Notre position :
L'équipage est de retour en France
Mateo est resté à Nouméa
    
Dernière mise à jour : 13/06/2010

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Récits de voyage

1ère partie : France - Iles du Cap-Vert

 



- La traversée du Golfe de Gascogne
- La Galice
- L'école à bord
- Le Portugal
- Madère
- Les Canaries
- L'archipel du Cap-vert





 10 septembre 2004  La traversée du Golfe de Gascogne

 

 


 

 

 


 

 

 


 

 

 


 

 

 


 

 

 


Nous voici donc en Espagne depuis quelques jours, à la Corogne ou nous avons atterri après la traversée du golfe de Gascogne.

Retour sur les derniers jours :
Le départ d'abord, dimanche 5 septembre : c'était l'anniversaire de Joëlle, un joli cadeau, non !
Nous n'avions pas eu le temps de prévenir tout le monde, certains on vu le mail au dernier moment mais il y avait du monde sur le quai d'Arzal pour nous souhaiter bon vent (voir la galerie de photos). Un grand moment d'émotion, mélange de tristesse de vous quitter et de bonheur de commencer ce voyage tant attendu. Merci à tous, ceux qui nous ont aidés pour les petits problèmes de dernière minute, ceux qui sont venus, ceux qui nous ont envoyé un petit mail d'encouragement et ceux qui n'ont pas pu venir aussi.

On embarque aussi un passager supplémentaire, Popeye, petite mascotte offerte par une maison de retraite de Laval dont les pensionnaires vont aussi nous suivre.

La chanson de Mateo commencée par les enfants a été enrichie et chantée par la chorale improvisée sur le bord de l'écluse (voir la chanson). Les bouchons ont sauté, le bateau arrosé une nouvelle fois et l'équipage aussi. Il était temps de larguer les amarres et de quitter la terre ferme.
La descente de la Vilaine au moteur, les derniers coup de fil sur le portable, et on hisse les voiles direction l'Espagne : la météo est favorable, vent portant, soleil, il faut en profiter.

On se retrouve donc en pleine mer tous les quatre pour la première fois, avec une petite appréhension car les enfants n'ont jamais quitté la côte de vue. Mais tout se passe bien, la première nuit se déroule calmement car le vent a faibli. On met même le moteur en route en fin de nuit car il n'y a plus de vent. Il faut se réhabituer au rythme des quarts, 3 heures chacun (Domi 8h-11h, Joëlle 11h-2h, Domi 2h-5h, Joëlle 5h-8h). Avec la fatigue accumulée les dernières semaines, les estomacs pas amarinés, ce n'est pas la grande forme pour nous quatre mais ça va.

Le lendemain, les conditions se dégradent un peu : le vent est moins régulier, la mer plus agitée et plus désordonnée, nous sommes bien dans le golfe de Gascogne. En plus, il faut tirer des bords de grand largue, ce qui rallonge un peu la route.

Pour le troisième jour, ça ne s'arrange pas : des averses diluviennes, quelques éclairs, il faut prendre patience. Heureusement il y a des bons moments : la visite de quelques dauphins, des petits oiseaux qui s'installent à bord, dont un pas timide du tout qui vient de temps en temps faire un tour à l'intérieur voir s'il n'y a pas quelque chose à manger. On croise parfois un bateau, pêcheur ou cargo, alertés à l'avance par le MerVeille qui détecte leur radar. Derrière le bateau on a aussi aperçu des souffles de baleines.
Vu notre forme, on ne tire pas sur le bateau et il faut se rendre à l'évidence, on passera une troisième nuit en mer : elle sera mouvementée, prise de ris en pleine nuit avec un problème de poulie de renvoi de bosse de ris un peu sous dimensionnée. La mer est toujours aussi désordonnée et désagréable.

