Notre position :
L'équipage est de retour en France
Mateo est resté à Nouméa
    
Dernière mise à jour : 13/06/2010

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Récits de voyage

3ème partie : De la Martinique à l'Ile à Vache (Haïti)

 



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  La Martinique

(5 janvier - 18 février 2005)

 

 


La marina du Marin

Après la traversée, le Marin est un havre parfait pour se remettre : nous y sommes restés 2 semaines, d'abord pour faire le ménage et rangement du bateau, quelques bricolages, puis nous reposer et aussi pour cause de mauvais temps qui y prolongera notre séjour.
A l'arrivée, le chef de port nous propose gentiment une bouée, avant de nous conduire quelque temps plus tard à une place au ponton, ce qui n'est pas facile a trouver pour un catamaran ici. Les martiniquais sont particulièrement accueillants et agréables : toujours souriants et prêts a rigoler, ici "pa ni problèm".

Nous retrouvons ici d'autres bateaux amis arrivés quelques temps avant nous et participons le lendemain soir à une petite fête sur le ponton organisée par l'équipage d'Aquilon arrivé un jour plus tôt que nous.
Le Marin est la plus grande base nautique de la région, et on y trouve toutes sortes d'ateliers pour y faire les réparations nécessaires après une traversée, des magasins d'accastillage, mais les tarifs y sont plus élevés qu'en métropole!
Nous recherchons un réparateur pour notre girouette électronique, qui nous a lâchée pendant la traversée, mais malheureusement personne ici ne connaît cette marque et il faudra la renvoyer en France.
Le lendemain de notre arrivée, notre équipière Larissa doit reprendre son avion pour la France : dommage pour elle que la traversée n'ait pas été plus rapide pour qu'elle puisse profiter de la Martinique. Elle aura tout juste le temps de faire un petit tour au marché, et quelques boutiques pour faire le plein de souvenirs à rapporter !

 

 


Mode martiniquaise

 

 

 

 


Le Rocher du Diamant

En ce moment c'est la préparation du Carnaval et au Marin tous les week-ends sont animés : concerts, défilés, danses… entre biguine, zouk et autres musiques il y a de l'ambiance. Et comme on dit il "faut pas laisser doigts dormir" (il faut frapper des mains).
Le temps n'est pas vraiment terrible pour la saison et tous les jours nous avons de bonnes averses, heureusement l'eau est chaude, mais cela nous retarde dans les bricolages et travaux d'entretien du bateau.

Une semaine après notre arrivée, les parents de Dominique viennent en Martinique et nous rejoignent au Marin : c'est avec joie que nous nous sommes retrouvés, que les grands parents revoient leurs petits-enfants et le lendemain nous partons en balade vers Sainte-Anne, avec une halte au marché très coloré, plein de fruits, fleurs, épices et mélanges artisanaux à base de rhum puis la plage des Salines, grande étendue de sable blanc bordée de coccotiers au sud de la Martinique.
Quelques jours plus tard, nous louons une voiture pour une virée ensemble voir le superbe jardin de fleurs et d'arbres tropicaux de Balata en plein centre de l'île. Des centaines de plantes rassemblées sur un terrain aménagé de sentiers, dont on s'efforce de retrouver les noms sur le dépliant fourni à l'entrée: balisiers, roses de porcelaine, orchidées, bambous géants, palmiers de toutes sortes, ...Nous irons ensuite manger ensemble à la Chaudière, un petit restaurant aux spécialités créoles où nous découvrons des légumes locaux : fruits à pain, ignames, choux de Chine, bananes légumes, patates douces, ... Tous ces légumes ont été importés par les différents colonisateurs successifs : les Caraïbes ont apporté d'Amazonie manioc, ananas, et avocat, cocotier et arbre à pain viennent d'Océanie, banane et canne à sucre des Canaries, et le caféier du Jardin des Plantes de Paris !
L'arbre à pain, qui produit des fruits en abondance et en toute saison, était d'ailleurs la nourriture de base des esclaves. Le jardin du restaurant permet d'ailleurs de voir certaines de ces plantes, et les enfants repartiront avec une cabosse de cacaoyer.

Puis le temps s'améliore et nous quittons le Marin pour l'anse à l'Ane où les parents ont leur hôtel, avec une belle vue sur la baie de Fort de France. Pour y aller nous longeons l'impressionnant rocher du Diamant, avec sa forme de tête de pirate, à la pointe sud-ouest de l'île. Le mouillage de l'anse à l'Ane est un peu agité par le passage des navettes toutes les demi-heures. Malgré un rendez-vous raté au ponton, nous nous retrouvons à l'hôtel pour un repas ensemble car le lendemain Papy et Mamie prennent l'avion pour la Guadeloupe ou ils poursuivent leur séjour antillais. Nous avions envisagé de les y rejoindre mais la traversée est trop proche et nous préférons profiter encore de la Martinique, où doivent nous retrouver d'autres visiteurs.

 

 


La bibliotheque Schoelcher

Après l'anse à l'Ane, nous allons à l'anse Mitan toute proche : plus calme, situé près d'une zone très touristique, le mouillage est occupé par des dizaines de bateaux et la navette qui mène à Fort de France est très pratique pour aller visiter la capitale.
La ville est très agréable, avec son centre bien aménagé, ses rue piétonnes, ses nombreuses boutiques, sa place de la Savane avec ses palmiers géants, et quelques lieux intéressants à visiter: la bibliothèque Schoelcher, le musée ethnographique, et les différents marchés: marché aux poisons, aux fruits et légumes, aux viandes. On y va aussi pour faire les courses au Leader Price, à la Foirfouille … On y retrouve avec étonnement les marques connues: Bata, Tati, et bien sur un Mac Do ! Ici le look est important et les marques bien présentes. La diversité de la population martiniquaise est étonnante, les teints de peaux y vont du blanc au noir en passant par tous types de métissages. Les postes clés sont toujours en grande partie tenus par des békés, descendants des colons blancs.

Le dimanche 25 janvier, invité par une famille nantaise installée pour 2 ans en Martinique, Catherine, Philippe et leurs quatre enfants, nous avons fait une jolie ballade dans la forêt tropicale humide, sur la "Trace des Jésuites". Humide, la forêt l'était car il n'avait pas mal plu les jours précédents, et les chemins étaient particulièrement boueux. Quelques averses nous ont d'ailleurs surpris en cours de route, mais ici l'eau est chaude et les averses courtes. La végétation est particulièrement exubérante, et au retour on a cueilli de jolies fleurs de balisier pour le bateau.
On s'est arrêté pour le pique-nique près d'une rivière, et les enfants s'en sont donné a cœur joie pour se baigner, faire un barrage ainsi qu'un radeau avec les gros bambous qui se trouvent sur les berges.

 


Le mouillage d'Arlet

Après l'anse Mitan, nouveau petit saut de puce vers le sud cette fois, pour la petite anse d'Arlet. Ce mouillage devant le village est moins fréquenté que la Grande Anse juste à coté, qui, elle, est plus carte postale avec ses cocotiers et ses petites résidences de vacances. Mais on a préféré le village, pour ses commodités, ses rochers pleins de jolis poissons.
La commune est très vivante, il y a un petit cinéma, dans un décor très années cinquante, une cyberbase située près du collège, mais ouverte à tous qui nous permet d'accéder à Internet facilement.
Nous faisons à pied le sentier au travers du Morne qui sépare les deux anses, histoire d'aller voir l'autre anse, mais aussi de se dégourdir les jambes.
Nous avons la surprise de faire ici la connaissance de l'équipage de Banik, dont le site que nous suivons depuis des années est devenu la référence pour les voyageurs en bateau, tant il est riche en conseils en tous genres (www.banik.org)
Un petit amas rocheux en plein milieu du mouillage est le lieu de prédilection des plongeurs débutants, et les enfants découvrent leurs premiers paysages sous-marins avec de jolis poissons colorés comme dans le film Nemo, même si ils sont de petite taille.

 

 


Carnaval des enfants

 

 

 


Une rhumerie

Le 31 janvier nous remontons à Fort de France chercher le frère de Joëlle qui vient passer deux semaines avec nous. Lui qui n'a jamais pris l'avion ni mis les pieds sur un bateau s'est décidé quelques semaines plus tôt à venir nous voir.
Avec lui, nous restons quelques jours à visiter la ville, à assister au Carnaval des enfants qui a lieu quelques jours avant le vrai. Ce petit défilé est très coloré et animé : les petits bouts de choux sont heureux de sauter et danser au son de la musique zouk.
Ensuite, nous referons quelques mouillages connus, anses d'Arlet, la baie du Marin dans la mangrove, anse Caritan près de Ste Anne au sud, ainsi qu'une petite virée en direction de Sainte Lucie un dimanche après-midi avec la famille de copains expatriés.

Nous irons aussi en voiture sur la cote au vent, que nous avions l'intention de visiter en bateau, mais, par manque de temps, puis parce que la météo n'est pas favorable, que nous n'avons pas pu faire. Pour y accéder, il faut rentrer derrière une barrière de corail après avoir remonté quelques temps contre l'alizé et la houle, mais cela vaut le coup : peu de voiliers y vont et les mouillages sont nombreux et abrités par le récif et les petits ilets.

Nous allons donc par la route visiter le Vauclin, le François et leurs petits ports de pêche, la baie du Robert et ses ilets, la presqu'île de la Caravelle, avec un arrêt pour saluer les collègues du laboratoire Ifremer, peu nombreux en cette semaine de congés.
Nous en profitons pour visiter la rhumerie La Mauny, qui a commencé la première la saison du rhum depuis quelques jours. Mais c'est jour de congé et nous ne verrons pas les machines au travail. Mais nous pouvons admirer l'ensemble de la machinerie qui marche à la vapeur en totale autonomie: les déchets de canne servent à alimenter les chaudières à vapeur qui fournissent l'énergie des broyeurs, des fermenteurs, des distillateurs avec leurs superbes colonnes en cuivre, et même l'électricité de toute l'usine. La dégustation du premier distillat à 75° est assez rude ! Mais celle des différents rhums, agricole, ambré (un an et demi de fut de chêne) et vieux vaut le détour.
Cette région est aussi, du fait de son relief moins élevé, une des plus agricoles de la Martinique: de nombreuses bananeraies, des plantations de canne à sucre, ce qui ne va pas sans poser des problèmes d'environnement du fait de l'emploi de produits de traitement des cultures (voir la rubrique "Coup d'œil sur l'environnement").


