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Le bateau et le matériel
On touche du bois mais pour l'instant le bateau n'a pas trop souffert: juste un petit
choc sur l'étrave lors du passage de Panama. La peinture du pont s'écaille de plus en
plus mais nous aurions du la finir et passer un antidérapant avant de partir, c'est
notre faute !
Le gréement n'a pas bougé, juste une usure normale des drisses et écoutes que l'on a
inversé ou raccourci pour déplacer les points d'usure au bout d'un an.
La grand-voile a un peu d'usure, au point de frottement des lattes sur les haubans, et
un petit accroc, rien de bien méchant.
Question électronique, pour l'instant seule la girouette nous a lâchée pendant la
traversée de l'Atlantique. Comme ce n'est pas une marque courante (VDO) il a fallu la
renvoyer en France, mais ça ne fonctionne toujours pas et il semble que ce soit un
problème de câble. Mais il est coincé et il faudrait démonter la tête de mat ce que
nous n'avons pas pu faire encore.
Les seuls problèmes que nous ayons vraiment eu concernent les moteurs, comme cela est
courant sur les voiliers! D'abord le problème de l'inverseur au Portugal qui nous a
valu une grosse réparation et de gros frais, car il a fallu sortir le bateau de l'eau
et peu d'endroits sont prévu pour un bateau large comme le notre, puis des problèmes de
connexion électrique de temps en temps qui empêchent le démarrage d'un des moteurs
parfois. Des problèmes aussi de surchauffe lorsqu'il a fallu les faire tourner a fond
pour le Canal, sans doute une ventilation insuffisante des compartiments moteurs.
Des petites entrées d'eau également, mais le problème est réglé depuis qu'on a posé
des valves anti-retour sur les tuyaux des pompes de cale.
Une des barres s'est fendue et il a fallu la recoller, pourtant on répète bien qu'il
ne faut pas s'appuyer dessus lorsqu'on monte à bord par la jupe !
Juste un dernier petit souci: la poignée des WC se casse régulièrement et il faut la
recoller à chaque fois !
La vie en famille
Première constatation, on est toujours 4 à bord !
Pas toujours évident de vivre 24h sur 24 en famille sur un bateau. On se découvre
autrement, même si on vit ensemble depuis près de 20 ans, et aussi on évolue
différemment. Et ici on ne peut pas s'évader et aller discuter avec les collègues,
les copains… Alors il y a parfois de l'orage dans l'air! Et puis même si les
enfants et les parents ont chacun leur coque, il y a la promiscuité, avec ses
avantages et ses inconvénients. Nous voyons nos enfants évoluer avec plus de
proximité, mais leurs chamailles nous touchent plus aussi.
Il y a même eu quelques moments où on se demandait ce qu'on faisait là, pourquoi on
avait entraîné nos enfants dans cette aventure et si on ne ferait pas mieux de
rentrer tout de suite … En mer les questions existentielles ont plus le temps
de se poser qu'à terre !!
Et lorsqu'on a une tendance au stress comme Joëlle, sur un bateau il y a de quoi
l'alimenter !
Les enfants
Nous pensions qu'ils allaient rapidement prendre de l'autonomie, de la maturité, mais
ce n'est pas encore le cas. Florian a eu beaucoup de mal à se motiver pour l'école
pendant toute l'année, on a même pensé un moment à le faire rentrer et passer sa
deuxième année en France, d'autant plus que ses copains lui manquent parfois. Mais
un de ses copains vient le voir en Equateur, et maintenant qu'il n'a plus la tête
dans le guidon pour l'école, il voit les choses différemment et semble mûrir un
peu … Sylvain qui avait commencé son année très sérieusement, a relâché son
effort en cours d'année, au vu de l'exemple de son frère. Dommage. En plus il est
toujours très compétiteur et essaye de "marcher sur les pieds" de Florian dès qu'il
peut, ce qui énerve son frère et les parents aussi …
Même si les copains leur manquent ils ne courent pas au devant des autres, et même
lorsque nous étions au ponton dans une marina, il fallait les pousser. Ils ont pris
l'habitude de jouer ensemble et se suffisent à eux-mêmes bien souvent. Ce voyage les
a rapproché, tant moralement que physiquement, au point que certaines personnes les
prennent pour des jumeaux malgré leur différence d'age de trois ans.
