Notre position :
L'équipage est de retour en France
Mateo est resté à Nouméa
    
Dernière mise à jour : 13/06/2010

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Bilan après une année de voyage:


On fait actuellement un arrêt de plusieurs semaines en Equateur, avant de repartir pour la traversée du Pacifique. Comme cela correspond à peu près à la moitié du voyage, en durée comme en distance, on en profite pour faire un petit bilan de la première année.


 


Bilan après une année (par Dominique)


Le bateau et le matériel

On touche du bois mais pour l'instant le bateau n'a pas trop souffert: juste un petit choc sur l'étrave lors du passage de Panama. La peinture du pont s'écaille de plus en plus mais nous aurions du la finir et passer un antidérapant avant de partir, c'est notre faute !
Le gréement n'a pas bougé, juste une usure normale des drisses et écoutes que l'on a inversé ou raccourci pour déplacer les points d'usure au bout d'un an.
La grand-voile a un peu d'usure, au point de frottement des lattes sur les haubans, et un petit accroc, rien de bien méchant.

Question électronique, pour l'instant seule la girouette nous a lâchée pendant la traversée de l'Atlantique. Comme ce n'est pas une marque courante (VDO) il a fallu la renvoyer en France, mais ça ne fonctionne toujours pas et il semble que ce soit un problème de câble. Mais il est coincé et il faudrait démonter la tête de mat ce que nous n'avons pas pu faire encore.

Les seuls problèmes que nous ayons vraiment eu concernent les moteurs, comme cela est courant sur les voiliers! D'abord le problème de l'inverseur au Portugal qui nous a valu une grosse réparation et de gros frais, car il a fallu sortir le bateau de l'eau et peu d'endroits sont prévu pour un bateau large comme le notre, puis des problèmes de connexion électrique de temps en temps qui empêchent le démarrage d'un des moteurs parfois. Des problèmes aussi de surchauffe lorsqu'il a fallu les faire tourner a fond pour le Canal, sans doute une ventilation insuffisante des compartiments moteurs.
Des petites entrées d'eau également, mais le problème est réglé depuis qu'on a posé des valves anti-retour sur les tuyaux des pompes de cale.
Une des barres s'est fendue et il a fallu la recoller, pourtant on répète bien qu'il ne faut pas s'appuyer dessus lorsqu'on monte à bord par la jupe !
Juste un dernier petit souci: la poignée des WC se casse régulièrement et il faut la recoller à chaque fois !



La vie en famille

Première constatation, on est toujours 4 à bord !
Pas toujours évident de vivre 24h sur 24 en famille sur un bateau. On se découvre autrement, même si on vit ensemble depuis près de 20 ans, et aussi on évolue différemment. Et ici on ne peut pas s'évader et aller discuter avec les collègues, les copains… Alors il y a parfois de l'orage dans l'air! Et puis même si les enfants et les parents ont chacun leur coque, il y a la promiscuité, avec ses avantages et ses inconvénients. Nous voyons nos enfants évoluer avec plus de proximité, mais leurs chamailles nous touchent plus aussi.
Il y a même eu quelques moments où on se demandait ce qu'on faisait là, pourquoi on avait entraîné nos enfants dans cette aventure et si on ne ferait pas mieux de rentrer tout de suite … En mer les questions existentielles ont plus le temps de se poser qu'à terre !!
Et lorsqu'on a une tendance au stress comme Joëlle, sur un bateau il y a de quoi l'alimenter !



Les enfants

Nous pensions qu'ils allaient rapidement prendre de l'autonomie, de la maturité, mais ce n'est pas encore le cas. Florian a eu beaucoup de mal à se motiver pour l'école pendant toute l'année, on a même pensé un moment à le faire rentrer et passer sa deuxième année en France, d'autant plus que ses copains lui manquent parfois. Mais un de ses copains vient le voir en Equateur, et maintenant qu'il n'a plus la tête dans le guidon pour l'école, il voit les choses différemment et semble mûrir un peu … Sylvain qui avait commencé son année très sérieusement, a relâché son effort en cours d'année, au vu de l'exemple de son frère. Dommage. En plus il est toujours très compétiteur et essaye de "marcher sur les pieds" de Florian dès qu'il peut, ce qui énerve son frère et les parents aussi …
Même si les copains leur manquent ils ne courent pas au devant des autres, et même lorsque nous étions au ponton dans une marina, il fallait les pousser. Ils ont pris l'habitude de jouer ensemble et se suffisent à eux-mêmes bien souvent. Ce voyage les a rapproché, tant moralement que physiquement, au point que certaines personnes les prennent pour des jumeaux malgré leur différence d'age de trois ans.
De temps en temps ils réclament bien certains "luxes modernes" (Game-Boy, DVD, …) mais ils ne sont pas trop accros !