 


Les Bretons au carnaval

C'est donc la semaine du Carnaval, la plupart des bateaux que nous connaissons sont descendus du coté de Trinidad pour l'occasion, mais nous restons pour voir celui de Fort de France. Tout s'arrête pour l'occasion, les écoles sont en vacances et les entreprises souvent fermées pour les 3 jours de fête. Nous allons le mercredi voir le défilé noir et blanc, chaque jour ayant sa particularité: le mardi, c'est le jour des diables rouges, le lundi celui des mariages excentriques.
Les bretons de Martinique ont sorti leur drapeau ce jour là, et défilent au son du biniou et en dansant… Des groupes divers et variés, parfois totalement anachroniques (vielles guimbardes pétaradantes, ) tournent dans les rues pendant des heures. Rien a voir avec Trinidad et ses costumes hauts en couleurs, ses groupes de musique calypso, ici c'est plutôt boum-boum et laisser aller !


 


Médicaments pour Voiles-Sans-Frontière

La veille de quitter le Marin, en revenant au mouillage après le pleinde gasoil, nous voyons une petite annexe à voile qui s'approche: ce sont nos amis Gwenaëlle, Gildas et leurs filles de Santez-Anna qui arrivent de Guadeloupe. Ils recherchent un lieu pour laisser leur bateau et rentrer à Noirmoutier pour y faire leur saison de récolte du sel (voir leur site: Sel-Noirmoutier). Les enfants sont heureux de se revoir et de tirer des bords à la voile avec Cookie, un Optimist qui leur sert d'annexe. Tous les quatre, Suzanne, Jeanne, Florian et Sylvain, vont explorer la mangrove toute proche, tandis que les parents se racontent leurs aventures depuis qu'on s'est quittés à Madère. Sur le magazine local Ti'Ponton au Marin nous tombons sur une annonce de l'association Voiles Sans Frontières Caraïbes qui recherche des bateaux passant par l'île à Vaches au sud d'Haiti pour y déposer médicaments et matériel. Voiles Sans Frontières (www.voilessansfrontieres.org) est une association humanitaire qui utilise les services de voyageurs comme nous pour emporter médicaments ou autre dans certains pays pauvres. Comme il est dans nos plans de passer dans ce coin, cela peut être une bonne idée de joindre l'utile à l'agréable et en même temps d'avoir des contacts directs sur place. Nous contactons donc Emilie et Michel, les responsables de l'association, que nous rencontrons d'abord sur le bateau d'un de leurs amis à l'anse Caritan puis qui nous invitent pour une soirée chez eux.

 

 


Ti punch

 

 

 


Patrick à la manoeuvre

Nous retournons une nouvelle fois dans la baie de Fort de France, pour faire le chargement des cartons pour Haiti (plus de 300 kg de médicaments, de livres et d'alimentaire, sans compter un moteur hors-bord pour le dispensaire), et le même jour, débarquer Dominique, le frère de Joëlle qui reprend son avion plein de souvenirs et de coups de soleil, et embarquer Patrick et Véronique, des copains de Saint-Nazaire qui arrivent à leur tour pour deux semaines. Leur arrivée sera un peu tardive, pour cause de neige sur les aéroports parisiens. Cela leur fera tout drôle de prendre un ti-punch à bord de Mateo à minuit en arrivant: pour eux il est déjà 5 heures du matin et bientôt l'heure du petit-déj' !

Le 14 février nous quittons la baie de fort de France et le sud de la Martinique où nous avons traîné nos coques depuis plus d'un mois, en direction de Saint Pierre au nord de l'ile. Cette ville, ancienne capitale de l'île, appelée à l'époque le petit Paris des Antilles, a été rasée en 1902 par l'éruption du volcan de la Montagne Pelée et ne s'en est pas encore remise. On y visite un petit musée historique, les ruines des anciennes constructions: le théatre, la prison où a été retrouvé l'unique survivant ...
Un tout nouveau et moderne Centre de Ressources sur le Volcanisme, financé par l'Europe, a été construit à proximité, mais il était fermé lors de notre passage. A défaut, nous visitons une autre rhumerie, Depaz, avec son ancienne roue à aubes qui faisait fonctionner les broyeurs.

Cela nous change de nous retrouver avec Patrick et Véronique, des amis avec lesquels nous avons fait pas mal de bateau , en particulier la première course Nantes-Lisbonne. Un certain rythme de vie s'installe a bord: baignades matinales ou tardives, balades à terre, petite navigation, souvent au moteur faute de vents favorables, ti-punchs prolongés le soir et cuisine créole arrangée par le capitaine: poulet ou morue au colombo, poulet coco, gratin de cristophines, … (voir rubrique recettes). Joëlle se retrouve presque au chômage car Patrick prend le relais pour la vaisselle pendant 2 semaines ! Joëlle apprécie aussi d'avoir de nouveau une compagnie féminine à bord, comme pendant la traversée.
Véronique, professeur d'histoire-géo est sollicitée pour aider à préparer l'évaluation de Florian pour le Cned. Après les cours donnés par Dominique, le frère de Joëlle, cela nous soulage un peu car les rapports sont différents. Florian, qui traine les pieds pour l'école depuis des mois, voit bien que les consignes sont les même que celles de ses parents… Puis nous quittons Saint-Pierre et la Martinique pour la Dominique. Nous devons en effet rejoindre dans une semaine d'autres amis en Guadeloupe, donc pas de temps à perdre ...

              


  La Dominique

(18 au 24 février 2005)

 

 


Une rue de Portsmouth

 

 

 


retrouvailles sur Killian

En partant de Saint-Pierre au nord de la Martinique, une étape d'une journée nous conduit en Dominique. Le passage entre les deux îles est ce jour-là très calme, ce qui n'est pas toujours le cas lorsque l'alizé souffle.
Nous longeons la côte ouest de l'île, d'abord la jolie baie de la Soufrière, très sauvage, mais qui est interdite au mouillage, car c'est un parc national, et seul les guides et plongeurs locaux ont le droit d'y amener les touristes.
On passe ensuite devant Roseau, la capitale de la Dominique, au centre de l'île, mais dont le mouillage n'est pas protégé et très peu de voiliers s'arrêtent ici.
Nous continuons notre route vers le nord et la Prince Ruppert Bay, une grande baie abritée où se situe la ville de Porsmouth. Nous y arrivons juste avant la tombée de la nuit. Nous avons la surprise de mouiller à coté de nos amis de Kilian, un couple retraités de Concarneau que nous n'avions pas revus depuis le Portugal, mais dont nous avions suivi les aventures par mail. Eux aussi ont eu leur lot de problèmes et sont restés bloqués quelques temps aux Canaries après avoir perdu la dérive de leur Trisbal!
A notre arrivée, comme c'est la coutume ici, des hommes viennent en barque ou parfois sur une vielle planche a voile, pour proposer leurs services: soit comme guide pour visiter l'ile et en particulier la rivière indienne, ou pour vendre des fruits locaux et du pain. Pas de bagarre, le premier arrivé est celui qui emporte le marché et les autres lui laissent la place...
Nous achèterons ainsi des fruits excellents ici (des pamplemousses, un régime de bananes). Les rapports sont tellement différents ici que, comme nous voulions des bananes mures et que le régime était vert, le vendeur est revenu le lendemain avec des bananes jaunes : c'est cadeau !

 

 


Chez Alex et Marie

 

 

 

 


La Rivière Indienne

Par les copains de Santez Anna, nous avions eu les coordonnées d'Alex, et c'est donc lui que nous contactons par VHF. Il est guide pour la rivière indienne, et parle bien le français, car il est marié avec Marie, une française et ils vivent ici avec leurs deux filles.
Le quartier situé devant notre mouillage, est constitué de quelques restaurants de plage, et un petit village de maisons de bois avec quelques boutiques.
Alex vit un peu sur les hauteurs et nous irons voir sa maison entourée d'un joli jardin et la petite case qui peut accueillir des hôtes de passage. Nous passerons un moment à discuter sur la terrasse sur la vie en Dominique, paisible et agréable malgré le peu de ressources. Marie et Alex vont régulièrement faire leurs provisions en Guadeloupe toute proche où on trouve plus de choses qu'ici.
La Dominique, ancienne colonie anglaise devenue indépendante en 1978, est juste entre la Martinique et la Guadeloupe, et les contacts avec ces îles font que de nombreux Dominicains parlent le français et apprécient les français.
L'île a été peu développée par la colonisation contrairement à d'autres. Elle a peu de ressources, à part les fruits (les pamplemousses dominicains sont réputés), et le tourisme qui commence à se développer mais d'une façon très peu organisée. Elle est de plus soumise fréquemment à des catastrophes naturelles: cyclones et tremblements de terre, dont le dernier en novembre 2004 a provoqué de gros dégâts. L'école et l'église de Portsmouth ont été détruites, et les enfants se relaient à l'école par manque de place, un groupe le matin et un autre l'après midi. Nous ressentirons d'ailleurs sur Mateo des petites secousses, presque journalières ici.
Dans la baie, de nombreuses carcasses de cargos rouillées témoignent d'anciens cataclysmes, et resteront ici encore des années car le pays n'a pas les moyens de les retirer.

L'île est restée très sauvage et cette image lui permet d'attirer des touristes qui veulent visiter ses sites préservés: les sources sulfureuses et le lac bouillant, la rivière indienne, la forêt tropicale…
La visite de la rivière indienne est une institution ici: il faut d'abord aller acheter un ticket ( 2 euros ou 6 dollar EC, dollar est-caribéen) à la station service, en fait une taxe gouvernementale, faire poinçonner ce ticket par un garde à l'entrée de la rivière, avant d'embarquer avec le guide local qui nous emmène à la rame sur ce petit cours d'eau paisible dans la forêt tropicale: on arrive à un débarcadère ou l'on peut emprunter un petit sentier dans la forêt, ou juste prendre un verre au bar installé ici.
Alex, qui a attrapé un bon rhume, nous attend au bar pendant notre balade à pied. Au retour, il montre à Florian comment fabriquer des poissons, des sauterelles, des oiseaux en feuilles de cocotier: une leçon que Florian a bien retenue, plus facilement que les cours du Cned, toujours un peu difficiles pour lui.
Le nom de cette rivière est du à la population qui peuplait cette région avant d'être regroupée dans une réserve au nord de l'île: des indiens Caraïbes, les anciens habitants des Antilles qui ont été chassés par les colonisateurs européens, et dont il existe encore quelques survivants ici en Dominique.