De temps en temps ils réclament bien certains "luxes modernes" (Game-Boy, DVD,
…) mais ils ne sont pas trop accros !
L'école
Un gros morceau qui conditionne un certain nombre de choses à bord, depuis l'emploi
du temps, les rapports parents-enfants, et même les dates et lieux d'escale parfois,
pour avoir une agence postale sous la main ou profiter de copains qui rentrent en
France. Le programme du Cned est très bien fait, très structuré, mais très
contraignant car il faut retourner les évaluations à des dates précises, en tenant
compte des délais d'acheminement. Le contenu des cours pour le collège est dense,
surtout pour Florian qui n'est pas un rapide, et nous avons du élaguer un peu en fin
d'année.
Ces cours sont prenants pour les enfants mais aussi pour les parents car il faut être
constamment présent, avec Sylvain au primaire, et intervenir régulièrement avec
Florian pour voir s'il comprend bien. Nous avons essayé de nous partager la tache,
mais Joëlle s'y est collé plus, surtout lorsqu'il y avait des choses a faire à
l'extérieur: courses, Internet, bricolages …
Mais on assume car on sait bien que sans le Cned on ne ferait sans doute pas ce
voyage.
Ce fut un grand ouf de soulagement quand on a posté les derniers devoirs, terminés à
l'arraché pour Florian.
Dommage aussi pour Florian qu'il ait du mal à suivre son programme de musique, comme
nous nous y étions engagé auprès du Conservatoire et de sa prof de musique. La
motivation n'y est pas sans doute, il n'y a pas la stimulation des autres élèves, et
les entraînements de flûte se font de plus en plus espacés.
Un grand merci à Marie-Odile, notre correspondante Cned, pour le travail qu'elle
effectue: scans des devoirs corrigés, ce qui évite beaucoup d'envois postaux, relations
avec le CNED, inscriptions…
Les visites a bord
Un des points les moins facile à gérer ce sont les visites a bord, car en bateau il
n'est pas évident de respecter un planning avec des dates et des lieux précis. Cela
nous oblige à annuler ou raccourcir certaines escales, à nous presser parfois, et à
rater certains rendez-vous ou en tout cas à ne pas toujours en profiter pleinement. Et
pour nos visiteurs, des changements de dernière minute, des ratés et parfois des
frustrations.
Mais les visites sont des grands moments de bonheur pour nous: revoir la famille ou
les copains, avoir des nouvelles du pays, recevoir courriers et petits cadeaux,
partager notre vie, et aussi ouvrir le cercle familial.
D'autant plus que nous savons que pendant la deuxième année elles seront plus rares,
longueur et coût des trajets obligent.
Les escales
On est très contents du choix de nos escales: on a pu s'arrêter au Cap-Vert et même
si ce fut plus court que ce qu'on pensait, dans les deux îles que nous avons visitées,
les rencontres furent chaleureuses et intéressantes: avec Zidane à Sal et Alberto à
Brava.
Aux Antilles nous avons choisi de passer par le nord plutôt que le sud: d'abord parce
que nous connaissions déjà certaines des îles du sud (Grenadines), et à cause des
problèmes de sécurité au Venezuela vraiment trop importants en ce moment. Nous
n'avons pas regretté, d'autant plus que nous avons profité de notre virée vers le
nord pour participer aux actions humanitaires de Voiles sans Frontières et déposer
des cartons à l'Ile à Vache en Haïti. Antigua, les Iles vierges sont des escales que
nous avons beaucoup appréciées, moins pour les contacts que pour les paysages, tant
terrestres que sous-marins. Et l'Ile à Vache fut vraiment une découverte pour le mode
de vie et les relations amicales.
Dans toutes ces escales nous avons eu peu de problèmes de sécurité, à part St
Domingue et la ville de Colon à Panama, mais en prenant des précautions et en évitant
certains endroits, c'est supportable.
Notre dernière escale avant Panama, les San Blas, fut vraiment un bonheur, tant par
les paysages, les contacts avec les Indiens Kunas, les langoustes, et là aussi ce fut
un peu court.
La diversité des climats, des paysages et surtout des niveaux de vie nous oblige à
nous adapter à chaque fois, mais c'est aussi un enrichissement pour tout l'équipage.
C'est vrai que bien souvent la durée de nos escales ne permet pas de nouer des
contacts très approfondis, mais lorsqu'on se plait bien dans un endroit on y passe
facilement 8 à 10 jours. Et même dans les endroits les plus reculés, comme Haïti,
Internet est maintenant un moyen de garder le contact même une fois partis !