Le lendemain, on commence à guetter la terre. Le trajet de termine par 15 heures de moteur, le vent est complètement tombé mais il reste les vagues. Tout à coup le moteur bâbord s'arrête : la cale est pleine d'eau ! Heureusement c'est de l'eau douce ! On constate rapidement que le réservoir se vide par un tuyau qui s'est débouché. Après avoir vidé la cale ça redémarre... Ouf !!
A midi la terre est en vue, toute proche car la visibilité n'est pas terrible. Nous distinguons le Cap Ortégal déjà connu lors de précédentes traversées, mais avec la navigation sur ordinateur on sait précisément où on est.
Quelques heures à longer la côte, des champs d'éoliennes se dessinent sur les collines et la Corogne est en vue. Tout l'équipage est content d'arriver au port, dans la nouvelle marina où il n'est pas évident de nous caser vu notre largeur.

Un bon repas, une bonne nuit et une bonne douche sont les bienvenus pour nous retaper. l'école en mer s'est faite en pointillé vu les conditions et on essaye de rattraper le retard. On se rend compte que l'emploi du temps prévu au départ devra être adapté.

Le lendemain, quelle n'est pas notre surprise de voir arriver dans le port le Queen Mary II suivi du Bélem !
Pour les enfants, c'est super ! Le Queen Mary est majestueux ! La Ville entière était là pour l'acccueillir. On sentait une ambiance de fête et d'excitation. l'école du CNED a été plus ou moins perturbé par cet évènement. Nous constatons et réalisons que l'emploi du temps sera souvent chamboulé ! C'est l'aventure ..aussi.

Les premières rencontres, dès le matin même, sont étonnantes : un couple de retraités nantais partis d'Arzal quelques jours avant nous.
Les enfants découvrent la vie nocturne espagnole animée mais aussi les tapas, le bruit dans les bars. On déambule de ruelle en ruelle tout en s'imprégnant de l'atmosphère du pays. Mais il faut aussi penser aux petits bricolages nécessaires et indispensables après chaque navigation : ici, le nouveau système de renvoi de bosses de ris et les vannes sur les évacuations de pompes de cales pour éviter les entrées d'eau par mer formée.
Le temps n'est pas terrible, on reste quelques jours en attendant une petite amélioration pour descendre plus bas. Pas trop longtemps quand même, car notre budget va en prendre un coup : ici les catamarans payent 1.5 places de port.

Galerie d'images

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 25 septembre 2004  La Galice

 

 


 

 

 


 

 

 


 

 

 


 

 

 


Après quelques jours de repos à la Corogne, nous avons longé, par petites étapes d’une journée, les côtes de la Galice, cette région du nord-ouest de l’Espagne qui, par ses paysages, ressemble à certains coins de Bretagne. La partie centrale de cette côte est appelée Costa da Morte « la Côte de la Mort ».
Cette appellation est due aux très nombreux naufrages qui y ont eu lieu, du fait du caractère sauvage et inhospitalier du rivage, avec ses hautes falaises rocheuses, ses caps élevés, sa mer souvent agitée par la houle de l’Atlantique, même par beau temps. Le caractère venté de ces lieux est d’ailleurs exploité par la présence de centaines d’éoliennes gigantesques qui récupèrent cette énergie gratuite et illimitée.

Dans ces falaises s’ouvrent des petites rias, où se tiennent des petits ports de pêche, et d’autres qui s’enfoncent plus profondément dans l’intérieur avec de beaux paysages bien verts et de belles plages. Ces grandes rias sont aussi le lieux des élevages de moules, la Galice étant la plus grande zone mytilicole de l’Espagne, et de nombreux « viveros », grands parcs circulaires, flottent sur ces eaux.

L’économie et la culture de cette région maritime sont fortement orientées vers la mer : la pêche y est variée: poissons, coquillages, poulpes, calamars, crevettes ... que l’on retrouve dans la gastronomie locale.
Elle est aussi de plus en plus tournés vers le tourisme et beaucoup de ports même petits se sont équipés, ou sont en cours d’équipement, de pontons et de marinas pour accueillir les voiliers de passage. Il faut dire que, en dehors des voyageurs comme nous qui y passent, la Galice mérite le voyage pour y faire une croisière d’été de quelques semaines.