 

 


La forêt tropicale

Le voisin d'Alex est charpentier et il est en train de construire une barque de pêche de belles dimensions, en contreplaqué et tissu de verre stratifié: nous allons voir son travail, et ensuite nous l'invitons à bord de Mateo pour lui montrer une autre construction en bois stratifié. Il est très content de voir ce que l'on peut faire avec ce genre de matériau, et aimerait bien un jour pouvoir travailler sur un chantier de ce type!

Ici, chacun essaye de vivre du mieux possible avec ce qu'il peut faire: les petits métiers ne manquent pas: fabrication d'huile de coco, artisanat en calebasses, vente de quelques fruits ou noix de coco…
De nombreux rastas à la chevelure imposante passent leur journée au bord de la plage en fumant, bien que le gouvernement interdise la vente de papier à cigarettes !

Bien sur il y aurait beaucoup d'autres choses à voir ici, en particulier dans la forêt restée très sauvage, ainsi que vers le sud et le volcan de la Soufrière (sources sulfureuses, lac bouillant) mais les communications ne sont pas faciles et les taxis chers, et de plus le temps nous est compté avec nos différents visiteurs.

Cette courte escale de deux jours en Dominique est très riche pour tout le monde: une autre façon de vivre, des contacts chaleureux et sans arrière-pensée, malgré les différences culturelles ou économiques. Les salutations à la rasta et le traditionnel "yeah man" sont les signes d'une communication facile.

              



  La Guadeloupe

(24 février - 15 mars 2005)

 

 


Départ pour la plongée

 

 

 


Iguane au Fort-Napoléon

En quittant la Dominique, une courte étape nous a conduit aux Saintes, petit archipel rattaché à la Guadeloupe situé au sud de celle-ci. La mer est ce jour-là agitée et nous mouillons dans la première baie abritée, l'anse Fideling sur Terre-de-Bas. Ce mouillage un peu à l'écart du village est très joli, mais des rafales descendent de temps en temps de la colline car l'alizé souffle fort.
Patrick et Véronique y font leur première plongée antillaise dans une eau claire et chaude. Cette île est tranquille et beaucoup moins touristique que Terre-de-Haut que nous rejoignons deux jours plus tard pour mouiller dans la grande baie des Saintes, la troisième plus belle du monde dit la pub, juste devant la curieuse maison du docteur en forme de bateau.

Il y a du monde dans la baie et tous les jours des visites de grands voiliers à plusieurs mats, plus ou moins anciens, jusqu'au Club Med 2, paquebot de croisière à voiles. Le village a été aménagé et la rue principale est une succession de boutiques et de restaurants.
Sur les routes de Terre-de-Haut, c'est un défilé incessant de scooters chevauchés par les touristes. Nous nous promenons à pied car l'ile n'est pas bien grande.
Nous montons visiter le Fort Napoléon, ainsi que son jardin qui abrite une colonie d'iguanes. C'est curieux de voir ces gros lézards de près d'un mètre à l'allure préhistorique, et de se promener au milieu d'eux.
Le Fort Napoléon, construit pour défendre ces îles, n'a en fait jamais servi car il fut achevé après la fin des combats avec les Anglais. Il abrite un musée intéressant sur les batailles navales, les premiers colons, descendants de Normands, et qui ont développé une grande activité de pêche à bord de leurs barques, les Saintoises. Aujourd'hui, c'est le tourisme qui est l'activité principale, mais elle a fortement diminuée, et encore plus avec le récent tremblement de terre qui a détruit l'école et abîmé de nombreuses habitations. Sur cette île plutôt mignonne, il n'est pas rare de trouver au bord de la route une carcasse de scooter, une vieille batterie, un vieux moteur hors-bord… Etonnante pratique pour attirer le touriste.

Nous resterons un peu plus que prévu aux Saintes, car un avis de vent fort est annoncé. Véronique en emportera un mauvais souvenir, car en allant chercher du pain un soir, elle se prend les pieds dans les marches de l'église, mal éclairées et s'ouvre l'arcade sourcillière: résultat, quelques points de suture, et, plus rageant, quelques jours sans plongée.


 

 


retrouvailles au Paradis Créole

 

 

 

 


La cascade aux Ecrevisses

Notre étape suivante nous conduit à Pigeon sur la cote ouest de la Guadeloupe, pour y retrouver Patrick, Jeanne-Marie et leurs enfants, Clément et Alexis, d'autres amis nantais en stage de plongée ici. Eux ont loué un gîte à terre et les retrouvailles sont chaleureuses, après tant de kilomètres ou de milles parcourus. Avec les deux Patrick, nous avons fait en effet nos débuts à la voile dans le même club. C'est un grand plaisir aussi pour Florian et Sylvain de retrouver des copains de leur age.
L'endroit est réputé pour sa réserve sous-marine (Réserve Cousteau, du nom de son instigateur), qui fait partie des 100 plus beaux spots de plongée et de nombreux clubs proposent aux touristes la découverte du milieu marin et l'approfondissement de la plongée en bouteille.
Beaucoup d'activités sont proposées ici: VTT, randonnée, visite aux cétacés, canyonning comme le fait Dominique de "Canopée", installé ici en famille depuis quelques années, qui accueille gentiment les voiliers de passage et nous a proposé son accès internet.

Mateo mouille pour la journée sur une bouée près de "l'Aquarium" et de "la Piscine", entre les deux ilots de la réserve, avec à bord les trois familles réunies. La journée est ponctuée de baignades, plongée et repas. Tout le monde a les yeux pleins d'images de balistes, poissons–chirurgiens, et autres poissons multicolores.
Mais tout a une fin et dès le lendemain c'est le retour en métropole pour Patrick, Jeanne-Marie, Alexis et Clément.

Quant à Patrick et Véro, ils ont encore deux jours devant eux. Nous louons une voiture pour visiter la Basse Terre. D'abord, le sud de l'île, et ses falaises qui surplombent la mer, puis le nord avec une halte à Sainte-Rose pour voir la mangrove.
Le lendemain nous pourrons prendre la route de Traversée. Des éboulements avaient eu lieu quelques jours auparavant, dus au mauvais temps et la route était fermée pendant quelques jours. La végétation tout au long de cette traversée est luxuriante et tropicale. Comme en Martinique, on rencontre des fougères arborescentes, des bambous géants, des arbustes fleurissants multiples et variés (bougainvilliers, hibiscus…). De nombreux cours d'eaux parcourent la forêt et nous faisons une halte à la cascade aux Ecrevisses.

Nos passagers ont bouclé leurs sacs tant bien que mal, pleins de souvenirs, et profitent de leurs dernières heures dans cette végétation très verte avant que nous les menions à la gare maritime de Pointe-à-Pitre pour qu'ils prennent le ferry: destination Fort de France en Martinique d'où ils s'envoleront. Nous avons le cœur serré de les quitter. Véro partira en laissant son "Cabri des îles" (Sylvain) et son "Surfeur préféré" (Florian) pour retrouver avec joie Marine et Ariane.

Nous nous retrouvons seuls à quatre sur Mateo, après un mois et demi partagé entre famille et copains. Cela nous fait drôle, et un vide sur le bateau aussi.


 


Bapteme de plongée pour Florian et Sylvain

 

 


Steel-band à Deshaies

Comme ils en rêvaient, Florian et Sylvain font leur baptême de plongée en bouteille: embarquement sur la vedette, démonstration par le moniteur, les élèves sont attentifs. Ils passent ensuite une demi-heure chacun leur tour avec le moniteur à quelques mètres sous l'eau à voir les poissons et apprendre les rudiments de ce sport. Ils sont fiers de repartir le soir avec un beau diplôme!

Nous faisons une petite virée rapide sur la Grande Terre, moins attrayante: la cote sud est occupée par les hotels à touristes tandis que le centre et le nord sont plus agricoles. Deux Guadeloupes semblent coexister avec des reliefs différents, une économie différente et aussi des populations différentes.

Nous faisons ensuite cap sur Deshaies, un peu plus au nord de la Basse Terre. C'est là que nous verrons nos premières tortues, Dominique a même pu nager quelques minutes avec une (souvenir inoubliable !). L'endroit est tranquille et les habitants accueillants.
Le 3 mars il y a de l'ambiance à Deshaies: le Club Med 2 (grand bateau de croisières à voiles) vient pour la journée et débarque sa cargaison de touristes, avec accueil personnalisé: orchestre de steel-band, hôtesses en costume antillais, cadeaux et stands de produits locaux installés pour l'occasion. L'après midi, c'est la Mi-Carême, dernier moment du Carnaval: on ressuscite Vaval, le roi du Carnaval pour que celui-ci puisse reprendre l'an prochain. Orchestres et danseurs défilent dans la rue.
Pour finir, le Comité local du tourisme a organisé un pot musical avec danseuses pour les vacanciers du coin. Nous profitons donc du ti-punch et des confiseries au coco comme tout le monde.
Nous faisons ici un peu plus connaissance avec Littorine, une famille partie en catamaran (un Outremer 45) pour un an et que nous avions déjà vue en Martinique. Nous faisons aussi une jolie ballade à pied au travers du Gros Morne, jusqu' à la belle plage de Grande Anse.


 

 


La baie de Pointe-à-Pitre

Après 5 jours passés à Deshaies, nous décidons de rejoindre la capitale en empruntant la rivière salée. Elle coupe la Guadeloupe en deux et nous offre la possibilité de rejoindre Pointe-à-Pitre sans refaire le tour de la Basse Terre. Après avoir longé les plateaux coralliens du Grand Cul de Sac Marin, aux couleurs superbes sous le soleil, on suit un chenal tortueux entre les hauts fonds. De bouée verte en bouée rouge, nous suivons le chenal et mettons plusieurs heures à traverser parmi les palétuviers, la mangrove. Nous arriverons en fin d'après-midi au 1er pont de l'Alliance et mouillerons sur une bouée pour la nuit. Demain, il faudra se lever à 4h pour passer.

Nous serons constamment ballottés sur la bouée car c'est dimanche après midi et, pour beaucoup de guadeloupéens, le retour sur la capitale. Nous verrons passer à toute allure des bateaux à moteurs et des scooters de mer jusqu'à la tombée de la nuit. Cette rivière est beaucoup fréquentée … comme une route nationale ! Nous assistons aussi aux atterrissages d'avions sur l'aéroport tout proche.
Pour finir la journée, nous serons envahis par une multitude de moustiques. Malgré tout, traverser une mangrove est superbe à faire.
Très tôt, le lendemain, nous appareillons pour franchir le pont de l'Alliance puis celui de la Gabarre une demi-heure plus tard, vers 5 H. Tout est silencieux, noir et nous n'entendons que les croassements des grenouilles. Les moustiques nous ont quitté. La ville se réveille petit à petit et les premiers à s'activer sont des pêcheurs.


