers de passage. Nous en prendrons une chez Moorings en arrivant, puis le lendemain nous irons sur une autre bouée gérée par Beluga Diving qui possède la majorité des mouillages. Les tarifs sont les mêmes (15 dollars Tongas soit 7,5 US$).

C'est pour nous vendredi soir quand nous arrivons, mais comme nous avons franchi la ligne de changement de date, on passe sans transition au samedi soir. Il nous faut attendre, sans débarquer, jusqu'au lundi matin pour les formalités d'entrée, le règlement étant très strict ici.
Les autorités nous demandent de venir à quai avec le bateau pour le passage des officiels: douanes, immigration, quarantaine et santé. C'est sous un grain que nous recevons leur visite à bord, en même temps qu'un autre bateau américain arrivé le matin même. Comme le temps n'est pas beau, les choses ne traînent pas et nous ne verrons même pas le fonctionnaire de la santé.


 


Le mouillage de Neiafu

 

 

 


Le costume Tongien

 

 

 


La sortie du collège

Changement de décor aux Tongas, on a bien quitté la Polynésie. Le cocotier ne règne plus en maître comme dans les îles précédentes: ici la végétation est variée, et la foret couvre les îles. Dans la baie de Neiafu, l'eau n'est pas turquoise, mais d'un vert bouteille. Peu de plages de sable blanc, les fonds sont souvent un peu vaseux.
Cependant certaines choses sont communes, en particulier dans l'artisanat, très présent: tapas, tressage, sculpture sur bois, travail des coquillages …

Les Tonga est le seul archipel du Pacifique à n'avoir jamais été colonisé, et il est toujours dirigé par un roi, sa majesté Tupou IV, qui gouverne depuis 1965 sur un ensemble de 171 îles, dont seules 36 sont habitées. Le régime est une monarchie constitutionnelle depuis 1875, mais certains réclament aujourd'hui un peu plus de démocratie.
Par contre les missionnaires anglicans y ont imposé dès 1831 un mode de vie particulier, et ici la religion a fortement marqué les coutumes. Le code vestimentaire est strict: il y a peu la chemise était obligatoire dans les lieux publics, et épaules et genoux doivent rester couverts.
Dans les églises, il y a de nombreux offices quotidiens, et le repos est absolu le dimanche: pas le droit de travailler, de s'adonner au commerce ou au jeu. D'ailleurs nous entendons les choeurs dans l'église située face au mouillage où nous sommes. Depuis 9 h du matin jusqu'à 17 h, ce ne sera que prières et chœurs ininterrompus. Ce jour là, le reste de la ville est totalement mort.
Certains soirs de la semaine, on entend en même temps les chœurs des fidèles à l'église et l'orchestre, situé plus bas, qui joue des standards anglo-saxons au bar du Yacht Club : le contraste est étonnant !

Les locaux continuent à porter les habits traditionnels. Pour les femmes : jupe, ceinture en écorce et ta'ovala, une natte en fibres végétales portée par-dessus, et pour les hommes : jupe drapée appelée tupenu, avec poches intérieures, allant jusqu'à mi-mollet. Au collège, les jeunes sont encore astreints à porter ces habits traditionnels.
Un jour, un couple pénètre dans le supermarché où nous étions à faire nos courses. Vêtu de longs habits noirs recouverts de nattes de pandanus, de la poitrine jusqu'aux mollets, on aurait dit un ogre et une ogresse tout droits sortis d'un conte ….! La femme avait de longs cheveux noirs et crépus, et une carrure imposante. L'homme était bâti comme une armoire à glace, on aurait dit Hagrid dans Harry Potter. Ils ne passaient pas inaperçus !
Avec le développement touristique, l'arrivée de la télévision par satellite, des DVD, la jeunesse devient un peu plus libérée et comme dans beaucoup d'endroits l'évolution risque de s'accélérer.
Le pays n'a pas le niveau de vie des anciennes colonies voisines, ni l'aspect de propreté, mais on y trouve un peu de tout, dépendant des arrivages, de la saison.


 


Au marché de Neiafu

 

 

 

 


Au fond de la baie de Neiafu

Nous partons en annexe au fond de la baie pour remplir notre bouteille de gaz mais l'usine est fermée. En essayant de se renseigner, nous faisons connaissance de Pierre, un québécois dont la famille est d'origine de Besançon, et qui tient le Toula Harbour View Resort, un petit hôtel qui surplombe le fond de la baie. Il est seul et bien content de rencontrer des gens parlant français, car son associé, son beau-père, est reparti sans avoir pu s'adapter ici, et sa femme et sa fille viennent de le laisser aussi. On lui laisse notre bouteille de gaz en garde jusqu'au lendemain pour éviter de la ramener au bateau.
Il viendra prendre avec plaisir un verre de pastis sur Mateo, chose qui lui manque depuis des mois. A part la bière, un peu de vin, on ne trouve pas beaucoup de boissons alcoolisées aux Tongas.

Nous attendons une visite à bord, prévue à l'origine aux Fiji, et comme nous avons du retard sur notre programme nous essayons de faire venir Philippe aux Tongas. Mais c'est trop compliqué et le voyage coûte plus cher aussi. Nous décidons donc d'écourter notre séjour pour ne pas rater notre rendez-vous avec lui.
Avant de partir, nous faisons un tour au marché pour les provisions de produits frais, et en revenons avec une grande baleine en bois sculpté, superbe décoration pour la maison au retour, ainsi qu'un éventail tressé autour d'une coquille de moule géante, une spécialité d'ici.

Nous partons en fin de matinée et faisons un petit passage entre les îles pour voir le paysage: de nombreuses îlots sont inhabitées, et nous apercevons de jolis mouillages, abrités par les récifs et devant de belles plages de sable, mais dont nous ne pourrons pas profiter. Depuis notre départ de Raiatea nous avons passé presque autant de temps en mer qu'en escale. Par rapport aux 7 mois d'escales en Polynésie, quelle différence! Mais si nous voulons profiter des haltes suivantes, Fiji puis Nouvelle-Calédonie, pas le temps de traîner.


              

    

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