A Camariñas nous avons pu admirer l’artisanat local puisque c’est un lieu réputé pour la dentelle au fuseau et de nombreuses boutiques fabriquent et exposent leur production. C’est aussi un petit port de pêche calme, et l’accueil du club nautique fraîchement rénové avec ses pontons y est très sympathique.
En entrant dans cette ria, nous avons aperçu l’église de la Vierge da Barca, édifice de granit construit sur les rochers de la pointe de Muxia : ce jour-là y avait lieu le pèlerinage annuel, et l’endroit était envahi par des centaines de pèlerins. La journée fut ponctuée le soir par le bruit des pétards, comme souvent lors des fêtes en Espagne.
En nous promenant sur les plages de cette baie, il fallait faire attention aux nombreuses traces de pétrole, boulettes, plaques collées aux rochers, restes du naufrage du Prestige (voir la rubrique « Coups d’œil sur l’environnement »).

Le passage du Cap Finisterre (Cabo Fisterra), même si ce n’est pas le Cap Horn, est quand même un symbole : d’abord c’est un cap impressionnant par ses falaises vertigineuses, et c’est l’endroit le plus à l’ouest de l’Espagne, le Finis Terrae des anciens, au-delà duquel se trouvait le pays des morts. C’est aussi un lieu de transition entre deux zones de météorologie différente, celle du Golfe de Gascogne, souvent perturbée, et les vents plus réguliers de la côte portugaise, les « alizés portugais ». Pour l’instant ces vents ne sont pas vraiment au rendez-vous, car nous avons du faire une bonne partie de ces étapes au moteur.
Nous avons fait ensuite une petite escale d’une nuit dans la ria de Muros, dans la marina de Portosin, petite ville touristique sans grand charme, mais avec un club nautique très équipé, avant de terminer notre périple galicien à Bayona (Baiona), à l’entrée de la baie de Vigo.

Petit cours d’histoire pour cette escale puisque c’est ici que la caravelle la Pinta, un des trois bateaux de la flotte de Christophe Colomb, a accosté en 1493 à son retour des Amériques après la découverte du Nouveau Monde, et c’est donc à Baiona que furent faits les premiers récits de cette découverte d’un « Nouveau Monde ».
Bayona est aussi une ville très intéressante avec ses petites ruelles, ses arcades, sa citadelle, très animée avec ses nombreux commerces et restaurants, même si elle commence à être envahie par le béton des nombreux logements modernes qui s’y construisent. Sa grande marina accueille de nombreux équipages qui, comme nous, descendent vers le sud.

C’est l’occasion pour Florian et Sylvain de faire connaissance avec d’autres enfants de bateaux français qui, eux aussi, suivent la scolarité à bord avec le Cned. C’est ici que nous terminons la première série de cours et que nous envoyons les premières évaluations aux correcteurs.

Cette première partie du voyage est l’occasion de prendre un nouveau rythme de vie, de se reposer des fatigues et des tensions accumulées avant le départ. Pour l’instant nous ne profitons pas encore pleinement de nos escales car nous devons faire avec le rythme scolaire et la concentration, pas toujours facile, des élèves qui nous obligent à passer pas mal de temps sur les cours.

Galerie d'images : Baiona

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 06 octobre 2004  L'école à bord

Le voyage à bord de Mateo ne dispense pas les enfants des cours de l’école. Ils sont donc inscrits au CNED (Centre National de l’Enseignement à Distance) qui fait partie de l’Education Nationale.

Les cours, sur papier ou sur CD rom, permettent de faire toute la scolarité étape par étape, dans toutes les matières, et sont organisés par séquences (une dizaine dans l’année) comportant chacune un certain nombre de séances (de 3 à 14 selon les matières), avec un échéancier dans l’envoi des devoirs à rendre. Il faut donc être vigilant sur les dates, sachant que les délais postaux peuvent jouer et les navigations en mer, elles, peuvent parfois ralentir l’enseignement.

