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Les précédentes fois où nous avions été en Calédonie nous n'avions connu que l'hiver, cette fois-ci c'est en été (austral)
que nous avons été retrouver Mateo.
Les enfants étant en période scolaire, et pas vraiment intéressés par des vacances avec nous, nous décidons avec eux de
les laisser à la maison et de partir tous les deux. Nous avons donc organisé notre absence car laisser seuls nos deux ados,
sans personne majeure, était difficilement envisageable. C'est donc Lena, la nièce d'une amie, qui est venue les assister
dans les tâches quotidiennes et superviser devoirs ou pallier les relations avec le collège ou le lycée, voire le médecin.
Nous partons l'esprit plus tranquille de les savoir ainsi en bonne compagnie et leur laissons la garde de la maison.
Afin de faire les travaux d'entretien et de remise en route du bateau, Dominique est parti dès le début janvier et Joëlle
est venue le rejoindre une semaine plus tard.
Le froid a étendu son manteau blanc sur l'Europe lorsque je quitte la France le 3 janvier. A Helsinki et Séoul, les 2 escales
du parcours, la neige perturbe les avions et c'est avec 7 heures de retard que j'arrive à Nouméa: au lieu d'arriver le soir,
c'est au petit matin que je retrouve Mateo toujours tranquillement amarré à son ponton de la marina.
Notre locataire Thibault, prévenu de notre arrivée, nous laisse le bateau pour 5 semaines. Il a fait un grand ménage avant de
le quitter et c'est un plaisir de retrouver Mateo en bon état.
Il fait 35° ce mardi, la différence de température est grande avec la France et je suis un peu anéanti par la chaleur, sans
compter le décalage horaire qui est de 10 heures...
Le lendemain la pluie arrive et pendant 10 jours elle arrosera la région.
Cette première semaine est consacrée au bricolage sur Mateo et à la reprise de contact avec les copains, les rencontres de
bateau, les collègues de travail...
Je retrouve Paule et Jean-Louis, famille calédonienne avec qui nous avons gardé des contacts et lié amitié depuis notre
arrivée. C'est comme si on s'était quittés la veille.
Le premier week-end, leur fils ainé Julien fête ses 18 ans et je suis invité: dans un grand dock (hangar) aménagé pour
l'occasion chez un frère de Paule à la campagne, c'est la bringue à la calédonienne: musique, jeu de lumière, générateur
de fumée, tout y est, avec bien sûr nourritures et boissons à profusion. C'est un plaisir d'y retrouver plein de connaissances:
Olivier qui nous avait accueilli en 2006 et fait découvrir son pays, ainsi que ses parents, les parents de Jean-Louis...
Le lendemain, nous allons chez un autre frère de Paule cueillir dans l'arbre des lychees, les derniers, car c'est la fin de
la saison.
Quel bonheur aussi de retrouver ici le goût des fruits exotiques et de faire une cure de mangues (c'est la pleine saison),
de papayes, de bananes de différentes sortes, de fruits de la passion ...
Une semaine après mon arrivée, Joëlle vient me rejoindre à son tour, et lundi soir je monte l'accueillir à l'aéroport de
Tontouta. Elle était un peu stressée de prendre l'avion seule et de laisser les garçons à la maison, mais son voyage s'est
bien passé : 1h30 de retard seulement pour elle après des escales au pas de course, mais ce sont ses bagages qui mettront
2 jours à la rejoindre.
Un des principaux travaux avant de pouvoir naviguer est de remettre en service les moteurs qui n'ont pas tourné depuis
quelques mois. Les batteries ont été bien rechargées avant notre arrivée par Thierry, le père de Thibault, et après quelques
manœuvres d'amorçage manuel le moteur tribord démarre sans soucis.
Pour le bâbord c'est une autre histoire: le démarreur ne tourne pas... après quelques recherches c'est le circuit électrique
du fusible qui est complètement oxydé. Je le refais donc entièrement avec un porte fusible neuf et tout revient dans l'ordre.
Puis je plonge dans le port pour remettre l'hélice que nous avions perdu lors de notre dernière navigation (voir le récit
Calédonie 2008), et que j'avais apporté dans mes bagages. Et là oh surprise, l'hélice tourne en permanence en marche arrière
et il est impossible de débloquer l'inverseur! Une fois encore les sail-drive sont en cause, pour la 3ème fois depuis la mise
à l'eau de Mateo....c'est la tuile !
Il faut donc trouver une solution si on veut naviguer pendant ces vacances: pas question de ressortir le bateau de l'eau et,
de toute façon, nous n'avons pas les pièces pour réparer. Nous décidons d'installer un support pour hors-bord à l'arrière de
Mateo. Cela nous permettra d'être plus a l'aise pour les manœuvres de port grâce au moteur auxiliaire que Jean-louis nous
prête gentiment. Pour le reste l'autre moteur fixe suffira.