L'école

Un gros morceau qui conditionne un certain nombre de choses à bord, depuis l'emploi du temps, les rapports parents-enfants, et même les dates et lieux d'escale parfois, pour avoir une agence postale sous la main ou profiter de copains qui rentrent en France. Le programme du Cned est très bien fait, très structuré, mais très contraignant car il faut retourner les évaluations à des dates précises, en tenant compte des délais d'acheminement. Le contenu des cours pour le collège est dense, surtout pour Florian qui n'est pas un rapide, et nous avons du élaguer un peu en fin d'année.
Ces cours sont prenants pour les enfants mais aussi pour les parents car il faut être constamment présent, avec Sylvain au primaire, et intervenir régulièrement avec Florian pour voir s'il comprend bien. Nous avons essayé de nous partager la tache, mais Joëlle s'y est collé plus, surtout lorsqu'il y avait des choses a faire à l'extérieur: courses, Internet, bricolages …
Mais on assume car on sait bien que sans le Cned on ne ferait sans doute pas ce voyage.
Ce fut un grand ouf de soulagement quand on a posté les derniers devoirs, terminés à l'arraché pour Florian.
Dommage aussi pour Florian qu'il ait du mal à suivre son programme de musique, comme nous nous y étions engagé auprès du Conservatoire et de sa prof de musique. La motivation n'y est pas sans doute, il n'y a pas la stimulation des autres élèves, et les entraînements de flûte se font de plus en plus espacés.
Un grand merci à Marie-Odile, notre correspondante Cned, pour le travail qu'elle effectue: scans des devoirs corrigés, ce qui évite beaucoup d'envois postaux, relations avec le CNED, inscriptions…



Les visites a bord

Un des points les moins facile à gérer ce sont les visites a bord, car en bateau il n'est pas évident de respecter un planning avec des dates et des lieux précis. Cela nous oblige à annuler ou raccourcir certaines escales, à nous presser parfois, et à rater certains rendez-vous ou en tout cas à ne pas toujours en profiter pleinement. Et pour nos visiteurs, des changements de dernière minute, des ratés et parfois des frustrations.
Mais les visites sont des grands moments de bonheur pour nous: revoir la famille ou les copains, avoir des nouvelles du pays, recevoir courriers et petits cadeaux, partager notre vie, et aussi ouvrir le cercle familial.
D'autant plus que nous savons que pendant la deuxième année elles seront plus rares, longueur et coût des trajets obligent.



Les escales

On est très contents du choix de nos escales: on a pu s'arrêter au Cap-Vert et même si ce fut plus court que ce qu'on pensait, dans les deux îles que nous avons visitées, les rencontres furent chaleureuses et intéressantes: avec Zidane à Sal et Alberto à Brava.
Aux Antilles nous avons choisi de passer par le nord plutôt que le sud: d'abord parce que nous connaissions déjà certaines des îles du sud (Grenadines), et à cause des problèmes de sécurité au Venezuela vraiment trop importants en ce moment. Nous n'avons pas regretté, d'autant plus que nous avons profité de notre virée vers le nord pour participer aux actions humanitaires de Voiles sans Frontières et déposer des cartons à l'Ile à Vache en Haïti. Antigua, les Iles vierges sont des escales que nous avons beaucoup appréciées, moins pour les contacts que pour les paysages, tant terrestres que sous-marins. Et l'Ile à Vache fut vraiment une découverte pour le mode de vie et les relations amicales.
Dans toutes ces escales nous avons eu peu de problèmes de sécurité, à part St Domingue et la ville de Colon à Panama, mais en prenant des précautions et en évitant certains endroits, c'est supportable.
Notre dernière escale avant Panama, les San Blas, fut vraiment un bonheur, tant par les paysages, les contacts avec les Indiens Kunas, les langoustes, et là aussi ce fut un peu court.
La diversité des climats, des paysages et surtout des niveaux de vie nous oblige à nous adapter à chaque fois, mais c'est aussi un enrichissement pour tout l'équipage.
C'est vrai que bien souvent la durée de nos escales ne permet pas de nouer des contacts très approfondis, mais lorsqu'on se plait bien dans un endroit on y passe facilement 8 à 10 jours. Et même dans les endroits les plus reculés, comme Haïti, Internet est maintenant un moyen de garder le contact même une fois partis !