Les rencontres avec d'autres voyageurs
Dans l'Atlantique on rencontre beaucoup de français, la majorité font une boucle en
un an, et d'autre, surtout des retraités traînent plusieurs années dans les
Caraïbes. En particulier, les français sont pratiquement les seuls à voyager avec des
enfants, merci au Cned, sans équivalent ailleurs, qui permet de continuer la
scolarité. Les retraités, eux, font régulièrement des allers-retours avec la métropole
en laissant leur bateau dans des lieux sûrs de place en place.
Depuis l'Espagne jusqu'à St-Martin, on s'est retrouvés régulièrement avec certains
équipages et nous avons noué quelques amitiés qui on l'espère se poursuivront a notre
retour. Surtout qu'avec Internet on continue à se parler même si nos chemins sont
maintenant différents.
On a aussi eu des relations avec des hollandais, des allemands, des suisses, et
quelques américains qui ne sont pas tous pro-Bush et anti-français !
Et on a aussi fait la connaissance d'expatriés Français aux Antilles avec qui nous
avons été contents de partager des moments à terre.
Les communications
C'est ce qui change le plus notre vie depuis le précédent voyage.
Avec la technique (ordinateur, téléphone satellite, Internet) on peut communiquer
facilement, même si ce n'est pas en direct.
D'abord par l'intermédiaire du site, qui
est consulté régulièrement par des centaines de personnes, par les mails qu'on reçoit
et envoie en direct à la famille et aux copains, et même parfois à des gens inconnus
que l'on fait rêver et qui nous questionnent sur notre voyage.
La messagerie permet d'échanger des informations avec d'autres bateaux qui nous précèdent
ou qui suivent le même trajet que nous.
La présence de cybercafés dans tous les pays facilite ces échanges de courrier et nous
permet aussi de suivre nos finances plus facilement.
Et quel bonheur grâce à ces moyens techniques d'avoir très régulièrement des
nouvelles de nos proches, et même de participer un peu à distance aux réunions de
famille! Merci France Télécom !
Le site Internet
Une des grandes satisfactions de ce voyage. Un GROS merci à Philippe, le Webmaster, pour
le travail énorme qu'il réalise pour mettre en place textes, photos et suivre la liste
de diffusion.
Ce site nous permet de relater ce que l'on voit et de partager cette aventure, c'est un
peu notre journal, ainsi que de communiquer avec des amis et d'autres personnes qui nous
suivent, nous écrivent…. Et dont parfois on fait la connaissance au hasard d'une
escale!
Apparemment d'après vos messages, ce site vous permet de rêver, ce qui nous fait bien
plaisir à nous aussi.
On y passe beaucoup de temps, en particulier lorsque après une traversée il faut
rattraper le retard de une ou deux semaines de messages, préparer les articles,
sélectionner les photos!! Mais c'est un plaisir de raconter et d'y ajouter quelques
informations historiques ou culturelles glanées à droite ou à gauche.
Petit bémol sur les travaux que nous avions prévu avec des classes: les contacts sont
moins suivis que ce qu'on prévoyait, et le retour d'information sur le travail réalisé
par les élèves difficile à avoir.
La navigation
La aussi les choses se sont simplifiées: avec l'ordinateur, on prépare en quelques
clics la route à faire, et ensuite on laisse le Gps tracer la route tout seul sur la
carte à l'écran. Des la sortie du port on mets le pilote automatique en route et il
n'y a plus qu'à appuyer sur les boutons pour faire les corrections de cap. Un jeu
d'enfant !
Bien sur on est parti quand même avec quelques cartes papier, des guides détaillés des
mouillages, mais pour le reste on trouve tout ce qu'on veut sur les pontons!
Les manœuvres sur Mateo ne sont pas trop dures et comme elles se font à plat,
plus faciles que sur un monocoque. Le seul moment un peu pénible, c'est lorsqu'il
faut aller prendre un ris en pleine nuit lorsque le vent a forci …
Les finances
Nous pensions couvrir sans problème nos dépenses avec le loyer de la maison
(820 €) mais cela s'avère trop juste et nous avons du puiser un peu dans nos
réserves. Et pourtant nous faisons très attention et ne faisons que peu d'écarts: un
resto de temps en temps, et plutôt dans la série économique, quelques sorties,
quelques locations de voiture, quelques souvenirs … Pas question de retour en
France en cours de voyage comme cela aurait pu se faire si on avait eu les moyens.