Nous changeons aussi la chaine de mouillage, car elle est tellement rouillée qu'elle part en poussière! Est-ce du à l'air
d'ici chargé de poussière de nickel, à un problème d'électrolyse ?
Le beau temps revient en cette fin de deuxième semaine, l'alizé se réinstalle et il souffle parfois fort surtout l'après-midi
(autour de 25 nœuds).
Nous en profitons pour faire les magasins et trouver une nouvelle annexe : notre vieux Zodiac est bien fatigué et rafistolé
de partout. Le fond est percé, les boudins usés, il a fait de l'usage et rendu de bons services pendant notre périple...et
nous le remplaçons par une annexe avec un fond aluminium en V, très légère et pratique pour être transportée à deux.
Comme nous ne sommes pas encore tout à fait prêts à partir naviguer, pour ce deuxième week-end Jean-Louis nous invite dans
leur maison de vacances de Bouraké. Nous connaissons déjà les lieux et apprécions de retourner dans cet endroit sauvage au
bord de l'eau.
Le samedi nous commençons par une pêche aux huitres sur les rochers, et le dimanche toute la famille embarque pour une
sortie en bateau à moteur vers les ilots. Plongée, pêche à la traine, arrêt sur le joli îlot Petit Ténia, et au retour
wakeboard (sorte de planche de surf remorquée) pour Julien et son copain.
Enfin, après 2 semaines et demi de bricolage, Mateo est enfin prêt à naviguer. Nous avions prévu d'embarquer Jean-Louis
et Paule pour une croisière vers l'Ile des Pins mais des obligations professionnelles de Paule nous obligent à changer
nos plans. Nous partons donc avec Joëlle naviguer quelques jours tous les deux.
Mais lorsqu'on veut sortir de la marina, une autre surprise nous y attend. Le bateau n'avance qu'à 2 nœuds maximum! Nous
nous rabattons sur une bouée devant le port avec l'aide de Jacques, notre architecte, toujours là quand il faut. Nous
constatons avec étonnement que malgré les bâches qui protégeaient les coques, celles-ci sont complètement recouvertes de
coquillages ainsi que l'hélice du moteur valide. Nous passerons donc la matinée à caréner en plongée sous le bateau... exténuant,
même si l'eau est à 26° !
Il faut se réhabituer à la navigation et aux manœuvres et Joëlle ne se sent pas encore très à l'aise, surtout avec juste
un petit hors-bord pour manœuvrer. Nous pensions descendre vers l'ilot Mato dans le sud mais le vent n'est pas favorable
et la pluie qui tombe ce jour-là nous décourage. Nous resterons donc sur les ilots des alentours, à quelques heures de voile
de Nouméa.
Nous commençons par l'Ilot Maitre, juste en face de la ville, où se trouve un hôtel avec bungalows sur pilotis. Bien que
ce soit les grandes vacances ici, nous sommes très étonnés de voir qu'en semaine ces ilots sont presque déserts, alors que
ce sont pour nous des coins de paradis : sable blanc, cocotiers, nature foisonnante et sauvage, tranquillité, tout incite au
repos et aux vacances. Il n'y a que le week-end où quelques dizaines de bateaux y viennent. Tant mieux car en France, ce
même lieu deviendrait vite un site touristique avec navettes et complexes hôteliers...
Puis nous remontons vers d'autres ilots déserts, l'Ilot Laregnère avec son récif très joli pour la plongée, et terminons
sur l'Ilot Signal avec ses centaines de nids de puffins. Nous y retrouvons le bateau Banik, un couple très connu des
voyageurs par leur site web (www.banik.org), et que nous avions déjà vu aux Antilles.
Les 3 ilots sont classés en réserve et les poissons y sont abondants et variés mais on ne peut pas y pécher bien sur,
juste le droit de regarder! Ces endroits sont équipés de bouées d'amarrage ce qui évite d'abimer le corail et facilite
le mouillage tout en rassurant Joëlle...
Ces quelques jours tranquilles à deux sur Mateo sont un moment très agréable.
Pour le week-end nous laissons la place aux autres bateaux et rentrons à la marina. Nous nous préparons à repartir vers
le sud: Jean-louis vient seul nous accompagner, Paule partant elle pour l'Australie pour son travail, Julien leur fils
faisant un job d'été et Delphine leur dernière étant partie en colonie en Nouvelle-Zélande.
