L'entrée dans le lagon, à Tahaa
L'Hibiscus
Au Jardin de Corail
Au Jardin de Corail
Au Jardin de Corail
Le Taravana Yacht-club
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Nous faisons quelques courses à Fare avant de quitter Huahine, puis nous traversons plein vent arrière vers Tahaa que
l'on aperçoit devant nous. Seulement une vingtaine de milles à parcourir pour arriver en fin d'après-midi avant le
coucher du soleil. Nous nous installons sur le récif juste au nord de la passe devant le motu Seran: un joli mouillage
de sable et eau turquoise là aussi. L'alizé souffle de façon soutenue et le lieu est bien ventilé.
Trois autres voiliers seulement sont ancrés dans ce coin, et pourtant le vaste lagon qui entoure les deux îles jumelles
de Taha et Raiatea forme un beau plan d'eau de navigation. Malgré la présence de quelques sociétés de location et de
charter, la plaisance est ici beaucoup moins développée que dans les Caraibes.
Nous avons un bonjour à transmettre à Léo et Lolita de la part de Françoise, une copine qui a travaillé ici comme
professeur au collège il y a quelques années. Après un petit bain, nous déménagerons donc le lendemain pour aller leur
rendre visite. Ils tiennent la pension-restaurant Hibiscus, qu'ils ont créée il y a 18 ans, et mettent des corps-morts
à la disposition des bateaux de passage pour s'amarrer devant chez eux. Nous seront accueillis chaleureusement.
Léo nous explique qu'en plus du restaurant, il a créé une association, la Fondation Hibiscus, pour protéger les tortues
polynésiennes. Malgré l'interdiction en vigueur depuis 1990, beaucoup de Polynésiens continuent à consommer des tortues
prises par hasard dans les pièges à poissons ou par braconnage (voir la rubrique "Coup d'œil sur
l'Environnement"). D'ailleurs, mais nous l'avons su qu'après, nous en avons consommé nous-même lors d'une fête à Tahiti.
Vers 8h, un des fils de Léo vient, comme tous les matins, nourrir les tortues. Il n'y en a que 2 en ce moment dans
les parcs, les autres ont été relâchées après avoir été baguées il y a 2 semaines. Ce sont environ une centaine de
tortues qui sont ainsi sauvées chaque année par la Fondation. Le press-book que nous tend Léo en dit long sur sa
volonté d'agir en faveur de l'environnement: articles de journaux, photos, rencontres avec des personnalités
politiques, courriers en tout genre.
Après le repas des tortues, les enfants retournent à bord pour faire leurs devoirs et nous, nous partons en balade
tous les deux. Ici, comme aux Marquises, pas besoin de lever le pouce pour faire du stop, les voitures s'arrêtent
lorsque les gens nous voient marcher sur le bord de la route. Une mamie d'origine guadeloupéenne nous prend jusqu'au
village de Haamene, puis nous marchons pendant quelques kilomètres pour traverser l'île d'est en ouest, jusqu'au
village de Tiva. Au retour, nous avions envie de faire un bout de chemin à pied mais 3 véhicules s'arrêtent
successivement pour nous prendre: au troisième on abandonne et on monte, d'ailleurs ce sont les fils de Léo qui
rentrent à la pension Hibiscus.
Nous quittons Léo et Lolita pour mouiller plus au nord-est. Tahaa est la seule île de l'archipel de la Société dont
on peut faire le tour en restant à l'intérieur du lagon. Ancrés dans le sable derrière les motus qui bordent le récif,
c'est encore un coin bien agréable. Entre ces îlots, on va faire une balade au dessus du corail dans 1m d'eau. Pas
beaucoup de variétés ni de couleurs, mais le corail est plus vivant que sur Huahine. Il n'est pas rare de voir des
familles polynésiennes venir sur un motu pour le pique-nique du dimanche. C'est le cas ici où un petit abri a été
construit. Quelques-uns de ces îlots abritent aussi une petite pension, mais l'espace demeure en grande partie désert.
C'est au nord-ouest de l'île que nous partons ensuite pour un nouveau mouillage sur le récif. Durant le parcours
on croise le "Paul Gauguin", paquebot de croisière, qui débarque sa cargaison de touristes sur un des motus.