 

 

 

 


Florian, funambule

 

 

 

 


IDEC, à Pointe-à-Pitre

Nous arrivons de très bonne heure à la marina de Pointe à Pitre. Qui dit ponton, dit point d'eau, lessive, plein de gaz oil, de gaz, et radio ponton aussi. Les journées sont bien occupées et les soirées aussi. C'est ainsi que nous retrouvons Yann et Marie-Paule de Killian qui nous inviteront à dîner à bord. Le repas, arrosé de bon vin et de rhum pour finir nous laissera un peu KO pour rejoindre Mateo. Heureusement, nous avons nos moussaillons et nous sommes au ponton !
Nous profitons de la voiture de Killian pour faire un gros ravitaillement au supermarché: de temps en temps, on a aussi droit à la corvée des courses comme à la maison! Il y a aussi les travaux à bord: la girouette partie en réparation en France est revenue, il faut donc que Florian remonte au mat, mais ça ne fonctionne toujours pas! Il va falloir regarder du coté du cable qui passe dans le mat.
Nous passons aussi une soirée avec Aldébaran, un couple parisien avec deux filles ados dont grande prépare son bac à bord. Et nous retrouvons Tournelune, déjà vu en Espagne, une jonque que Pascal a construit.
Florian et Sylvain trouvent aussi sur les pontons des copains de leur age avec lesquels ils se font quelques parties nocturnes de Game-Boy! Le lien avec la civilisation n'est pas perdu!
Nous avons la surprise d'avoir comme voisin de ponton un grand trimaran rouge du nom de Idec: c'est celui de Francis Joyon, un grand marin que nous avons déjà vu sur le chantier de Mateo car il habite Locmariaquer. C'est le bateau qui lui a permis de détenir le record du tour du monde en solitaire, avant qu'Hélène Mac Arthur s'en empare, et Francis arrive quelques jours plus tard pour remonter le bateau vers les Etats-Unis, afin d'y préparer sa tentative de record de l'Atlantique en solitaire.

La ville de Pointe-à-Pitre est beaucoup moins agréable que celle de Fort de France en Martinique: il y a des tags partout sur les devantures, les rues sont sales et la population beaucoup moins agréable avec les visiteurs. Des copains ont eu droit à des propos agressifs en s'y promenant. Rien à voir avec la gentillesse des Martiniquais.

Après quelques jours en ville, on a envie de retrouver un mouillage plus tranquille: nous allons donc poser notre ancre derrière l'ilet Gosier à quelques milles d'ici. Un petit îlot prolongé par une barrière de corail qui abrite le mouillage dans des fonds de quelques mètres.
Une grosse surprise nous y attends, un bateau au mouillage que l'on connaît déjà: c'est "Pasiphae", le Trismus avec lequel nous avions fait notre précédent voyage il y a 15 ans. Nous savions qu'il était reparti pour les Antilles, mais sans avoir de nouvelles depuis. Quelle émotion de le retrouver ici, à peine changé. Les propriétaires ne sont pas à bord, nous laissons un mot avec nos coordonnées: peut-être aurons nous de ses nouvelles un jour! La tranquillité ne dure pas: le dimanche il y a foule à Gosier, vedettes, jet-skis et pique-niqueurs se pressent sur le petit ilot. Mais le soir venu tout redevient calme.

Ce sera notre dernière escale en Guadeloupe, nous reprenons dans l'autre sens la Rivière Salée au petit matin, pour nous diriger vers Antigua, notre prochaine halte.

              



  Antigua

(15 mars - 21 mars 2005)

 

 


La baie de English Harbour

Après une petite journée de belle navigation, nous voici arrivés à Antigua, ancienne colonie anglaise et indépendante depuis 1980 seulement. Nous mouillons dans la baie de English Harbour, située au sud de l'île.
On a l'impression ici d'arriver dans un musée: Antigua était au 18eme siècle le bastion des armées anglaises dans les Caraibes. La flotte anglaise était basée dans cette baie bien abritée, et toute une infrastructure avait été construite pour son entretien: carénage, voilerie, corderie ...
Le repaire de Nelson était connu pour son entrée peu visible du large et rien n'a changé. Curieusement, Christophe Colomb n'a jamais mis les pieds sur cette ile qu'il a juste aperçue de loin. Les seuls colons furent les Anglais qui n'en furent jamais chassés.

C'est là que nous ferons les formalités d'entrées (douane et immigration), qui sont ici payantes contrairement aux îles françaises, dans les bâtiments du Nelson Dockyard entièrement rénovés. Il ne faut pas être pressé car les horaires des douaniers sont très aléatoires!

Ici, l'ambiance qui règne est très british. Les pelouses vertes sont tondues comme à l'anglaise, les lieux sont propres et bien entretenus. Même les bateaux sont astiqués ! (notre voisine de mouillage faisait les cuivres de son yacht pendant près d'une heure tous les jours).
La population est très mélangée, de nombreux blancs installés ici côtoyant une majorité noire.


 


Visite à Nelson's Dockyard

Nous visitons le musée Nelson installé dans l'ancienne maison de l'Amiral, où l'on peut voir tout l'historique des batailles entre anglais et français pour la conquête des îles antillaises à travers des maquettes, des photographies, des plans… Tout autour les anciens bâtiments militaires sont transformés en boutiques et restaurants.
Un peu plus loin, à l'entrée de la baie, on se promène dans les fortifications et bâtiments de l'ancien fort qui défendaient l'entrée du port: le magasin à poudre aux murs indestructibles, les canons qui sont toujours là. Pour les enfants, c'est du concret et ça marque plus qu'un cours d'histoire lu dans un livre !
Nous nous promenons au milieu des groupes organisés de touristes américains qui défilent tous les jours dans ces lieux historiques, accompagnés par des guides en costume d'époque.

De multiples forts entouraient l'île pour la défendre, et de nombreux bataillons anglais l'occupaient au temps de la colonisation. Le climat est très sec et ce n'est pas par hasard si l'Amiral Nelson y avait établit sa flotte afin que les militaires s'accommodent à la chaleur avant d'être envoyés dans d'autres îles, et y combattre les ennemis proches : les français.


 

 


Concert de steel-band

L'île a connu un développement rapide de la plaisance depuis les années 50 où la famille Nicholson s'y est installée. Antigua est maintenant devenue la capitale antillaise de la plaisance de luxe: dans la baie de Falmouth tout à coté, où ont été aménagées plusieurs marinas, se trouvent une partie des plus grands voiliers du monde: de très grands et splendides voiliers de 30 à 50 mètres, super équipés et tenus par des équipages très classe. C'est de la démesure !
Tous les ans, pendant la dernière semaine d'avril se déroule la "Semaine d'Antigua", un rendez-vous très prisé de régates entre les meilleurs équipages et les meilleurs bateaux à voile du monde.

Les enfants ont découvert aussi ce qu'était le steelband. Ces fûts métalliques reconvertis en instruments de musique en forme de grosses caisses, et dont le fond incurvé vers l'intérieur, est séparée en plusieurs "facettes", chacune d'elle possédant sa note. Frappés avec un petit maillet, en sortent des sonorités ressemblant à des musiques électroniques! Des orchestres sont constitués, de quelques instruments jusqu'à plusieurs dizaines assemblant des sonorités différentes, pour jouer des musiques de tout style: calypso, reggae, zouk, ...

Le jeudi et le dimanche, un bar organise un concert de steelband sur les hauteurs d'English Harbour, à Shirley Heights. Nous prenons le petit sentier pour y accéder, et au passage, on traverse un ancien cimetière de soldats anglais au milieu des broussailles: nous y trouverons une pierre tombale datée du 18ème siècle. Le concert est un truc à touristes, accompagné par un pseudo barbecue (BBQ), mais cela nous a fait une belle ballade et la vue est imprenable sur la baie.


 

 


Soirée grillades sur la plage

Après avoir fait un peu de ravitaillement, succinct et hors de prix (de la viande de poulet congelée, quelques tomates et fruits, quelques pains qui ressemblent plutôt à de la brioche ...) nous quittons English Harbour pour une grande baie déserte située à l'est de l'île: Non Such Bay, abritée derrière une petite île et une grande barrière de corail. Pas de balisage pour rentrer dans la baie , il faut slalomer entre les récifs mais l'eau est claire, et le Gps nous guide sans problème.
Le mouillage est très aéré, mais bien protégé des vagues qui viennent de l'Atlantique par les récifs. Une grande étendue d'eau turquoise permet de mouiller sur des fonds sableux de 2 à 3 mètres.
Le week-end c'est un rassemblement de super yachts à Non Such Bay: de gros yachts à moteur et quelques maxi-voiliers viennent y mouiller. Mateo parait tout petit à coté! Heureusement la baie est très vaste.
C'est un coin idéal pour les baignades dans le lagon, derrière la barrière de corail et la vue est ... paradisiaque. Le petit déjeuner en se réveillant dans un tel lieu est un moment magique. La plage sur l'îlot de Green Island à coté est pratiquement déserte et on en profite un maximum, en particulier les enfants. Par contre nous y verrons peu de poissons, juste une tortue.
L'endroit est propice au kite-surf, planche dont la voile est tirée par une aile de parapente, et nous observons leurs évolutions autour des bateaux.

Un soir, nous improvisons une soirée grillades sur la plage déserte. L'après-midi on a fait un stock de bois trouvé sur le bord de l'eau, puis arrangé un foyer en pierres de corail. A la nuit tombée, nous faisons griller des saucisses, des pommes de terre puis des bananes à la braise. Les enfants ont l'impression de jouer les Robinsons. Pour finir la soirée, nous avons droit à un petit concert de flûte joué par Florian puis un petit bain au clair de lune. Florian qui rêvait de soirées au coin du feu pendant la traversée, la voila!

Après quelques jours dans ce coin isolé et tranquille, nous retournons à Falmouth Harbour pour y refaire nos provisions et les papiers de sortie avant de filer plus loin vers le nord. Encore une île dont nous n'aurons pas le temps d'explorer tous les recoins: il existe de nombreux mouillages très jolis et il parait qu'on dénombre à Antigua 365 plages, beaucoup, pour une si petite île !


