Notre position :
L'équipage est de retour en France
Mateo est resté à Nouméa
    
Dernière mise à jour : 13/06/2010

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Un an après le retour, quel bilan ?



Déjà un peu plus d'un an que nous sommes rentrés. Il nous a bien fallu tout ce temps pour nous remettre de nos émotions et retrouver notre rythme terrien. Et encore…
Le retour, ce n'est pas la partie la plus facile du voyage, du moins dans la tête. Lorsqu'on a préparé et vécu un tel projet pendant 8 ans, qu'on a passé pendant quelques années la majeure partie de ses moments libres au chantier, et le reste du temps l'esprit tourné vers les lagons, ça fait un vide quand tout est terminé.

Petit retour en arrière:

Les premières semaines, les premiers mois, on était très content de revoir la famille, les amis, de raconter bons et mauvais moments et de montrer nos photos, même si il fallait souvent répéter les même choses. On a aussi apprécié de retrouver les plaisirs de la table, autre forme de convivialité, surtout au moment des fêtes.

On a retrouvé avec plaisir notre maison dans son petit coin de campagne, et heureusement qu'on ne s'est pas réinstallés au retour dans un grand immeuble en ville.
Et puis il a fallu reprendre le travail en septembre, le rythme et la répétition des horaires, des taches… Retrouver le même bureau, les même collègues, aller manger tous les midi à la cantine, à coté de la découverte quotidienne qui a été notre vie sur le bateau, cela a un petit goût de retour en arrière pas très stimulant.
La météo joue aussi sur le moral, les premiers froids, les longues périodes de temps gris et humide, Et comme par hasard, de vielles douleurs de dos et d'épaule se sont réveillées, alors que pendant 2 ans elles ne se sont pas manifestées.

Les enfants avaient envie de revoir les copains et surtout de retrouver des jeunes de leur age, ce qui leur avait manqué un peu pendant 2 ans. A la rentrée de septembre ils ont eu l'air de retourner a l'école comme si il ne s'était rien passé, et ils parlaient très peu du voyage autour d'eux, comme pour ne pas se faire remarquer.
Mais on s'est rendu compte au bout de quelques semaines, après avoir rencontré les professeurs, que ce n'était pas si simple. La professeur de géographie de Sylvain nous a dit qu'au début il avait l'air d'un "martien" dans la classe. Quant à Florian, ses premiers résultats scolaires ont montré qu'il ne pouvait pas suivre en 3ème et qu'il valait mieux qu'il reprenne des bases en 4ème. Il etait d'ailleurs plus à l'aise avec les jeunes de cette classe qu'avec ses anciens copains d'avant le départ qui ont évolué différemment et avec les quels il ne se reconnaissait plus.
La deuxième rentrée s'est déroulée plus facilement, le pli est repris. Pour eux, la page est plus facilement tournée, et ils ont maintenant repris le cours de la vie comme si de rien n'était ou presque. Il leur faudra encore quelques années avant de digérer le voyage et que ce qu'ils ont vu et ressenti revienne leur donner des envies d'autre chose.

On essaye de trouver des moyens de prolonger le voyage, en faisant quelques conférences, en éditant un calendrier, un carnet de voyage, en écrivant des articles dans des revues, textes qui serviront peut-être de base à un livre en cours de rédaction. L'écriture est un moyen de réfléchir et de remettre ses idées en place.
Le site, même si il est moins régulièrement alimenté, est encore consulté par 30 à 50 personnes par jour, ce qui nous étonne toujours.

Heureusement aussi, grâce à Internet et à Skype, on a des nouvelles régulières de Mateo dont des copains s'occupent, avec de temps en temps une photo. On a hâte de retourner le voir…
On a aussi des nouvelles de ceux qu'on a rencontré en cours de route, ceux qui en bateau continuent la route, ceux qui rentrent quelques mois et qu'on revoie en France et ceux qui nous ont accueillis en cours de voyage (voir page de liens "Copains Voyageurs").

Globalement, on ressent une insatisfaction latente, reflet de notre société: la surconsommation, la multiplicité des possibilités d'agir, créent, à l'inverse de la simplicité de notre vie pendant 2 ans, un sentiment d'inachevé et de manque. Retrouver simplement le quotidien a du mal a nous satisfaire, même si on essaye de garder un peu du rythme zen et de la convivialité que l'on a tant apprécié. Ce qui nous manque le plus, plus que les beaux paysages, plus que les eaux chaudes et transparentes, ce sont les rencontres, leur diversité, leur imprévu et leur spontanéité.

Le retour se vit un peu en fait comme un deuil, et comme tout deuil il faut que le temps fasse son oeuvre. C'est le deuil d'une période de bonheur, d'autant plus idéalisé avec le recul, le deuil d'une liberté. Sans compter les questions existentielles que l'on peut se poser après 20 ans de vie commune, et qui ont été mises en sourdine lorsqu'on était pris par nos différents projets, activités,… Même si c'est le lot de nombre de couples, elles ressurgissent avec plus de force maintenant.

Faudra-t-il redémarrer un nouveau projet pour être pleinement heureux? On se cherche pour l'instant, c'est le moment de faire le point sur la vie qu'on mène et celle qu'on veut mener dans les années à venir, pour nous et nos enfants.

En attendant de pouvoir aller retrouver Mateo, ce qui est prévu pour l'été prochain, on s'occupe de notre maison, et on essaye de l'améliorer pour vivre dans des conditions plus écologiques, et ainsi préserver la planète et les beautés qu'on en a vu pendant le voyage. Quand on a vécu de façon très autonome en bateau, on se dit qu'à terre on peut faire aussi des efforts. On vient d'installer une batterie de panneaux solaires sur le toit de la maison: comme sur Mateo ils produisent une partie de notre électricité, même si cet été le soleil n'a pas été très généreux.

    

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