Les rencontres avec d'autres voyageurs

Dans l'Atlantique on rencontre beaucoup de français, la majorité font une boucle en un an, et d'autre, surtout des retraités traînent plusieurs années dans les Caraïbes. En particulier, les français sont pratiquement les seuls à voyager avec des enfants, merci au Cned, sans équivalent ailleurs, qui permet de continuer la scolarité. Les retraités, eux, font régulièrement des allers-retours avec la métropole en laissant leur bateau dans des lieux sûrs de place en place.
Depuis l'Espagne jusqu'à St-Martin, on s'est retrouvés régulièrement avec certains équipages et nous avons noué quelques amitiés qui on l'espère se poursuivront a notre retour. Surtout qu'avec Internet on continue à se parler même si nos chemins sont maintenant différents.
On a aussi eu des relations avec des hollandais, des allemands, des suisses, et quelques américains qui ne sont pas tous pro-Bush et anti-français !
Et on a aussi fait la connaissance d'expatriés Français aux Antilles avec qui nous avons été contents de partager des moments à terre.



Les communications

C'est ce qui change le plus notre vie depuis le précédent voyage.
Avec la technique (ordinateur, téléphone satellite, Internet) on peut communiquer facilement, même si ce n'est pas en direct.
D'abord par l'intermédiaire du site, qui est consulté régulièrement par des centaines de personnes, par les mails qu'on reçoit et envoie en direct à la famille et aux copains, et même parfois à des gens inconnus que l'on fait rêver et qui nous questionnent sur notre voyage.
La messagerie permet d'échanger des informations avec d'autres bateaux qui nous précèdent ou qui suivent le même trajet que nous.
La présence de cybercafés dans tous les pays facilite ces échanges de courrier et nous permet aussi de suivre nos finances plus facilement.
Et quel bonheur grâce à ces moyens techniques d'avoir très régulièrement des nouvelles de nos proches, et même de participer un peu à distance aux réunions de famille! Merci France Télécom !



Le site Internet

Une des grandes satisfactions de ce voyage. Un GROS merci à Philippe, le Webmaster, pour le travail énorme qu'il réalise pour mettre en place textes, photos et suivre la liste de diffusion.
Ce site nous permet de relater ce que l'on voit et de partager cette aventure, c'est un peu notre journal, ainsi que de communiquer avec des amis et d'autres personnes qui nous suivent, nous écrivent…. Et dont parfois on fait la connaissance au hasard d'une escale!
Apparemment d'après vos messages, ce site vous permet de rêver, ce qui nous fait bien plaisir à nous aussi.
On y passe beaucoup de temps, en particulier lorsque après une traversée il faut rattraper le retard de une ou deux semaines de messages, préparer les articles, sélectionner les photos!! Mais c'est un plaisir de raconter et d'y ajouter quelques informations historiques ou culturelles glanées à droite ou à gauche.
Petit bémol sur les travaux que nous avions prévu avec des classes: les contacts sont moins suivis que ce qu'on prévoyait, et le retour d'information sur le travail réalisé par les élèves difficile à avoir.



La navigation

La aussi les choses se sont simplifiées: avec l'ordinateur, on prépare en quelques clics la route à faire, et ensuite on laisse le Gps tracer la route tout seul sur la carte à l'écran. Des la sortie du port on mets le pilote automatique en route et il n'y a plus qu'à appuyer sur les boutons pour faire les corrections de cap. Un jeu d'enfant !
Bien sur on est parti quand même avec quelques cartes papier, des guides détaillés des mouillages, mais pour le reste on trouve tout ce qu'on veut sur les pontons!
Les manœuvres sur Mateo ne sont pas trop dures et comme elles se font à plat, plus faciles que sur un monocoque. Le seul moment un peu pénible, c'est lorsqu'il faut aller prendre un ris en pleine nuit lorsque le vent a forci …



Les finances

Nous pensions couvrir sans problème nos dépenses avec le loyer de la maison (820 €) mais cela s'avère trop juste et nous avons du puiser un peu dans nos réserves. Et pourtant nous faisons très attention et ne faisons que peu d'écarts: un resto de temps en temps, et plutôt dans la série économique, quelques sorties, quelques locations de voiture, quelques souvenirs … Pas question de retour en France en cours de voyage comme cela aurait pu se faire si on avait eu les moyens.