              



  Saint Barthélemy - Saint Martin

(22 mars - 06 avril 2005)

 


Retrouvailles avec Killian

Pour venir à Saint Barthélemy (Saint Barth pour les intimes, ça fait plus chic), il nous faut une nuit de mer depuis Antigua que nous quittons en fin d'après midi. La mer est belle, mais nous avons perdu l'habitude des quarts de nuit depuis la traversée de l'Atlantique, 2 mois et demi auparavant. Pour l'occasion, Florian prends son premier quart tout seul, en début de nuit jusqu'à 21 heures.
Nous arrivons au matin devant le port de Gustavia, la capitale, où sont ancrés des dizaines de bateaux: beaucoup de français mais aussi américains, anglais,.. Cette ile est un peu la charnière entre les zones de navigation des francophones au sud et des américains au nord. Le port, pas très grand, est réservé aux unités de prestige qui s'y amarrent l'arrière à quai comme à St-Tropez.
Nous mouillons donc à l'extérieur, à coté de nos copains de Killian arrivés la veille. Des paquebots de croisière se relaient aussi au mouillage, et nous y retrouvons une nouvelle fois le Club Med 2. Le soir tout ce petit monde allume ses feux, et les bateaux sont transformés en véritables sapins de Noël!
L'île de Saint Barth a elle aussi bien changé depuis notre précédent voyage: les Américains apprécient ce luxe français et les boutiques de parfums, de bijoux, de maroquinerie ... se sont multipliées. La circulation des voitures et scooters en grand nombre rend l'île beaucoup moins tranquille qu'avant.


 


Aterrissage à St-Barth

L'île de Saint Barth est toute petite: c'est à pied que nous passons de la côte ouest à la côte nord et rejoignons la plage Saint Jean. Entre les deux, on passe au col de la Tourmente, où les petits avions de tourisme passent en rasant les toits des voitures, et nos têtes, pour se poser sur la courte piste qui se termine au milieu du sable et des baigneurs sur la plage en contrebas. C'est un véritable spectacle de voir les petits coucous atterrir et décoller toutes les 10 mn environ.
Après avoir discuté avec François, un vieux Saint Barthois qui nous a hélé, on emprunte une route privée qui nous mène à la plage, après avoir traversé des résidences de vacances en bord de mer. Ici, les pancartes "Propriété Privée" fleurissent à chaque coin de rue et certaines plages sont difficiles à atteindre.
Avant de quitter la ville, on refait le plein d'alcool, vendu hors-taxe: le pastis coûte moins de 3 euros! Florian fait les boutiques et trouve un body surf à un prix sans concurrence, depuis le temps qu'il en rêvait.
Après Gustavia, nous allons mouiller à l'anse du Colombier juste quelques milles au nord, moins fréquenté et beaucoup plus abrité. C'est le week-end, et beaucoup de monde vient ici: des abris et des tentes sont installés sur la plage et des groupes de jeunes et des familles passent leur week-end ici avec barbecue, sono ...
A coté de nous vient mouiller "Limitless": il porte bien son nom, c'est un motoryacht géant de plus de 100 m de long, l'un des 3 plus grands motoryachts américains. L'équipage est aux petits soins et sort jets-skis, vedette, skis nautiques… pour occuper les passagers qui se prélassent ensuite sur l'une des trois terrasses. Au petit matin, avant que tout le monde se lève, le bateau est lavé, briqué ...
Nous faisons une petite balade pédestre sur l'un des rares sentiers de l'île, hors de toute propriété privée, qui longe la falaise au milieu des cactus avec une jolie vue sur la cote nord.



Mouillage à l'Ile Fourche

Nous quittons Saint Barth et passons ensuite une journée à l'île Fourche, petite île déserte sur la route entre Saint Barth et Saint Martin: des collines volcaniques, une maigre végétation qui commence à revenir depuis que les nombreuses chèvres ont disparues.
Il y a quinze ans nous étions seuls ici, aujourd'hui des bouées de mouillage ont été installées car c'est une réserve et il y a une dizaine de bateaux. Nous faisons une plongée avec les copains de Tao qui nous ont rejoint. Les fonds sous marins sont très jolis et on y voit des barracudas, des tortues et Thibaud de Tao a même aperçu un petit requin !


 

 

 

 


Le front de mer à Marigot


Le lendemain, nous larguons la bouée en direction de Saint Martin: une navigation à vue encore cette fois pour rejoindre en quelques heures la cote est de l'île.
Oyster Pound (l'Etang aux Huîtres), où nous nous arrêtons pour la nuit a la particularité d'être a moitié français et a moitie hollandais. Nous sommes amarrés sur une bouée en plein milieu, et si ça se trouve Mateo a une coque en France et une autre en Hollande.
Heureusement il n'y a pas de douaniers ici a la frontière entre les deux territoires!
L'île de Saint Martin a en effet été coupée en deux lorsque les français et les hollandais ont décidé de se faire la paix: un soldat de chaque camp est parti en courant chacun dans son sens, et lorsqu'il se sont retrouvés de l'autre coté, la frontière était tracée. Le français devait courir un peu plus vite car la partie française est un peu plus grande que la partie hollandaise (Sant Maarten)!

A Oyster Pound nous pensions trouver un lieu préservé mais des pavillons ont poussé tout autour de la petite marina, construction encouragée par les lois de défiscalisation! Nous quittons les lieux après un plein de gazole et allons mouiller pour une nuit devant l'îlot Tintamarre, au nord est de Saint Martin. Le mouillage houleux, un lumbago qui limite les mouvements du capitaine, nous incitent à filer directement devant Marigot la capitale de la partie française au nord de l'île.

Cette ville ayant été le lieu de notre départ pour le retour lors de notre précédent voyage, cela nous fait drôle cette fois de nous dire qu'on continue vers l'ouest. On essaye d'y retrouver des lieux connus mais beaucoup de choses ont changé: le front de mer a été aménagé, le marché typique où des doudous vendaient à même le sol des tonnes de fruits excellents a été remplacé par des cabanons coquets mais sans âme! De plus les prix ont flambé et on paye maintenant 4 euros pour un ananas. Sans doute ici aussi la conséquence de la visite des nombreux touristes américains qui débarquent ici en car pour visiter les boutiques détaxées!


 

 


Les poissons d'avril de Sylvain

A Saint Martin, nous avons retrouvé pendant quelques jours un ciel nuageux avec quelques averses, une chose que nous avions presque oubliée depuis la Martinique. Pour le premier avril, Sylvain nous a préparé toute une série de découpages: diodon d'avril, murène d'avril, requin d'avril, poisson-chirurgien d'avril… quelle imagination. On se retrouve le dos bien décoré.

De nombreux copains sont là aussi pour des réparations, des achats et la préparation de leur traversée vers l'Europe pour ceux qui n'ont pris qu'une année sabbatique (Littorine, Carabosse) ou bien avant de rejoindre une zone d'hivernage plus au sud pour les autres (Tao, Killian), ou de continuer vers Panama comme nous (Shiga).

Il n'y a pas grand-chose à visiter coté tourisme sur cette île très cosmopolite: plus de 80 nationalités s'y côtoient sans problème semble-t-il car contrairement à beaucoup d'îles antillaises, il y a de l'activité, le travail ne manque pas et il est facile de s'y installer.
Un aéroport international reçoit de nombreux vols de l'Europe, d'Amérique, et l'île est une plaque tournante tant touristique qu'économique pour cette région des Caraïbes.

Principal avantage du lieu, Saint Martin a un statut de port franc, donc le matériel y entre sans taxe et on y trouve tout ce que l'on veut à des tarifs très intéressants, en particulier dans le domaine nautique: le matériel est importé des Etats-Unis, et vu le cours actuel du dollar, c'est encore plus rentable pour nous.
Le magasin "Budget Marine", une chaîne américaine de matériel nautique, stocke de nombreuses pièces et nous y faisons de fréquentes visites. Nous y achetons des pièces de rechange, des filtres moteurs, et Mateo n'ayant pas de Vhf fixe, nous lui en offrons une qui nous coûtera 40% de moins qu'en France! Si on avait su, on aurait attendu d'être ici pour acheter notre pilote de secours.
Nous y refaisons aussi les réserves de nourriture, car les escales suivantes risquent d'etre moins achalandées et chères: quelques dizaines de kilos de pâtes, riz, conserves, ... viennent alourdir Mateo.

Après les visites d'adieux aux copains nous quittons Saint Martin un soir en direction des Iles Vierges Britanniques. Un faux départ car un bruit suspect dans un moteur nous fait vite rebrousser chemin. Mais il s'agit juste d'un silent-bloc desserré, ce qui sera réparé le lendemain.

              



  Les Iles Vierges

(07 avril - 18 avril 2005)

 

 

 

 

 


Arrivée aux Iles Vierges

Nous arrivons après une nuit en mer sur Virgin Gorda, une île à l'est de l'archipel. La mer s'aplatit tout à coup après être entrés dans l'archipel entre les îlots du sud. Nous nous mettons sur une bouée en attendant le lendemain que les bureaux de la douane ouvrent pour y faire les formalités: à peine amarrés, un bateau vient nous demander 25 dollars pour passer la nuit sur la bouée! Le lendemain la douane nous en soutirera 12 de plus. Fini la gratuité des îles françaises, ici il faut payer pour beaucoup de choses, et même parfois pour se débarrasser de ses poubelles! (2 dollars !)

Les Iles Vierges sont constituées de deux archipels: les britanniques (BVI) et les américaines (USVI). Pour les américaines il faut un visa que nous n'avons pas, on se contentera des britanniques, réputées plus jolies et plus tranquilles.

C'est un archipel constitué de trois iles principales (Virgin Gorda à l'est, Tortola la plus grande au centre et Jost Van Dycke à l'ouest), plus quelques dizaines d'îlots plus ou moins grands, entourant une mer intérieure. Une autre île, Anegada, est située à l'écart au nord-est et beaucoup moins visitée.
Pas besoin de s'y connaître beaucoup en navigation pour faire du bateau ici: tout se fait à vue, il n'y a pas de marée, le plan d'eau est toujours abrité, il y a toujours un mouillage à une heure de route maximum et on peut mouiller sans sortir l'ancre car certains mouillages sont équipés de bouées d'amarrage.
Des centaines de bateaux naviguent ici mais le plan d'eau est moins encombré que la baie de Quiberon en été chez nous ! 99% sont des bateaux de location, presque tous aux couleurs identiques (Mooring et Sunsail), loués pour la semaine par des américains en vacances. Les Iles Vierges représentent en effet la plus grosse base mondiale de location de bateaux!