Pour Florian, en 5è, tout se passait au début sur ordinateur. Mais en bateau ce n’est pas toujours facile à gérer, et nous avons commandé la version papier.
Les fascicules sont très bien faits, détaillés, clairs. En primaire, ils sont en plus colorés et très illustrés.

Pour Sylvain, en CM1, on lit ensemble la leçon et il suit pas à pas ce qu’on lui demande. Il y répond sur son cahier personnel ou sur son cahier d’activités CNED.
Les consignes doivent être bien comprises… ce qui n’est pas toujours facile. Parfois, il y a des mots que Sylvain ne comprend pas. Il faut donc réexpliquer ce qui est demandé.
Ensuite, vient la mise en pratique de la leçon par des exercices. Pour Sylvain comme pour Florian, les exercices se font par écrit …et il y a beaucoup d’écriture ! et donc, par conséquent, pour les parents, de la surveillance sur l’écriture et sur l’orthographe.

La concentration est très importante et Sylvain a beaucoup de mal à l’acquérir car il y a tant de choses à voir ou à écouter. Il faut toujours être présent et encourager. Heureusement les cours du primaire sont ludiques, colorés et attrayants. Ca donne envie d’apprendre !

En classe de CM1, toutes les trois semaines, pour maths et français, il faut envoyer le devoir de classe. C’est surtout pour ces deux matières là que le rythme est soutenu : une séance d’1 h de français et de maths par jour.

Pour le collège, c’est encore plus copieux. Dans presque toutes les matières (français, maths, svt, hist, géo, ed.civique, anglais, techno) Florian a du rendre un 1er devoir dès la 3è semaine de septembre. Il ne faut donc pas chômer !

Quand nous naviguons, il n’est pas toujours facile de faire l’école ou alors, c’est sur mer « plate » dans ce cas, nous obligeons les garçons à s’y mettre.
Aux escales, on retrouve une cadence plus appropriée pour l’école. On a certainement moins de temps pour les ballades par rapport à d’autres voyageurs sans enfant, mais, tout de même, ne nous plaignons pas !!

Le plus dur pour nous, parents, c’est d’être souvent « derrière » pour leur demander de faire classe. Florian, qui est en 5è, a beaucoup de mal à trouver une organisation qui lui laisse assez de loisirs en journée. En ce moment, les après-midi, pour lui, sont souvent consacrées à l’école car les matinées il traîne beaucoup. Il a conscience qu’il serait mieux de travailler dès le matin mais le rythme « vacances » est encore bien présent dans sa tête … (il fait toujours beau et chaud comme les après midi d’été).
Nous sommes maintenant en automne … Nous espérons qu’à la longue, l’organisation viendra petit à petit, surtout lorsque des copains viendront les chercher pour jouer et qu’ils ne seront pas prêts. Patience est donc de rigueur !

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 06 novembre 2004  Le Portugal

 

 


 

 

 


Mateo au quai des pêcheurs

Nous avons fait 3 escales au Portugal continental, mais ces escales seront fort contrastées.
La première à Nazaré, un petit port de pêche, mais aussi une vielle ville très pittoresque.
La seconde à Cascais, à l’entrée du Tage et à proximité de Lisbonne, la capitale du pays.
La troisième à Amora, près de Seixal, dans une lagune donnant sur le Tage au sud de Lisbonne, dans un vieux chantier, entouré de cargos en réparation, pour cause de problème.