Les dépenses importantes que nous avons concernent surtout:
- les frais de marinas, en Europe et aux Antilles. Avec des enfants on va plus
souvent en marina, car ils y sont plus autonomes dans les déplacements et y
rencontrent plus facilement des copains.
- les taxes locales diverses (douanes, immigration,…) qui atteignent une
centaine de dollars à l'arrivée dans certains pays (St Domingue, Panama).
- les frais de gazole: cette année le vent n'était pas souvent au rendez-vous et
beaucoup de trajets entre les îles antillaises ont été faits en grande partie au
moteur.
- les frais de passage du Canal de Panama: on s'y attendait, mais ça fait quand
même un gros morceau.
- Les impôts français: on paye cette année nos impôts de l'an dernier, pour la
deuxième année ce sera un poste moins élevé, mais il restera quand même la taxe de
francisation du bateau (823€) et la taxe foncière de la maison.
- L'assurance du bateau, un gros morceau (2700€)
Et la vie est devenue très chère aux Antilles, même dans les petites îles. Le touriste,
et encore plus le touriste plaisancier, est considéré comme une source de dollars. Le
développement de la location de bateau, l'arrivée massive de touristes américains dans
les îles du nord, fait que les gens considèrent que l'on a beaucoup d'argent à
dépenser, ce qui n'est pas tout a fait vrai pour nous voyageurs.
Et dans beaucoup de pays au niveau de vie très faible, la possession d'un bateau
fait qu'on est considérés comme des milliardaires, et donc source potentielle de
dollars: si l'on y prends pas garde les prix sont parfois multipliés pour nous par
2 ou 3, parfois plus !
L'énergie du bord
Nos deux panneaux solaires de 85 W fournissent toute l'énergie nécessaire, que ce soit
au mouillage ou en mer, sauf pour le frigo, gros consommateur, fonctionnant au gaz. On
fait attention, surtout en mer lorsque le pilote automatique marche en permanence, et
on gère avec parcimonie l'éclairage, les feux de navigation, et l'utilisation de
l'ordinateur. Mais on n'a jamais senti le besoin de mettre en service l'hydrogénérateur,
et de plus je ne suis pas convaincu à l'idée de traîner ce gros poisson.
La santé
On est parti avec une pharmacie conséquente qui occupe un coffre entier de Mateo!
Heureusement elle ne nous a pas beaucoup servi: quelques anti-inflammatoires pour une
tendinite de l'épaule qui se réveille de temps en temps pour Dominique, un traitement
anti-herpès pour Joëlle, une otite suite à un carénage en plongée pour Dominique et
surtout quelques traitements anti-diarrhéiques, en Equateur principalement, pour tout
le monde: lorsqu'on voyage à terre, l'hygiène laisse parfois à désirer, et même si on
fait attention on ne peut pas vérifier si les jus de fruits sont tous faits avec de
l'eau minérale.
Et cette pharmacie sert aussi parfois lorsqu'à l'Ile à Vache ou aux San Blas on est
amené à soigner une plaie ou donner une plaquette d'aspirine.
La nourriture
A notre départ les soutes de Mateo étaient bien remplies de conserves et féculents de
toutes sortes. Le stock a été entamé lors de nos escales au Cap-Vert, puis lors de la
traversée de l'Atlantique. On le reconstitue en cours de route, plus ou moins
complètement selon le coût de la vie et l'approvisionnement des pays où l'on est.
Saint-Martin, puis surtout Panama et l'Equateur on été l'occasion de remplir à nouveau
les soutes à bon prix avant le Pacifique.
Pour le reste, les fruits et légumes locaux, la viande souvent congelée, les poissons ou
crustacés achetés à des pêcheurs locaux, et quelques petits supermarchés ou boutiques
permettent d'assurer le courant. Même dans les coins les plus reculés, les transports se
sont améliorés et on peut trouver un minimum de choses.
Le fait d'avoir un frigo est aussi un sacré avantage: on peut avoir du frais même en
mer pendant une semaine pour la viande, et plus pour fromage, beurre, et boissons.
La pêche reste accessoire, et on ne compte pas sur la bonite ou la dorade trop rare à
notre goût!
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