Jean-Louis débarque avec lui tout son attirail: des moulinets, des lignes de traine, un fusil de plongée, sans oublier
une grande glacière de 150 litres remplie de pains de glace pour y mettre le poisson ... et les bières au frais.
C'est mercredi matin, nous sortons de la marina vers 7h, avant que le vent ne se lève ce qui simplifie la manœuvre. L'alizé
étant toujours établi au sud-est, c'est en tirant des bords de près, appuyé par le moteur valide que nous descendons vers
l'ile Ouen dans le sud de la Grande Terre.
Nous faisons une première escale dans une baie au sud-ouest appelée « Turtle Bay » du nom de l'hôtel maintenant désaffecté
qui y est construit. Nous débarquons à terre et discutons avec un « z'oreille » (européen arrivé en Calédonie il y a
quelques années) qui garde et entretient les lieux. C'est triste de voir, comme dans d'autres endroits du territoire ces
bâtiments qui ont été abandonnés faute de rentabilité, pour cause de fin de défiscalisation ou suite à des litiges avec
la population locale comme ici. Tout est resté en l'état, les bungalows, entourés de cocotiers, de frangipaniers, et d'une
belle pelouse, la salle de restauration, le bar...Il semble prêt à redémarrer, même si par endroit la rouille commence à
faire son oeuvre.
L'endroit est très calme, nous sommes les seuls à ancrer ici ce soir.
Le lendemain nous repartons au moteur et prenons un petit passage au sud de l'ile d'Ouen au milieu du récif qui permet de
rejoindre le lagon sud plus directement. On serre les fesses car il y a un seuil de 2,5m de profondeur avec du courant à
passer et il ne faudrait pas que le moteur nous laisse a ce moment là. Jean-Louis connait ce passage et nous guide avec
brio...
Puis nous hissons les voiles et nous dirigeons vers l'ilot Mato, reconnaissable de loin avec sa colline de 48m d'altitude.
Dans la matinée nous sortons le saucisson de cerf local pour une petite collation bien appréciée en navigation.
Une passe permet d'entrer dans un grand lagon bien abrité, quelle que soit la direction du vent.
En entrant dans la passe, le moulinet se met à siffler et Jean-Louis remonte un tazard de plus d'1 m de long.
Une fois l'ancre accrochée, le nettoyage du poisson attire quelques requins à pointe noire, pas méchants mais qui nous
dissuaderont de nous mettre à l'eau. Cette belle pêche nous nourrira pendant quelques jours.
Nous sortons notre nouvelle annexe, y fixons le moteur hors-bord de 8 cv et partons explorer l'ilot. Quelques tricots
rayés, des serpents marins communs ici, se prélassent au soleil. Ils ne sont pas agressifs, d'ailleurs Jean-Louis en
attrape un par la queue, mais leur venin est mortel...
Nous faisons le tour de l'ilot à pied, en partie sur terre et en partie dans l'eau. De nombreux puffins y ont installés
leurs nids, creusés dans le sol.
Nous ramassons quelques bigorneaux, bien plus gros que chez nous, qui serviront d'apéritif le soir. Bien sûr le tazard
est au menu et c'est en sashimi, c'est à dire cru avec une sauce et du riz, que nous le dégustons. Humm...c'est vraiment
excellent !
Le lendemain nous faisons route vers l'ile des Pins. Après une partie au moteur à zigzaguer entre les récifs, on hisse
les voiles et on retrouve une houle du large dans la traversée entre les deux parties du lagon sud. Nous réussirons sur
un seul bord, juste appuyé au moteur sur la fin, à atteindre le sud de l'ile des Pins.
Pour notre arrivée des grains nous accueillent avec un vent forcissant et un superbe arc-en-ciel nous éclaire.
La jolie baie de Kanumera paraît trop ventée pour s'y ancrer, nous faisons donc demi-tour et allons mouiller à la baie
de Kuto juste à coté. Plusieurs voiliers sont déjà mouillés ici, dont nos copains du catamaran Imagine
(http://pguiraudou.free.fr/), une famille avec 2 garçons comme nous, que nous suivions sur Internet depuis plusieurs
années et dont nous venons juste de faire la connaissance à Nouméa.
Enfin l'ile des Pins... depuis plusieurs années nous espérions y aller sans succès jusque là. Nous n'aurons pas le
temps d'en faire le tour en bateau, mais c'est en voiture que nous découvrirons les différents endroits magiques de
cette ile en attendant d'y revenir une autre fois.
Le soir, nous débarquons prendre un verre à la terrasse de l'hôtel juste devant la plage et presque en face de Mateo. Le
lendemain nous revenons au même hôtel pour y louer une voiture, et partons sur la route qui fait le tour de l'ile. La
voiture fait un bruit de roulement terrible on entend à peine le moteur : de toute façon on ne peut guère dépasser les
50 km/h sur ces petites routes ...