A Nazaré nous sommes accueillis par un vieil anglais qui gère la petite marina locale, 2 pontons déjà saturés, et qui nous guide vers le port de pêche. Nous nous amarrons au quai en béton, et pour descendre du bateau il faut grimper les échelons rouillés, sur le quai, puis slalomer entre les casiers, les filets, les déchets de crabes et les mouches… . Pittoresque !
La grande criée est animée par le retour des grands chalutiers et les marins se retrouvent au bar-épicerie près du bureau du port. Le port est souvent dans le brouillard, et la corne de brume résonne fréquemment.
La ville est à 2 kms et nous prenons le vieux bus pour nous y rendre. C’est une ville en deux partie, la ville basse devant la grande plage, avec ses boutiques, ses restaurants, et la ville haute, accessible par un petit train ou à pied par un chemin escarpé, très typique avec ses vieux monuments, une belle cathédrale, un vieux théâtre, et une corniche impressionnante sur la falaise. Le week-end, des cars entiers de visiteurs viennent envahir la vieille ville et ses boutiques de souvenirs.

 

 


Pique-nique en mer

Nous profiterons d’un jour sans brouillard, fréquent dans le coin, pour faire la route entre Nazaré et Cascais, étape tout au moteur et arrivée de nuit. C’est une première, et les enfants sont sur le pont pour repérer les feux, l’entrée du port, et les casiers qui traînent juste dans le chenal. Nous en verrons un trop tard, et il s’accrochera dans un gouvernail ; heureusement, ce n’est pas dans l’hélice et nous parvenons à le dégager sans trop de problème.
Nous arrivons au ponton d’accueil de la marina, où le gardien nous attend pour prendre nos amarres.
Une place nous est donnée le lendemain dans le bassin du fond, et nous y faisons la connaissance d'Alfred et Sylvie de " Pêcheur de Lune ", un couple suisse sur un catamaran (un des premiers Catana) qui rentre des USA via les Açores. Nous sympathisons très rapidement, et nous passerons quelques bons moments ensemble, à bord des deux bateaux ou à se balader. Ils emmèneront même les enfants visiter Sintra, ville fortifiée sur les hauteurs au dessus de Cascais, avec eux un après-midi. Alfred, après l'avoir retapé, navigue depuis 15 ans sur son cata et connaît bien ce type de bateau.

 


Une ruelle à Lisbonne

 

 

 


la Tour de Belem

 

 

 


Le tram de Lisbonne

Un matin nous prenons le train pour aller visiter Lisbonne : nous passons la matinée à parcourir le centre-ville, la Place du Commerce majestueuse, qui accueille ce jour-là une exposition de photos de Yann Arthus-Bertrand "La Terre vue du Ciel" et les rues piétonnes du centre-ville. Puis nous explorons les quartiers escarpés autour du centre: le Chiado et l’Alfama avec ses ruelles minuscules, en pleine restauration comme pas mal de quartiers de la ville. Cet ancien quartier arabe, mal famé et où il ne faisait pas bon se promener le soir, est devenu un lieu de visite pour les touristes où de nombreux petits restaurants se sont installés.
L’après-midi nous allons voir la Tour de Bélem, forteresse qui était le point de départ des vaisseaux portugais qui allaient découvrir le monde au XVeme siècle. C'est à cette époque que les Portugais, sous l'impulsion de leur Prince Henri (Henri le Navigateur) irons explorer l'Atlantique: Madère, les Canaries, les Iles du Cap-Vert, les côtes africaines…. Nous suivrons bientôt leurs traces dans la suite de notre voyage.
A coté de Bélem, nous irons visiter le Musée de la Marine, l’un des plus beaux du monde avec ses centaines de maquettes. Tous les types de bateaux sont représentés : depuis les Caravelles du temps des Découvreurs, les Galères Royales, les bateaux de pêches des côtes portugaises, jusqu'aux cargos à vapeurs et aux bateaux plus modernes, aux bateaux de croisière et de plaisance. On y apprend aussi l'histoire des Découvertes portugaises, on peut y voir de très anciennes cartes marines, les portulans, très colorés et dont les contours correspondent aux connaissances de l'époque, ainsi que les instruments utilisés pour se diriger sur les caravelles : astrolabe et octant, ancêtres de notre sextant, anciennes boussoles... Les enfants sont très intéressés et passent un grand moment à visiter chaque salle.