Mais le mouillage convoité est agité, et rempli de têtes de corail. Nous nous rabattons sur la côte en face, dans
la petite marina de Tapuamu, où il y a tout juste la place pour Mateo au milieu des bateaux locaux et des navettes
touristiques des hôtels sur les motus. Emplacement et eau gratuits, on n'est pas habitué à cela chez nous. Nous sommes
le seul voilier et l'on ne passe pas inaperçu. La route passe à quelques mètres et nous voyons défiler devant nous les
pick up, camions, voitures, motos et des scooters jusque tard le soir …. On avait perdu l'habitude de ces
bruits, comme de ceux des poules, des chiens. Nous y restons juste pour une nuit, le temps de faire les pleins d'eau
et de gazole.
C'est près des bungalows du grand hôtel Private Island, un hôtel de grand luxe à 1000 euros par nuit le bungalow, que
nous passerons notre prochaine nuit. Le mouillage est bizarrement agité dans la journée par un clapot formé par vent
et courant, qui se calme le soir et réapparaît vers 10h du matin.
Entre les motus Tautau et Maharare à coté de l'hôtel, se trouve le Jardin de Corail: ce lieu de tourisme subaquatique
est magnifique. Sur environ 200 mètres, on se laisse porter par un fort courant qui s'intensifie entre les deux îlots:
au départ, on freine des pieds ou des palmes pour rester maître de ses mouvements et puis, petit à petit, on se laisse
aller par ce courant en "survolant" la faune et la flore. Nous nous faufilons ainsi au milieu d'une grande variété de
coraux violet, orange, jaune, brun.. des anémones et des poissons magnifiques. Ceux-ci sont si familiers qu'ils
viennent à portée de main, nous suivent, et posent même devant l'objectif. C'est tellement beau qu'on y retourne
une deuxième fois: un tour gratuit comme à la foire! Attention aux oursins, très gros, noirs et piquants ! Avez-vous
vu ce poisson clown qui nous attend pour une visite guidée ? Nous nageons dans le monde de Némo. On ne se lasserait
pas de déambuler ainsi dans ce jardin sous-marin mais il commence à faire frais. Voici plus de 3 heures que nous
pataugeons dans l'eau, et le soleil commence à décliner.
Le lendemain matin, Dominique décide de faire une balade en kayak derrière le motu. Il s'arrête discuter avec un groupe
de polynésiens, accompagnés d'un géomètre venu de Papeete. Ils sont en train de faire le partage de l'îlot, une moitié
étant propriété de l'hôtel de luxe, le reste étant partagé entre 10 familles propriétaires. Avec la venue au pouvoir
du gouvernement indépendantiste d'Oscar Temaru, les problèmes fonciers ont pris de l'importance en Polynésie. Certains
locaux veulent récupérer des terrains familiaux cédés plus ou moins légalement à des popa'as (étrangers). Un cadastre
est en train de se mettre en place, pas facilement, car beaucoup de choses ont été faites sans papiers, et les régimes
de propriété ancestraux étaient familiaux et non individuels.
Notre prochaine escale se situe à la pointe sud-ouest de l'île sur une des bouées de Marina Iti. En fait l'endroit
vient de changer de propriétaire et s'appelle maintenant Taravana Yacht Club. Il a été repris il y a 2 mois par un
américain de Californie, arrivé il y a 35 ans sur un petit voilier de 9 m et tombé amoureux de Bora-Bora. Il s'y est
marié, a eu des enfants, et c'est l'un de ses fils, Maori, qui tient le bar-restaurant-pension-yacht-club. Il veut
en faire une halte agréable et bien utile pour les voyageurs comme nous, avec laverie, accès Internet et même un petit
atelier pour bricoler.
Le soir nous irons prendre un verre au bar, qui se terminera à la bougie car il y a régulièrement des coupures
d'électricité sur l'île. Le décor a une atmosphère très exotique avec l'ameublement constitué de gros bambou. Tissus
polynésiens à fleurs, mobiles de coquillages et peintures du coin complètent le tableau. Quelques bungalows attenants
accueillent des touristes de passage. C'est tranquille et on s'y sent bien pour déguster une bonne Hinano bien fraîche !
Nous partons, tous les quatre, le lendemain pour une petite balade en stop, visiter La Maison de la Vanille qui se
trouve à quelques kilomètres dans l'intérieur. Malheureusement ce n'est pas la saison du travail de préparation des
gousses. L'exploitant nous expliquera les procédés de séchage, de massage et de mesure de la gousse devant des
installations vides. Dommage !
Nous redescendons en passant par le village de Puotoru. Les enfants râlent de marcher si longtemps ainsi alors que sur
le bateau, il y a livres, BD, game-boy !
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