Les dépenses importantes que nous avons concernent surtout:
- les frais de marinas, en Europe et aux Antilles. Avec des enfants on va plus souvent en marina, car ils y sont plus autonomes dans les déplacements et y rencontrent plus facilement des copains.
- les taxes locales diverses (douanes, immigration,…) qui atteignent une centaine de dollars à l'arrivée dans certains pays (St Domingue, Panama).
- les frais de gazole: cette année le vent n'était pas souvent au rendez-vous et beaucoup de trajets entre les îles antillaises ont été faits en grande partie au moteur.
- les frais de passage du Canal de Panama: on s'y attendait, mais ça fait quand même un gros morceau.
- Les impôts français: on paye cette année nos impôts de l'an dernier, pour la deuxième année ce sera un poste moins élevé, mais il restera quand même la taxe de francisation du bateau (823€) et la taxe foncière de la maison.
- L'assurance du bateau, un gros morceau (2700€)

Et la vie est devenue très chère aux Antilles, même dans les petites îles. Le touriste, et encore plus le touriste plaisancier, est considéré comme une source de dollars. Le développement de la location de bateau, l'arrivée massive de touristes américains dans les îles du nord, fait que les gens considèrent que l'on a beaucoup d'argent à dépenser, ce qui n'est pas tout a fait vrai pour nous voyageurs.
Et dans beaucoup de pays au niveau de vie très faible, la possession d'un bateau fait qu'on est considérés comme des milliardaires, et donc source potentielle de dollars: si l'on y prends pas garde les prix sont parfois multipliés pour nous par 2 ou 3, parfois plus !



L'énergie du bord

Nos deux panneaux solaires de 85 W fournissent toute l'énergie nécessaire, que ce soit au mouillage ou en mer, sauf pour le frigo, gros consommateur, fonctionnant au gaz. On fait attention, surtout en mer lorsque le pilote automatique marche en permanence, et on gère avec parcimonie l'éclairage, les feux de navigation, et l'utilisation de l'ordinateur. Mais on n'a jamais senti le besoin de mettre en service l'hydrogénérateur, et de plus je ne suis pas convaincu à l'idée de traîner ce gros poisson.



La santé

On est parti avec une pharmacie conséquente qui occupe un coffre entier de Mateo! Heureusement elle ne nous a pas beaucoup servi: quelques anti-inflammatoires pour une tendinite de l'épaule qui se réveille de temps en temps pour Dominique, un traitement anti-herpès pour Joëlle, une otite suite à un carénage en plongée pour Dominique et surtout quelques traitements anti-diarrhéiques, en Equateur principalement, pour tout le monde: lorsqu'on voyage à terre, l'hygiène laisse parfois à désirer, et même si on fait attention on ne peut pas vérifier si les jus de fruits sont tous faits avec de l'eau minérale.
Et cette pharmacie sert aussi parfois lorsqu'à l'Ile à Vache ou aux San Blas on est amené à soigner une plaie ou donner une plaquette d'aspirine.



La nourriture

A notre départ les soutes de Mateo étaient bien remplies de conserves et féculents de toutes sortes. Le stock a été entamé lors de nos escales au Cap-Vert, puis lors de la traversée de l'Atlantique. On le reconstitue en cours de route, plus ou moins complètement selon le coût de la vie et l'approvisionnement des pays où l'on est. Saint-Martin, puis surtout Panama et l'Equateur on été l'occasion de remplir à nouveau les soutes à bon prix avant le Pacifique.
Pour le reste, les fruits et légumes locaux, la viande souvent congelée, les poissons ou crustacés achetés à des pêcheurs locaux, et quelques petits supermarchés ou boutiques permettent d'assurer le courant. Même dans les coins les plus reculés, les transports se sont améliorés et on peut trouver un minimum de choses.
Le fait d'avoir un frigo est aussi un sacré avantage: on peut avoir du frais même en mer pendant une semaine pour la viande, et plus pour fromage, beurre, et boissons. La pêche reste accessoire, et on ne compte pas sur la bonite ou la dorade trop rare à notre goût!