Nous retournerons passer un autre moment à Lisbonne avec Alfred et Sylvie : ce sera l'occasion de faire un tour dans un ancien tramway qui sillonne les quartiers escarpés. C'est très impressionnant car dans certaines ruelles étroites, le tramway passe à quelques centimètres des façades de maisons, et les piétons doivent se coller aux murs quand il arrive. Dans certaines descentes très pentues, on se dit qu'il ne faut pas que les freins lâchent !

La ville de Cascais est elle aussi très agréable, on se ballade avec plaisir dans les rues piétonnes, le long des plages, et ses quartiers résidentiels aux villas avec piscine. On va de temps en temps faire un tour au supermarché Jumbo : c’est presque comme à la maison, et on y trouve même du camembert !
Ici de nombreux voiliers font une halte et nous retrouvons des copains connus lors des escales précédentes : des familles avec des enfants comme Tao, Nathanael, Atlantsea, Sépia ou des couples de retraités comme Kilian.

 

 


Mouillage en bair de Cascais

 

 

 

 


Nos voisins de chantier

 

 

 

 


L'objet de nos soucis

Nous quittons la marina de Cascais au bout de 3 jours car le tarif est élevé, (c’est encore la haute saison) et allons au mouillage juste dans la baie comme pas mal de bateaux. Ce n’est pas désagréable, il faut prendre l’annexe pour aller à terre ce qui plait bien aux enfants.
Nous revenons à la marina quelques jours plus tard car le prix est divisé par 2,5 en basse saison, et c’est à ce moment que nous nous rendons compte que l’inverseur du moteur tribord ne veut plus fonctionner. Après avoir passé des heures à essayer de le régler, il faut se rendre à l’évidence : c’est peut-être l’inverseur lui-même qui a un problème, et il faut faire appel à un chantier. On en contacte un de la marina, qui après nous avoir fait pas mal poireauter, nous propose de faire d'abord venir une grue pour nous poser sur le terre-plein, puis faire venir un mécano pour démonter l’embase.
La grosse tuile ! Mais on se dit qu’il faudrait peut-être chercher une autre solution, et après de nombreux coup de fils en France, en Italie, au Portugal, on finit, sur les conseils d’un autre bateau, par trouver sur Lisbonne un mécanicien compétent. Ils viennent à deux et après une après-midi de démontage, réglages, essais, ça à l’air de marcher ! On pousse un gros ouf ! de soulagement.

Mais l’espoir sera de courte durée, car le lendemain en refaisant des essais on constate que ça marche effectivement mais que la commande est bloquée en marche avant, ce qui n’est pas trop pratique ! Les mécanos reviennent, il va falloir sortir le bateau pour démonter l’embase sail-drive. On nous guide vers un chantier sur le Tage car vu la largeur du bateau il n’est pas facile de trouver un chantier pour l’accueillir. Ici, au Tagus Yacht Center à Amora, on a les moyens : dans ce chantier pour cargos reconverti partiellement dans la plaisance, il y a un dock flottant qui peut nous sortir sans problème, car nous sommes trop large pour le travel-lift, et qui est libre. On se retrouve donc posé sur des cales dans ce vieux dock en béton, au fond d’une lagune pas très propre, entourés de carcasses en ferraille, de cargos et de quelques voiliers en réparation. Sergio et Rafael, les deux patrons sont très sympathiques et font tout pour nous faciliter la vie, ils veulent développer leur affaire et faire ici un chantier d'hivernage et de réparation pour 200 bateaux, avec toutes les commodités: sanitaires, laverie, bar… chose qui manque dans le coin. Mais la ville n'a rien d'agréable : autour d'un petit quartier ancien près du port, ont poussé des dizaines d'immeubles ou vivent des gens qui partent travailler à Lisbonne. De plus les conditions de confort et d'hygiène au chantier n'on rien de terrible : on pratique ici le tout-à-la-mer (voir la rubrique « Coups d’œil sur l’environnement »), et pour accéder au bateau il faut se faufiler sur les cargos qui servent de ponton et escalader les échelles.