Les américains étant très grégaires, ils se pressent tous au même moment aux même endroits, et le soir tout le monde rentre à la marina ou vers les bouées à 25 dollars la nuit ("secure mooring" comme c'est écrit dessus), si bien que certains mouillages enchanteurs, devant un petit îlot planté de quelques cocotiers, deviennent presque déserts à partir de 17 heures.


 

 


Mateo aux "Baths"

 

 

 


Le serveur du Mateo Bar

Difficile parfois de faire des choix lorsqu'on a 4 jolis mouillages à moins d'un mille l'un de l'autre mais pas le temps de tous les faire.
Les plus beaux sites de plongée sont classés en réserve naturelle, et équipés de bouées d'amarrage que l'on peut prendre pour la journée gratuitement. Cela est pratique car les profondeurs d'eau deviennent vite importantes.
Ce qui est curieux ici c'est qu'on entend le cri des mouettes ; ça nous rappelle la Bretagne! C'est vrai qu'on est remonté un peu au nord mais quand même.

Après les formalités et quelques courses de nourriture, chère ici comme sur les autres îles anglophones, on va mouiller au sud de Virgin Gorda, devant une petite plage à proximité du site de "The Baths".
En allant vérifier en plongée si l'ancre est bien accrochée, Florian se fera une grosse frayeur: un barracuda de 1m50 s'approche de lui en le regardant fixement. Il remonte à toute vitesse par l'avant du bateau en s'accrochant à la chaîne de l'ancre! Il s'en souviendra !
Le lendemain nous nous dirigeons juste devant "The Baths". L'endroit est une Réserve Marine et est aménagé: des bouées sont prévues pour éviter de jeter l'ancre: jaune ou rouge pour les bateaux, bleues pour les annexes. On peut les prendre à la journée sans payer, et, en principe on ne doit pas y passer la nuit (ce que font parfois certains français moins disciplinés que les anglophones !).
Ce lieu superbe, une curiosité de la nature, est formé de gros blocs de granit ronds amoncelés en bordure de plage et entre lesquels on se promène par un petit sentier: c'est un vrai labyrinthe et sous les blocs se forment des petites piscines aux eaux transparentes, dans lesquelles on se baigne en cours de balade. Devant cet amas, des petits massifs coralliens abritent de jolis poissons. Sûrement le plus beau site que nous ayons vu depuis le début du voyage!

Le soir c'est l'apéro au "Mateo Bar". Sylvain prépare le punch ou le pastis, et mets ses gants blancs pour nous apporter les verres sur un plateau. Il y a même la facture ! Florian a fait les petites cartes de visite avec le logo du Mateo Bar.


 

 

 


La plage de Cooper Island

 

 

 

 


The Indians

Après Virgin Gorda, nous nous dirigeons vers Cooper Island, à une heure de route: un ilot privé, dont la grande plage de Manchioneel Bay, bordée de cocotiers comme sur une carte postale, est aménagée avec des bungalows, un bar-restaurant… Tout cela est très coquet. Bien sur il faut payer la nuit sur la bouée là aussi. Un petit rocher au bout de la plage est l'occasion d'une jolie plongée le lendemain matin.
Le lendemain, nous allons sur Peter Island juste à coté. Lorsque nous arrivons dans l'après-midi, la baie de Great Harbour est déjà bien remplie, et les fonds devenant vite profonds, nous ne trouvons pas de place pour y poser l'ancre. Nous revenons donc devant la grande plage de Deadman Bay: au moins ici c'est gratuit, même si un hôtel occupe la moitié de la plage! Nous sommes entourés de bateaux de charter et de location, à part deux bateaux français, des retraités bretons qui explorent tranquillement les Antilles.
Notre escale suivante sera sur Norman Island: la petite baie de Privateer Bay se trouve devant le site de "The Caves", des grottes dans la falaise rouge, qui ont parait-il abrité un trésor…
Nous ne sommes que 3 bateaux à passer la nuit ici, et le lendemain nous explorons en plongée les grottes: plein de coraux et de poissons sur les roches autour, le coin est très beau. Les deux grottes ne sont pas très grandes, mais l'imagination aidant, on se retrouverait presque au temps des pirates qui étaient nombreux dans le coin. Faisant partie de la Réserve Marine, ici aussi des bouées sont posées pour que les plongeurs puissent amarrer leur annexe.

Dans de tels endroits, c'est souvent difficile de faire travailler les enfants et parfois rageant de passer une bonne partie de la journée à bord pour faire l'école quand tout nous invite à piquer une tête au milieu des poissons multicolores ou à faire un tour sur la plage. Mais sans le Cned nous ne pourrions sans doute pas faire ce que nous faisons avec eux.

Pour notre escale suivante nous allons à l'ouest de la grande île, Tortola, à Soper's Hole. En cours de route, nous faisons halte sur "The Indians", un groupe de rochers pointus qui offrent de très jolis paysages sous marins et un décor impressionnant. Là aussi des bouées de réserve permettent de s'amarrer pour la journée et de plonger en toute tranquillité. Un groupe de retraités américains s'y arrête aussi, et ils barbotent autour des cailloux munis de gilets flottants jaune fluo !
A Soper's Hole, il y a une marina et quelques boutiques: il faut bien refaire un peu de courses de produits frais pour aller plus loin, car les magasins sont rares sur les îles. On en profite donc.
En débarquant, on est abordé par un français installé ici sur un voilier depuis un an et très heureux de rencontrer des gens du pays, et de parler français ce qui est rare car on n'entend parler qu'anglais. Il nous donne quelques infos sur les lieux, et entre autre, comment se débarrasser de sa poubelle sans payer. Puis on a parlé de la Polynésie qu'il connaît très bien, et il nous donne même une carte marine de Tahiti qui ne lui sert plus.


 

 

 

 

 

 


Sous un grain à Green Island


Nous remontons ensuite vers le nord, à l'est de Jost Van Dycke, pour aller mouiller devant Green Cay, un petit îlot prolongé par un banc de sable sur lequel pousse un peu de végétation et quelques cocotiers: un décor comme on l'imagine au cinéma ! Des récifs à fleur d'eau autour, et le sable est un mélange de grains de coraux rouges et blancs! Dans la journée quelques bateaux de location viennent y passer quelques heures, mais le soir venu nous sommes seuls devant ce tableau idyllique. Nous y passerons deux nuits.

Des grains forts pendant la deuxième nuit nous empêchent de dormir des deux oreilles, mais l'ancre, une Spade Océane, est bien accrochée dans le sable et les morceaux de corail, dans 3 m d'eau. Dans ces conditions elle tient a merveille. Depuis les premiers mouillages au Cap-Vert où nous avions du mal à la faire crocher, nous avons fait des progrès et la manœuvre est toujours réussie du premier coup: il faut dire que souvent l'eau est si claire que l'on voit l'ancre se poser en "direct live" !

Pour l'étape suivante nous longeons toute la cote nord de Tortola. Nous prenons pour quelques heures une bouée de réserve au sud de Guana Island, histoire de faire à nouveau une jolie plongée, puis allons mouiller pour la nuit à Little Bay juste en face sur la cote de Tortola. Encore une fois nous y serons seuls au mouillage, et seuls sur la plage très belle: sable blanc et rochers ronds de granit, eau turquoise. Pleins d'oiseaux vivent là: une colonie de pélicans, des mouettes rieuses, des échassiers (chevaliers), des frégates, des sortes de sternes à crète. Au petit matin, nous relevons sur la plage les traces d'une tortue qui est venue pondre pendant la nuit.

Nouveau saut de puce le lendemain, vers Marina Cay, un tout petit îlot, ancienne propriété de l'auteur américain Rob White, qui a été aménagé avec restaurant, boutique, ponton à gazole et bouées payantes bien sur. L'îlot est un véritable petit jardin et on s'y promène en toute tranquillité. Sur la hauteur, il y a un petit bar avec une salle pour les équipages des voiliers de passage avec des jeux de société et quelques livres.


 

 

 

 


Thierry et Odile d'Aldebaran

A la Vhf, sur le canal 8, canal de rencontre des français que nous connaissons, nous captons un appel: "Rendez-vous pour Aldébaran". Tiens, il y a du monde connu dans le coin, en particulier Thierry et Odile d'Aldébaran avec qui nous avions sympathisé à Pointe-à-Pitre. On les appelle et on se donne rendez-vous le lendemain devant "The Baths" où ils sont amarrés. Nous revenons donc à notre point de départ 10 jours plus tôt, après avoir contourné la grande île de Tortola!
De plus, leur fille Marie doit prendre l'avion quelques jours plus tard de Saint Martin pour Paris afin d'aller passer son baccalauréat. Une aubaine, car elle fera le facteur pour nous, pour emporter les devoirs du Cned des enfants, ce sera plus rapide que les 3 semaines de délai d'acheminement si on les avait postés aux Iles Vierges.
Avant de quitter les Iles Vierges nous faisons un repas ensemble sur Mateo, ainsi qu'avec Jean-Louis et Cathy d'Orange Bleue. Eux aussi, comme Aldébaran, n'ont qu'un congé d'un an et se préparent à faire la traversée retour vers la France. C'est donc là que nos routes se séparent avec la majorité des bateaux: petit coup de blues !

Ce séjour aux Iles Vierges aura été un moment bien agréable, de véritables vacances dans des lieux enchanteurs. Malgré les nombreux touristes, les aménagements hôteliers en grand nombre, on peut y trouver des coins charmants et passer des semaines à explorer les mouillages, la plupart peu fréquentés si on sait choisir. Et il y a plein de très jolis endroits où plonger facilement, tous différents, et bien équipés. Revers des choses, les contacts avec la population sont rares, les magasins aussi et l'approvisionnement coûte cher. Il vaut mieux prévoir de faire le plein avant à Saint Martin !

              



  Saint Domingue

(22 avril - 28 avril 2005)

 

 


Sylvain prépare l'arrivée

 

 

 


La marina de Boca-Chica

Pour venir à Saint Domingue, nous longeons la cote sud de Porto-Rico, état associé aux USA.
Le vent est très faible, les 4/5ème de la route se feront au moteur, le reste sous grand-voile et genaker. Trois jours seront nécessaires pour atteindre notre halte suivante. La veille de l'arrivée, nous avons droit à un passage orageux, avec éclairs et forte pluie qui nous obligent à nous dérouter un peu.

