La Nouvelle-Calédonie est un pays en plein développement. Peu peuplé,
la pression démographique et industrielle y est faible, excepté en ce qui
concerne la production de nickel dont elle est un des principaux producteurs
mondiaux. Les ressources locales sont estimées entre 20 et 30% des stocks
planétaires. Enorme pour un si petit territoire dont le nickel représente
90% des exportations.
Ce métal est utilisé dans la fabrication de la monnaie, dans l’industrie
(aciers inox, piles, ….) et sa demande croit régulièrement, en particulier
en Asie avec le développement économique de la Chine.
Cette industrie, si elle permet a la Calédonie d'avoir des ressources
importantes, a des retombées écologiques:
-impact sur les paysages, car le minerai est extrait directement par
milliers de tonnes dans les montagnes, ce qui provoque de grosses saignées
visibles de loin, et une érosion qui draine une partie du minerai vers les
rivières. Depuis l'origine, vers 1874, jusqu'à nos jours plus de 160 millions
de tonnes de minerai ont été extraits, ce qui représente environ 300 millions
de m3. On estime que quarante cours d'eau, et indirectement les récifs autour
des estuaires, en aval, sont touchés par l'activité. Une étude menée sur le
bassin de la Ouenghi (245 km2) montre qu'en 28 ans, la somme des apports
solides résultant de l'érosion naturelle et de l'exploitation a été d’environ
1.000.000 m3, ce qui a conduit à une progression du delta dans le lagon de
300 à 400 m sur un front de 3 km, enfouissant les récifs coralliens sous les
sédiments, sur 100 hectares.
-impact industriel: l'usine de traitement du minerai de nickel est située en
rade de Nouméa. Elle emploie un procédé de traitement par calcination qui
outre le réchauffement de l’eau produit des fumées toxiques.
-impact chimique: le nickel fait partie des métaux lourds comme le plomb,
le mercure, le cadmium… C’est est un cancérogène, responsable de cancers du
poumon en milieu professionnel. Des intoxications au nickel se sont
produites, en milieu industriel, se manifestant par des affections
respiratoires, asthme et dermatose allergique.
Les projets de création de 2 nouvelles usines de traitement, l’une au nord
dans le massif de Koniambo, l’autre au sud à Goro, font surgir de nouvelles
craintes pour l’environnement, d’autant que les études d’impact n’ont pas
été a ce jour très approfondies.
Le procédé technique utilisé par la nouvelle usine en projet dans le sud
suscite bien des questions : l’extraction du nickel y sera faite à l’aide
d’acide sulfurique en grande quantité et les rejets, après traitement par
le calcaire, seront effectués directement dans le lagon à proximité de la
passe de la Havannah. L’extraction du calcaire marquera aussi les paysages
de Lifou, une des îles Loyauté d’où il proviendra.
Les effets de ce procédé industriel nouveau sont difficiles à évaluer, la
charge des rejets est déjà prévu pour dépasser certaines normes (100 fois
la norme préconisée pour le manganèse par exemple) et la connaissance
hydrographique du lagon insuffisante pour prévoir les impacts.
L’usine du sud est aussi implantée dans une zone où existe une flore
spécifique, et certaines plantes sont menacées de disparition totale. Sachant
aussi que 90% de la faune répertoriée en Calédonie d’invertébrés marins ne
se trouve nulle par ailleurs dans le monde, toute une richesse écologique
est menacée.
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