1 an déjà (par Joëlle)


Ce que j'apprécie beaucoup dans notre voyage, c'est cette liberté d'action d'aller où l'on veut et de partager, sans attendre, avec des personnes qu'on ne connaît que depuis quelques heures.
Tout va vite, les relations s'installent et déjà nous avons l'impression de nous côtoyer depuis des jours. Les échanges sont très divers, … c'est un film qui dure depuis déjà un an !
Nous allons ainsi à la découverte du monde, à notre rythme et avec le soleil. Le mot "voyage" a plus de sens pour moi. Il signifie vivre avec la nature et s'adapter avec les éléments. Nous savons peut-être mieux, ce que "prendre patience" veut dire aussi. On pense alors à nos nouvelles contrées, à notre arrivée, et c'est cela qui nous tient constamment en haleine.
L'Atlas est très souvent sorti. Dès que l'on parle d'une ville ou d'une région, les enfants veulent situer. La curiosité est très présente. Nous les voyons souvent lire des documentaires dans des revues comme "Loisirs nautiques", "Voiles et voiliers", "Partir", "Géo"…….C'est très net : ça les intéresse !
Quand on arrive dans une nouvelle contrée et que je n'ai pas encore parcouru "le guide nautique" ou "le guide du routard", Florian comme Sylvain me dresse un topo et me voilà déjà bien informée.


La vie de famille se passe agréablement même s'il faut toujours intervenir quand les garçons se chamaillent et n'arrivent pas, tout seul, à régler leur discorde. Nous avons la chance d'être avec eux pour deux ans et de les voir grandir, s'émerveiller. Nous sommes avec eux pour les guider, les épauler, mais aussi pour leur faire découvrir un monde qu'ils ne pensaient pas voir ainsi, mais, autrement, sorti des sentiers battus.
A travers ce voyage, ils partagent leur vie avec leurs parents. Parfois, Florian avoue que ce n'est pas toujours bien et qu'il aimerait aussi la présence des copains de son âge. Sylvain, lui, a besoin constamment de compagnie. Il n'aime pas jouer seul et fait toujours appel à son grand frère qui ne l'accepte pas toujours. Au refrain "je sais pas quoi faire", c'est souvent Sylvain qui nous tient ce langage. Le plus difficile pour lui est de se trouver des occupations. Très souvent les "légos" sont sortis, les livres, les jeux de société mais ça ne suffit pas. Il aime être entouré et il aime partager.
Les enfants ont très vite pris conscience de ne pas gaspiller, que ce soit pour l'eau ou pour la charge des batteries. L'environnement les touche également et ils n'aiment pas du tout voir des plages sales, des détritus traînés.


Je constate que j'ai besoin de me confier beaucoup plus depuis qu'on est partie a des ami(e)s et des proches autre que le cercle familial. Les occasions se sont présentées avec d'autres "voileux" francophones rencontrés à la Goméra (Les Canaries), Madère ou aux Antilles mais c'est trop peu.
Loin de la France, loin des nouvelles de mon pays et de ce qui s'y passe, la presse me manque aussi mais, cela reste passager. Dans ce cas, j'en profite quand on va au cyber café pour lire l'actualité (pas toujours reluisante !)
Il m'arrive parfois d'avoir le coup de blues quand je pense aux amis, à la famille et j'ai les larmes aux yeux. C'est le côté désagréable de ce voyage : quitter ceux que l'on aime. Je partage avec eux par internet notre voyage mais quand un ami ou un membre de la famille est là, c'est un grand bonheur ! Je ne suis plus devant un écran !
Nous avons accueilli tout d'abord Larissa pendant la traversée de l'Atlantique et notre nouvelle équipière était fort agréable. Puis les parents de Dominique ont séjourné en Martinique et nous avons pu passer de bons moments ensemble, (même si c'était trop peu). Mon frère Dominique a pris le relais. Navigation et coups de soleil, punchs… c'était pour lui un bon dépaysement. Patrick et Véro nous ont rejoint pour 15 jours pour faire la Guadeloupe via La Dominique. Ils en gardent de bons souvenirs. Nous aurons retrouvé aussi Patrick, Jeanne-Marie, Alexis et Clément avec qui nous avons fait de la plongée à l'Ile aux Pigeons en Guadeloupe. Il faudra attendre plusieurs mois pour accueillir avec impatience Angèle, Yann et Jean-Gabriel, en Equateur. Nul doute que cette escale de 3 semaines a beaucoup plu à tout le monde.