A l'arrivée à Boca Chica, un port situé à une trentaine de kilomètres de la capitale, il faut chercher l'entrée du lagon, cachée derrière un petit îlot boisé. Heureusement quelques bouées rouillées balisent le chenal.
Rubio nous fait des grands signes pour nous accueillir dans sa marina: deux pontons de bois avec eau et électricité. D'autres bateaux sont au mouillage, bien abrités derrière l'îlot.
A peine arrivés, c'est la visite à bord des autorités: on n'entre pas dans le pays comme ça et de toute façon, interdit de mettre pied à terre avant cette visite officielle. 4 fonctionnaires montent à bord, dont l'un arrogant joue les petits chefs pour se faire servir un café, puis nous extorque 90 $ sans que l'on sache exactement à quoi cela correspond. De plus il "oubliera" de faire des cartes d'entrée pour les enfants, ce qui nous vaudra une nouvelle demande d'argent à la sortie, que nous refuserons catégoriquement. Heureusement ses collègues semblent moins corrompus!
Peu de bateaux s'arrêtent ici, nous y retrouvons un allemand, un suisse et quelques français, des retraités qui naviguent depuis des années dans les Caraïbes.
La marina, propriété d'un américain, est à peine terminée: les sanitaires sont provisoires et l'entrée boueuse. Mais elle est gardée en permanence, l'un des gardes passe même sa journée sur une chaise à coté de Mateo. Rubio, le manager, a l'air très serviable et nous emmène avec son camion pour aller remplir notre bouteille de gaz, mais ce sera moyennant finance bien sur. Ici, on ne roule pas sur l'or et petits services = petits profits. Comme le raccord pour le remplissage ne correspondait pas, et après avoir été à la quincaillerie sans succès, nous sommes allés chez un tourneur pour en faire fabriquer un. Le temps de trouver la matière, de faire le travail, ce ne sera que deux jours plus tard que l'on pourra remplir notre bouteille française, mais nous avons maintenant un raccord adapté pour n'importe quelle station de gaz. A conserver précieusement.



 

 


L'usine à sucre de Boca-Chica

 

 

 


Les bars de la plage de Boca-Chica

Le village qui se trouve près de la marina est très animé, les rues sont défoncées et les maisons délabrées, mais y circulent des 4x4 rutilantes, et au Club Nautico, des dizaines de grosses vedettes à moteurs sont alignées.
Dans toutes nos escales, nous n'avons pas encore rencontré un tel état de saleté: des papiers et des emballages traînent partout, l'eau croupit dans les ornières des rues… Mais on trouve un peu de tout dans des petites boutiques Il ne faut pas espérer chercher quelque chose de précis mais on peut tomber par hasard sur ce dont on a besoin.
Les voisins de ponton, des retraités français, proposent à Joëlle de se joindre à eux pour acheter de la viande chez le boucher. L'un des français est un ancien boucher et maîtrise bien la langue espagnole. L'endroit n'est qu'un étalage sur le bord du trottoir, mais de la bonne viande de porc et de bœuf locale qui ne vient sûrement pas par cargo. Il découpera lui-même la viande qu'il choisit dans le frigo, et le boucher dominicain le laissera faire et lui prêtera sans problème les outils nécessaires. On ne peut faire mieux comme accueil !
On trouve également plus de fruits et légumes que lors de nos escales précédentes, ainsi que de la salade verte dont on avait oublié le goût depuis quelques mois ! Mais pour nous qui pensions faire un gros ravitaillement, les produits sont plus chers qu'on ne pensait. Depuis la dollarisation (alignement du peso sur le dollar) l'an dernier, certains prix ont parait-il doublé !

A quelques kilomètres de là se trouve la station touristique de Boca Chica. De grands hôtels au bord du lagon y accueillent les touristes européens: italiens et allemands surtout, mais aussi français et canadiens. Autour s'est développé un village avec quelques boutiques de souvenirs, un petit supermarché, une banque, et aussi quelques cybercafés !
Pour y aller on prend un petit chemin côtier bordé de paillotes et de bars de plage très couleur locale: les tables et chaises sont construites en bois de récupération, peintes de couleurs vives et abritées sous des paillotes en feuillage. La musique marche a fond toute la journée. On voit bien qu'on a changé de région: ici c'est salsas et rythmes cubains.



 


La cathédrale de Santo-Domingo

 

 


Au musée Colomb, à Santo-Domingo

 

 


La vendeuse de fruits

Mercredi 27, nous partons pour la journée visiter Santo Domingo, la capitale située à 30 kms d'ici. Comme d'habitude on prend les moyens de transport locaux, toute une aventure lorsqu'on ne connaît pas et qu'on ne maîtrise pas complètement la langue, malgré une année de cours d'espagnol (merci Anita).
D'abord on se pointe au bord de la route et un premier minibus nous emmène (gratuitement) à la gare principale. De là on prend un nouveau minibus pour Santo Domingo. Il faut remplir le bus et on s'entasse les uns les autres au fur et à mesure du trajet. Il fait déjà chaud à 9 h 30, aux alentours de 30°. Les gens, vêtus pour certains de jeans et chaussures fermées, ne sont pas incommodés par cette chaleur. Plus nous approchons de la capitale, plus les arrêts sont fréquents. Le plus étonnant est qu'il n'y a pas de station à un endroit déterminé. Le chauffeur arrête donc à la demande. Ainsi une femme âgée d'une cinquantaine d'année a été débarquée au bord de l'autoroute où elle devait franchir la rambarde pour traverser l'autre voie!
Nous débarquons du bus à proximité de la Zona Colonial, le centre historique de la capitale. A peine arrivés une flopée de guides nous saute dessus pour nous faire visiter les principaux monuments, mais on les remercie pour visiter seuls et à notre rythme. En fait, pas besoin de guide, les principaux édifices sont libres d'accès.
On commence par visiter la cathédrale, Primada de America, la première cathédrale construite aux Antilles entre 1511 et 1540, après les voyages de Colomb. Une partie de sa famille a d'ailleurs son tombeau dans l'une des cryptes.
On longe les anciens remparts pour se rendre à l'Alcazar de Colon où vivait le fils de Christophe Colomb, premier gouverneur de l'île. Le bâtiment a été entièrement restauré et est meublé avec de nombreux meubles d'époque. On se promène dans les différentes salles de réception, la cuisine, la salle de musique, les chambres, celle du gouverneur et celle de sa femme, avec leurs lits tout petits, car à l'époque ils mesuraient à peine plus d'1m50, le salon servant à leurs rencontres entre les deux chambres.
Nous visiterons aussi le Panthéon National, avec son garde figé comme une statue qui surveille la flamme permanente.
Saint Domingue a été la première colonie des Antilles à être ainsi construite et organisée par les Espagnols. Cette vieille ville est superbe et pleine de monuments d'époque, riches d'histoire mais malheureusement pas mise en valeur: aucune indication, pas de plaquette de présentation, très peu d'explications dans les musées. Parfois il y a quand même un guide avec qui on essaye de se comprendre en espagnol.
La rue piétonne qui parcourt le centre ville ressemble à nos rues européennes, avec ses magasins, sa déco moderne, ses fast-foods, et ses policiers omniprésents, mais à quelques centaines de mètres on se retrouve en plein souk, avec les étals hétéroclites, les vendeurs de rue et la saleté partout. Le coin n'est parait-il pas très sûr pour nous européens et nous ne nous y arrêterons pas.



 

 


Boutique à touristes


On profite d'être à la capitale pour nous arrêter au supermarché et revenir avec des sacs de courses pleins les bras, parents comme enfants. Dans le bus de retour on côtoie des jeunes haïtiens qui rentrent de la capitale avec des stocks de tableaux pour touristes produits en grande série à Santo Domingo !
Le tourisme qui se développe actuellement à Saint Domingue passe ici par une phase de tourisme organisé, hôtels tout compris et tour-operators, et rien n'est prévu encore pour la visite en indépendant comme nous: peu de locations de voiture, ni d'office de tourisme. Même le bureau de tourisme de la capitale n'avait que deux ou trois plaquettes à offrir aux visiteurs.
Lorsqu'on regarde les brochures touristiques présentant les complexes hôteliers luxueux et super entretenus, on a du mal à croire que c'est le même pays que celui que l'on côtoie dans les rues de Boca Chica! Et pourtant il y un potentiel énorme ici, tant du point de vue historique que pour les loisirs car les paysages sont variés entre la côte aux couleurs tropicales et l'intérieur qui ressemble à une petite Suisse, ce que nous dirons nos voisins car nous ne prendrons pas le temps d'y aller faire un tour. Nous avons déjà du retard sur notre livraison à l'Ile à Vache, et la saison des pluies approche.


              


  L'Ile à Vache (Haïti)

(01 mai - 09 mai 2005)

 

 


Arrivée à l'Ile à Vache

Le vent est faible, et la mer belle lorsqu'on quitte Boca Chica. La nuit, des grains nous obligent parfois à réduire la voile. Nous arrivons au petit matin au bout de trois jours en vue de l'Ile à Vache. De l'île, on aperçoit le continent haïtien sur lequel nous ne mettrons pas les pieds, vu les conditions politiques du pays.

Haïti se situe sur la même île que St Domingue, appelée Hispaniola. Historiquement, l'île fut colonisée par les Espagnols, mais comme la partie ouest, très montagneuse, était inexploitée, les français s'en sont emparés, ce qui explique le découpage actuel.
Après la fin de la dictature des Duvallier, la crise politique a débouché sur une guerre civile et l'insécurité règne: des morts tous les jours à Port-au-Prince la capitale, la cote ouest dont il vaut mieux ne pas approcher … Mais l'Ile à Vache est restée à l'écart de ces troubles, et on peut naviguer sans problème dans les parages. L'île est aussi restée à l'écart du développement et le gouvernement haïtien s'en occupe à peine: une seule école nationale, pas de route ni d'électricité, pas de services …
Elle n'est pas très grande (15 kms sur 2 environ), mais très peuplée, près de 15 000 habitants, et où que l'on aille, même en dehors des quelques gros villages, se trouvent des habitations plus ou moins grandes.