Nous traversons Vao la capitale de l'ile, gros bourg très calme et allons voir la baie de St Joseph : des pirogues à
voile de construction locale attendent sur la plage les touristes pour les emmener visiter la baie d'Upi. Cette baie, peu
profonde, est un territoire sacré des Kuniés et l'accès en est interdit en dehors des pirogues. On ne peut donc la parcourir
en voilier.
Ensuite, remontant vers le nord de l'ile, nous allons voir la piscine d'Oro. Une petite marche à pied nous conduit dans
un endroit sublime : un plan d'eau turquoise au milieu de champs de lave et d'une forêt de pins colonnaires. L'endroit
est touristique et il y a du monde qui s'y baigne et vient y voir les poissons qui sont piégés dans cette retenue d'eau. Elle
est en effet alimentée par les vagues qui déferlent au dessus de la falaise de corail ce qui explique leur présence.
Reprenant la voiture nous continuons vers la baie de Gadji située au nord ouest. Un vaste mouillage au milieu de champignons
de corail, accessible uniquement aux bateaux ayant peu de tirant d'eau comme Mateo. Nous reviendrons ici un jour en
bateau, c'est sûr.
En redescendant vers Kuto, la baie d'Ouma est aussi un endroit sympa pour y mouiller devant une belle plage de sable
blanc. Sur l'ile des Pins le sable est aussi fin et blanc que de la farine.
De retour à Kuto, nous revenons chercher nos affaires à bord de Mateo et allons faire une plongée dans la baie de Kanumera
juste à coté: il suffit de traverser la route...les coraux sont jolis mais malheureusement l'eau est trouble car l'alizé
de sud-est qui souffle depuis des jours a agité la baie.
Le soir, après avoir rendu la voiture nous rentrons manger notre tazard à bord.
Le lendemain il faut déjà prendre la route du retour car Jean-Louis n'a que quelques jours de congés et doit rejoindre
Nouméa. La traversée se fait au portant sous voiles et sous un beau soleil, une navigation très agréable. Nous contournons
l'ile d'Ouen par le nord cette fois en prenant le canal Woodin, et nous arrêtons pour la nuit dans la baie d'Ue au nord
ouest de l'ile. Soirée tranquille dans un endroit quasi désert, le seul autre bateau est un petit canot de pécheurs.
Le lendemain nous rentrons à la marina. La manœuvre est un peu sportive car le vent est un peu fort, et le petit hors-bord
de 8 cv un peu juste dans ce cas : nous nous amarrons au ponton carburant et attendons l'aide de Jacques avec son moteur
de 30 cv pour faire la manœuvre de demi-tour pour remettre Mateo à sa place.
Déjà la fin des vacances se profile, il ne nous reste plus que 4 jours pour finir quelques derniers bricolages, retouches
de peinture, vernis, le rangement et le nettoyage du bateau avant que Thibault ne revienne s'installer à bord. Puis ce
sont les diverses invitations des copains et collègues avant notre départ.
Nous passerons aussi une nuit agitée de coups de téléphone car les enfants ont eu quelques soucis et ont oublié de prévenir
leurs écoles respectives de leur absence : un mal de gorge pour Sylvain, et des problèmes relationnels dans sa classe pour
Florian. Pas facile de régler à distance les petits soucis de la vie de famille... heureusement ma sœur est là pour prendre
le relai.
Ce mois calédonien aura passé bien vite: nous avons mis plus de temps que prévu à bricoler et moins à naviguer. Mais notre
objectif de voir l'ile des Pins aura été atteint, et ces premières vacances sans enfant nous auront fait du bien.
Le bateau nécessite maintenant des travaux importants, depuis 7 ans qu'il est à l'eau et après avoir fait la moitié du
tour du globe.
La refonte de la motorisation s'impose pour changer les sail-drive de piètre qualité par un système plus fiable. Dans la
marina où nous sommes un catamaran a changé ses moteurs par un système électrique (http://www.electricmotion.nc/nautisme.htm),
et après en avoir discuté avec l'installateur, ce système à l'air vraiment intéressant. Il faut voir maintenant si cela est
compatible avec notre budget.
La peinture de coque et une modification des carènes seront aussi au programme des travaux.
Il est déjà prévu que nos prochaines grandes vacances en Calédonie seront consacrées à ce grand chantier... Notre réseau
de copains sur place sera bien utile pour préparer les choses avant notre retour sur le Caillou.
Rendez-vous dans 1 an avec un compte-rendu des travaux pour les amateurs de technique!!
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