Vivre sur un bateau demande beaucoup d'ordre et ça, ce n'était pas gagné pour Florian et Sylvain. Ils ne ressentaient pas le besoin de ranger (peut-être parce que Mateo ne gîtait pas assez !). Il fallait donc constamment leur demander de s'exécuter. Ces consignes, mille fois répétées, commencent tout juste à faire effet après 11 mois de navigation !... mais…. je range encore sur Mateo. Par contre, je remarque qu'ils sont bien plus attentionnés à penser à recharger leurs piles pour pouvoir jouer à la Game Boy ou écouter le lecteur CD !
L'ordre est plus important sur un bateau que dans une maison et chaque chose a sa place.
Mateo est un bateau qui se comporte bien sur l'eau et j'ai d'autant plus confiance en lui que nous l'avons construit de nos propres mains. Nous connaissons donc sa structure de A à Z et tous ses petits recoins. Nous sommes satisfaits de ses performances et de son habitacle. Il est très agréable à vivre au mouillage comme en mer.


Pendant notre voyage, nos mouillages auront été divers :
  1/ à l'ancre, dans des endroits sauvages, naturels
  2/ sur une bouée dans des ports,
  3/ à un ponton, dans une marina (en général, dans ce cas là, nous avons l'eau à volonté).
     Cette 3è possibilité a permis aux enfants de se faire quelques copains mais c'est toujours difficile pour eux, encore maintenant, d'aller vers les autres "rapidement".

Le ponton permet aussi de faire des lessives en grande quantité, à la main (du moins, j'en faisais beaucoup ainsi au début du voyage). Par la suite, j'ai préféré garder le linge sale pendant nos navigations dans l'attente d'un lavomatique dès que possible. J'en avais assez de laver à la main et puis les enfants ne faisaient pas plus attention à leurs vêtements et me donnaient leur linge sans se soucier de la "machine" qui lavait derrière! Mais il m'arrive encore de laver manuellement quand il n'y a pas de lavomatique.
Nous profitons d'être au ponton pour nettoyer aussi, l'intérieur comme l'extérieur du bateau et faire le plein d'eau des réservoirs.
En fait, on ne se repose pas tant que ça et il y a toujours quelque chose à faire. Il y a des jours où j'usine à tour de bras. Pour Dominique, c'est bricolage, réparation, ordinateur etc.
En fait, nous sommes tous les deux bien occupés !


Les journées sont également bien occupées par l'école quand on fait ce choix de voyager avec des enfants.(voir article sur l'école)
Nous sommes, à leurs yeux, un parent d'abord et un professeur ensuite, mais ce professeur là est vite occulté au cours de la leçon. Les limites ne sont plus les mêmes et parfois, c'est le conflit. Le CNED aura apporté beaucoup de tension entre Florian et moi.
J'avais un planning dans la tête et des échéances, lui était en voyage, parti dans ses rêves en train d'imaginer qu'il est Robinson Crusoë sur une île déserte !


Au début de l'année, on avait commencé un "beau cahier" avec date, titre de la leçon, prises de notes et résumé. Après plusieurs mois, le cahier était moins utilisé. La leçon se faisait plus par oral. Est-ce le temps qui pressait et/ou les enfants qui relâchaient ? certainement les deux à la fois mais aussi, parce que le programme était trop chargé et qu'on ne pouvait pas tout faire par écrit ! Comme beaucoup de bateaux rencontrés en cours de voyage, on s'est aperçu qu'il n'était pas possible de suivre à la lettre le travail demandé par le CNED.

J'ai constaté, pour Florian comme pour Sylvain, que l'écriture était moins appliquée et qu'il fallait aussi du temps pour rédiger : un point faible pour Florian qui doit, parfois, exécuter ses devoirs dans un temps limite.

