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Après quelques jours de repos à la Corogne, nous avons longé, par petites étapes d’une
journée, les côtes de la Galice, cette région du nord-ouest de l’Espagne qui, par ses
paysages, ressemble à certains coins de Bretagne. La partie centrale de cette côte est
appelée Costa da Morte « la Côte de la Mort ».
Cette appellation est due aux très nombreux naufrages qui y ont eu lieu, du fait du
caractère sauvage et inhospitalier du rivage, avec ses hautes falaises rocheuses, ses
caps élevés, sa mer souvent agitée par la houle de l’Atlantique, même par beau temps.
Le caractère venté de ces lieux est d’ailleurs exploité par la présence de centaines
d’éoliennes gigantesques qui récupèrent cette énergie gratuite et illimitée.
Dans ces falaises s’ouvrent des petites rias, où se tiennent des petits ports de pêche,
et d’autres qui s’enfoncent plus profondément dans l’intérieur avec de beaux paysages
bien verts et de belles plages. Ces grandes rias sont aussi le lieux des élevages de
moules, la Galice étant la plus grande zone mytilicole de l’Espagne, et de nombreux
« viveros », grands parcs circulaires, flottent sur ces eaux.
L’économie et la culture de cette région maritime sont fortement orientées vers la mer :
la pêche y est variée: poissons, coquillages, poulpes, calamars, crevettes ... que l’on
retrouve dans la gastronomie locale.
Elle est aussi de plus en plus tournés vers le tourisme et beaucoup de ports même petits
se sont équipés, ou sont en cours d’équipement, de pontons et de marinas pour accueillir
les voiliers de passage. Il faut dire que, en dehors des voyageurs comme nous qui y
passent, la Galice mérite le voyage pour y faire une croisière d’été de quelques semaines.
A Camariñas nous avons pu admirer l’artisanat local puisque c’est un lieu réputé pour la
dentelle au fuseau et de nombreuses boutiques fabriquent et exposent leur production.
C’est aussi un petit port de pêche calme, et l’accueil du club nautique fraîchement
rénové avec ses pontons y est très sympathique.
En entrant dans cette ria, nous avons aperçu l’église de la Vierge da Barca, édifice de
granit construit sur les rochers de la pointe de Muxia : ce jour-là y avait lieu le
pèlerinage annuel, et l’endroit était envahi par des centaines de pèlerins. La journée
fut ponctuée le soir par le bruit des pétards, comme souvent lors des fêtes en Espagne.
En nous promenant sur les plages de cette baie, il fallait faire attention aux nombreuses
traces de pétrole, boulettes, plaques collées aux rochers, restes du naufrage du Prestige
(voir la rubrique « Coups d’œil sur l’environnement »).
Le passage du Cap Finisterre (Cabo Fisterra), même si ce n’est pas le Cap Horn, est
quand même un symbole : d’abord c’est un cap impressionnant par ses falaises vertigineuses,
et c’est l’endroit le plus à l’ouest de l’Espagne, le Finis Terrae des anciens, au-delà
duquel se trouvait le pays des morts. C’est aussi un lieu de transition entre deux zones
de météorologie différente, celle du Golfe de Gascogne, souvent perturbée, et les vents
plus réguliers de la côte portugaise, les « alizés portugais ». Pour l’instant ces vents
ne sont pas vraiment au rendez-vous, car nous avons du faire une bonne partie de ces
étapes au moteur.
Nous avons fait ensuite une petite escale d’une nuit dans la ria de Muros, dans la marina
de Portosin, petite ville touristique sans grand charme, mais avec un club nautique très
équipé, avant de terminer notre périple galicien à Bayona (Baiona), à l’entrée de la
baie de Vigo.
Petit cours d’histoire pour cette escale puisque c’est ici que la caravelle la Pinta, un
des trois bateaux de la flotte de Christophe Colomb, a accosté en 1493 à son retour des
Amériques après la découverte du Nouveau Monde, et c’est donc à Baiona que furent faits
les premiers récits de cette découverte d’un « Nouveau Monde ».
Bayona est aussi une ville très intéressante avec ses petites ruelles, ses arcades, sa
citadelle, très animée avec ses nombreux commerces et restaurants, même si elle commence
à être envahie par le béton des nombreux logements modernes qui s’y construisent. Sa
grande marina accueille de nombreux équipages qui, comme nous, descendent vers le sud.
C’est l’occasion pour Florian et Sylvain de faire connaissance avec d’autres enfants de bateaux français qui, eux aussi, suivent la scolarité à bord avec le Cned.
C’est ici que nous terminons la première série de cours et que nous envoyons les premières
évaluations aux correcteurs.
Cette première partie du voyage est l’occasion de prendre un nouveau rythme de vie, de
se reposer des fatigues et des tensions accumulées avant le départ. Pour l’instant nous
ne profitons pas encore pleinement de nos escales car nous devons faire avec le rythme
scolaire et la concentration, pas toujours facile, des élèves qui nous obligent à passer
pas mal de temps sur les cours.
Galerie d'images : Baiona
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