 

 


Mateo à Port-Morgan

Nous arrivons en même temps qu'un autre bateau français, une coïncidence car les voiliers qui viennent ici ne sont pas légion: un couple de retraités qui naviguent depuis des années dans les Caraïbes, et que nous avions déjà vu à Saint Domingue.
Nous entrons dans la baie Féret, où nous trouvons des bouées installées pour les voiliers de passage dans une petite anse super abritée, l'Anse à l'Eau. Le lieu a été appelé Port Morgan, car c'était un repaire du célèbre pirate anglais et un de ses bateaux serait coulé ici. C'est un français, Didier, arrivé ici en bateau, qui a construit, il y a une dizaine d'années, un petit hôtel de bungalows et aménagé une "marina", en fait quelques bouées, un petit bar, un restaurant. Il y a aussi un petit centre de plongée et quelques chevaux pour les balades. Au bureau, il y a même Internet, et on peut s'arranger avec les employés du restaurant qui vont régulièrement aux Cayes sur le continent pour l'approvisionnement (fruits, légumes, pain, viande). Didier s'occupe même des formalités.

Il n'a pas plu depuis 6 mois ici, et tout le monde est content car nous avons droit aux premières pluies de la saison pendant notre séjour. Elles ont lieu surtout en fin de nuit et au petit matin. Nous en profitons nous aussi pour récupérer tout ce que l'on peut comme eau (bidon, seau, cuvette, bassine …) qui servira pour la toilette, la lessive et le ménage, notre réservoir de 450 litres sur Mateo étant plutôt réservé à la cuisine et la consommation.



 


Jean-Pierre et sa femme

 

 


Une pirogue

A notre arrivée, des pirogues nous accostent pour nous aider à amarrer le bateau sur la bouée, et nous proposer différents services (guide, nettoyage de la coque, lessive, …), nous vendre des fruits, des poissons, des noix de cajou grillées, ou nous demander ballons, nourriture, argent pour parrainer des enfants pour l'école, médicaments … Pendant 3 jours ce sera le défilé, adultes et enfants, puis ce sera un peu plus calme ensuite. Nous avons sympathisé avec Jean-Pierre, qui sera notre guide et servira d'intermédiaire. Il fera aussi le nettoyage des coques de Mateo qui en avaient bien besoin: dans les eaux chaudes, les algues poussent vite !

Tout manque ici. La seule chose que l'on trouve en abondance ce sont les mangues car c'est la pleine saison. Les villageois font leur ravitaillement de nourriture aux Cayes, sur le continent haïtien, à quelques milles en pirogue. Les gens embarquent les pieds dans l’eau, il n’y a même pas de ponton. Les embarcations sont creusées dans un tronc d’arbre avec 2 ou 3 petits bancs pour s’asseoir: elles peuvent transporter à peine une dizaine de personnes, mais gare aux mouvements brusques. Surtout, ne pas bouger !

Ces pirogues sont précieuses et on en voit beaucoup avec ou sans voile. La voilure est en tissu, souvent récupéré ou simplement fabriquée de sacs poubelles mis bout à bout. L’embarcation avance bien malgré cet équipement très sommaire. Certaines sont plus grandes et construites avec un bordé en planches: elles servent au transport de matériel, et sont parfois motorisées. Nous en verrons en construction, car il y a un charpentier au village qui en construit plusieurs sur la plage.

Non loin de nous se trouve mouillé ce qu’on pensait être un bateau militaire. En fait, il s’agit d’un navire américain qui sert de base à une équipe de plongeurs. L’équipage reste ici pour 2 ans pour essayer de trouver …. un trésor enfoui parmi les nombreuses épaves dans les environs. On dénombre effectivement plus de 70 vieux navires datant du temps des pirates au 19è siècle. Une convention a été signée avec le gouvernement d'Haiti pour effectuer ces recherches, mais elles n'apporteront pas grand chose à la population locale.



 

 


La bibliothèque de Cacok

Le village en face de la marina s'appelle Cacok, et nous devons y déposer une partie de notre chargement pour le dispensaire du Dr Carmen: un moteur hors bord pour équiper la pirogue qui sert aux urgences, et deux cartons de médicaments. Nous visitons le petit dispensaire sur les hauteurs, c'est vraiment très sommaire: une petite pièce pour les soins, un petite pharmacie peu garnie.
Le village aussi est très rudimentaire: des cases, certaines en cocotier mais la majorité en dur, pierres et ciment, une école en construction, financée par une association espagnole, une bibliothèque, don de canadiens, un terrain de foot, un terrain de combats de coqs, et le charpentier qui construit les pirogues. Il y a aussi plusieurs églises, de différentes communautés, adventistes, pentecôtistes, … qui vivent côte à côte avec leurs rites.
Le village est construit en longueur entre la plage et les marécages, de ci de là des cochons attachés s'engraissent, certains les pattes dans l'eau. Les chemins sont en terre ou sable pas remblayés malgré la quantité de pierraille que l'on trouve ici !

Jean-Pierre nous guide pour visiter le village et rencontrer différentes personnes, aller voir la belle plage de l'Anse Dufour, monter sur les collines pour avoir une jolie vue sur l'île, et nous en profitons pour cueillir une provision de fruits: papayes, petits citrons verts, mangues … qui poussent ici tout seuls.



 


Le marché

 

 

 


Le parking du marché

Le jeudi c'est jour de marché à Madame Bernard, le plus gros village de l'île, à 8 kms de Cacok. Partis de bonne heure avec notre guide, nous le suivons dans le dédale de sentiers, d'abord au milieu des collines puis au bord de la plage. Il a plu dans la nuit et les chemins sont boueux: nous transportons sous nos semelles de sandales des kilos de terre grise qu'il faut retirer de temps en temps! Ici beaucoup de gens marchent pieds nus et n'ont pas ce problème.
En chemin nous rencontrons des écoliers qui partent en classe avec leur uniforme impeccable. La couleur de l'uniforme détermine de l'école où ils sont. Certains font tous les jours une heure et demi de marche et autant au retour pour aller en classe! Mais beaucoup n'y vont pas, soit par manque de moyen, car il faut payer environ 5 dollars par mois, soit par manque de motivation. Et quand il pleut beaucoup d'élèves restent chez eux car les sentiers sont difficilement praticables.
Sur le chemin, des gens nous saluent, et échangent quelques mots. Nos "ti-mounes" (enfants) sont apparemment un sujet d'intérêt pour eux !

Arrivés au marché, c'est l'étonnement: au milieu des flaques et de la boue, des dizaines de stands, certains sous un abri en palme, certains à même le sol, proposent toutes sortes de choses: fruits et légumes, poissons, farines, bonbons, ustensiles en plastique, … Ca grouille de monde et il faut se faufiler entre les stands.
Devant le marché sont mouillés des dizaines de bateaux-pays qui viennent apporter les marchandises, et attendent pour transporter les passagers au retour. Derrière le marché un terrain vague sert de parking pour ceux qui viennent à cheval.
Pour rentrer du marché, nous embarquerons d'ailleurs sur une pirogue à voile: le vent est portant et la grande voile latine faite en toile de récupération et gréée avec des bambous nous pousse rapidement vers le village où nous débarquons sur la plage. Une petite navigation appréciée par tous !




L'orphelinat St-François

 

 


Avec Sœur Flora

 

 


Classe maternelle à St-François

Juste derrière le marché se trouve l'orphelinat de Sœur Flora, pour laquelle nous avons convoyé du matériel. Nous allons donc lui rendre visite et organiser la livraison.
Quel choc: l'orphelinat accueille une cinquantaine d'enfants abandonnés, certains fortement handicapés. Il y a des handicapés mentaux, des enfants atteints de polio étendus sur un matelas, de très jeunes enfants … L'hygiène est un gros problème, et certains enfants portent des couches fabriquées avec des tissus de récupération. Sœur Flora nous présente tout son monde avec le sourire, et un petit mot pour chacun. Cette religieuse canadienne se dévoue depuis une vingtaine d'années pour faire fonctionner et financer cet établissement. Autour de l'orphelinat, il y a un dispensaire, avec un petit laboratoire qui permet de faire quelques analyses de sang, et dépister certaines maladies fréquentes ici: malaria, typhoïdes … Il y a aussi un établissement scolaire, une dizaine de classes de la maternelle au collège, et un futur centre d'apprentissage en cours de construction.

Les besoins sont énormes pour faire fonctionner tout cela, et les bras manquent pour épauler Sœur Flora, en particulier pour la partie administrative. Un médecin français vient tous les ans pour une période de 4 mois seconder Sœur Flora et s'occupe particulièrement des enfants handicapés. Vu les problèmes politiques et la corruption qui règne dans ce pays, ce n'est pas facile de trouver des financements et Sœur Flora a parfois du mal à convaincre ses donateurs. Ses containers sont parfois bloqués pendant des mois sur le continent avant de pouvoir atteindre l'Ile à Vache !

Les cartons de médicaments, de livres, de vêtements que nous apportons sont peu de choses, une goutte d'eau dans la mer, et seulement 4 ou 5 bateaux viennent ici pour Voiles Sans frontières tous les ans. Il en faudrait beaucoup plus !
Nous débarquons donc notre cargaison: le moteur hors-bord est stocké à l'hôtel en attendant le retour du Docteur Carmen à laquelle il est destiné. Une pirogue de l'orphelinat vient chercher à bord le reste des cartons. Mateo s'allège de quelques centaines de kilos et retrouve une meilleure flottaison.

Quelques personnes essayent de développer le village, construire et faire fonctionner une école par exemple, mais en général la population est assez résignée et se contente de son sort, essayant juste de profiter des bateaux qui passent pour récupérer un peu de matériel ou quelques dollars.



 


Combat de coqs



Le dimanche, il y a des combats de coqs au village de Cacok, et Jean-Pierre nous y emmène. Un enclos est aménagé, et des dizaines de personnes, presque uniquement des hommes, viennent parier quelques dizaines de gourdes, la monnaie locale, sur leur favori. Les combats se succèdent, au milieu des cris et des encouragements. Les coqs sont vraiment combatifs, et ça se termine parfois avec un peu de sang, ce qui rebute un peu les enfants. Au bout de 2 combats, nous quittons les lieux pour une balade dans un coin plus tranquille.

Avant de partir, Jean-Pierre vient faire une dernière visite à bord, avec sa compagne qui n'est jamais montée sur un bateau comme Mateo. Elle doit accoucher dans un mois et Jean-Pierre nous demande d'être parrain et marraine du futur bébé…. Sûrement un moyen de nous faire une demande d'aide, mais nous avons bien sympathisé et nous acceptons. Nous garderons contact par mail, car Jean-Pierre, comme d'autres ici va au cybercafé des Cayes régulièrement !



              

    

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