Par contre, concernant la vision du monde géographique, ils se débrouillent plutôt bien.
Depuis notre départ d'Arzal, les enfants ont changé. Leurs yeux ont vu et leur mémoire leur laisse des souvenirs bons ou mauvais. Rares sont les instants où ils nous racontent cependant leurs impressions du moment. C'est souvent, soudainement, lors d'une discussion ou parce qu'un détail leur fait rappeler un pays, une personne ou un fait. Leur carnet de voyage commencé en Espagne s'est interrompu.
J'ai beaucoup de mal à leur faire raconter ce qu'ils voient, ce qu'ils aiment ou détestent. Pourtant, quand j'évoque avec eux l'idée de lire, plus tard, dans quelques années ce qu'ils auront vécu avec nous, ils sont prêts…mais il faut commencer par écrire, par s'exprimer, détailler et ça rappelle tellement l'école ! Dommage !
Par contre, collectionner des pièces de monnaie, du sable, des pierres, des coquillages, des plaquettes de voyage ramassées dans des offices de tourisme ou des cartes (plans de ville, cartes de la région)… aucun souci…nous en avons un plein sac !

Les meilleurs moments de ce voyage ce sont l'arrivée et la découverte d'une nouvelle ile avec ses gens, sa langue. J'ai les yeux grands ouverts et je savoure ces moments de promenades à travers un sentier à la découverte de la région, où en voiture à travers l'île. C'est encore bien mieux quand on rencontre un autochtone qui nous souhaite la bienvenue dans son pays. Nous essayons le plus possible de côtoyer des locaux mais il n'est pas toujours simple de se faire des relations sans connaître quelqu'un qui nous guide. Quand on a une adresse, un nom ou un contact téléphonique, on n'hésite pas. On sait que forcément ce sera mieux. C'est ainsi qu'au Cap Vert, nous avons été chaleureusement accueilli par "Zidane", qu'en Martinique, nous avons fait connaissance avec Emilie et Michel de "Voiles sans frontière" et Catherine et Philippe (expatriés français), à la Dominique c'est Alex (marié à une française) qui nous a ouvert ses portes, à Haïti Jean-Pierre (dont son enfant sera notre filleul), Jean-Paul et Sylvie à Panamarina qui nous feront connaître Miguel puis Agnès et Vincent aux Galapagos (tous deux biologistes français) ainsi que Paolo et Laëtitia. Nous espérons que ces rencontres continueront tout le long de notre chemin.
Là où les touristes sont nombreux, les relations sont beaucoup plus distantes voire inexistantes. Mais nous le savions et c'est pourquoi nous essayons d'aller dans des coins moins fréquentés, moins connus.

Le temps des escales passe ainsi à visiter, connaître un peu mieux ceux qui vivent là. Il m'arrive de me replonger dans des bouquins relatant leur histoire, tourmentée parfois, comme en Equateur avec des rebondissements politiques en pagaille. Je retourne alors sur les bancs de l'école et ce n'est pas désagréable !
C'est une adaptation perpétuelle suivant le pays rencontré et nos repères européens sont bien loin que ce soit dans le domaine culturel, linguistique, ou gastronomique. Je m'émerveille à chaque changement et c'est bien cela qui me plaît le plus.
Ce que j'aime beaucoup aussi dans les petits villages ou dans certains quartiers de ville, ce sont les marchés. J'adore déambuler et observer ainsi les stands. Ils sont si vivants, si colorés et bien sûr odorants. Parfois, on se passerait de certaines odeurs nauséabondes. Il ne faut pas être compliqué non plus sur la nourriture plus ou moins fraîche mais, après tout, si on s'improvise ainsi voyageur, on s'adapte au milieu ! Gare à la tourista !

Dans la partie antillaise, ce sont aussi les fonds sous-marins qui m'ont plu, à commencer par la Guadeloupe sur l'île aux Pigeons. Je me suis apprivoisée avec l'eau (qui n'est pas mon élément naturel) Plus tard, dans les îles Vierges, nous irons quotidiennement dire "bonjour" aux poissons. Cette faune et cette flore aquatiques sont magnifiques. On peut penser au dessin animé de Némo. Grâce aux bouées installées dans des sites sous-marins, nous pouvions en toute tranquillité y laisser Mateo et nous consacrer à nos plongées.




Voici un an que nous voyageons mais je constate hélas que ce monde là n'a guère changé en bien et nous montre encore des visages miséreux, dans le besoin, et des pays en conflit (par exemple Haïti). Il y a encore beaucoup trop de démunis sur notre terre et d'injustice.
Malheureusement, nous sommes spectateurs même si à notre niveau, nous agissons dans des actions humanitaires.

    

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