La panne est détectée: c'est une petite goupille de quelques millimètres qui a cassé, entraînant l'usure du pignon de changement de position du sélecteur: étonnant pour un moteur qui n'a que 120 heures de fonctionnement! La note est salée et c'est pour notre poche car la garantie est dépassée de 3 mois. Et dire qu'on pensait être tranquille pour au moins 2 ans avec un bateau quasiment tout neuf! Nous ferons un courrier à Beta-Marine et à Selva, les fabricants du moteur et de l'embase afin d'exposer notre problème et d'essayer d'avoir une prise en charge, au moins partielle, de la réparation.

 

 


Grande lessive à bord

Nous passerons une quinzaine de jours ici, car au Portugal tout prends du temps : entre la sortie d'eau, le démontage, la commande des pièces en Hollande (elles mettront une semaine pour venir!), le remontage, la remise à l'eau et les essais, nous prenons notre mal en patience. Nous en profitons pour faire le carénage que nous aurions du faire avant de partir, faire de grandes lessives et avancer les cours de Cned des enfants.
Ce sera l'occasion de faire la connaissance de Pierre et Suzanne de "Parbleu !": de jeunes retraités québécois qui ont laissé leur bateau ici pendant 2 mois, le temps de retourner au pays, et qui reviennent continuer leur périple vers la Méditerranée. Suzanne est professeur de musique et prendra plaisir à faire travailler Florian sur ses cours de solfège et ses morceaux de flûte.

Après avoir attendu quelques jours supplémentaires le passage d'un nouveau coup de vent, nous prenons enfin la route vers le sud et les îles.

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 21 novembre 2004  Madère

 

 


Lever de soleil

 

 

 


L'arrivée au petit matin

De Lisbonne à Madère, nous suivons la route des découvreurs portugais du XVème siècle. Cet archipel fut le premier atteint par les explorateurs envoyés par Henri le Navigateur en route vers les cotes africaines. C'est en 1418 en effet qu'une tempête envoya des caravelles vers l'île de Porto Santo où elles s'abritèrent. A cette époque, les nouveaux instruments, boussole, astrolabes, et les premières cartes marines, les portulans, ont permis aux marins espagnols, portugais et génois de se lancer plus loin sur les océans et de chercher une route vers les Indes.
Notre navigation depuis Cascais fut un peu mouvementée, un fort coup de vent venant juste de passer sur les cotes portugaises. Pendant 2 jours, le ciel fut agité avec des grains parfois violents, un vent très instable et une mer forte et croisée. Puis, après quelques heures passées à tirer des bords le vent dans le nez, nous terminerons la traversée au moteur, faute de vent.

Nous faisons notre première pêche lors de cette traversée, une petite bonite de 40 cm, pas bien grosse mais excellente, et qui, vu l'état de nos estomacs, suffira à nous rassasier.
Nous arrivons en vue de Porto Santo en fin de nuit, et ralentissons l'allure pour laisser le jour se lever : c'est magique de découvrir ainsi une île au petit matin, ses phares d'abord, ses lumières ensuite, puis les ombres du relief avant de voir la cote. C'est notre première île et tout l'équipage est sur le pont.
Nous entrons dans le port et sommes accueillis par un bateau français : Gildas, Gwenaëlle, paludiers à Noirmoutier, et leurs deux filles, passent quelques mois par an sur leur bateau "Santez Anna" et font par étapes un périple vers les Caraïbes.
L'accueil est sympathique dans ce port, et il y a de la place à cette époque où la plupart des bateaux sont déjà rendus plus au sud. Tout le monde est heureux d'être arrivé et de profiter d'une bonne douche et d'une bonne nuit de sommeil.

 

 


Les falaises de la côte nord

L'ile de Porto Santo est la plus petite des 2 îles habitées de l'archipel, et elle a gardé un caractère calme, surtout depuis que l'aéroport international qui s'y trouvait a été déplacé sur la grande ile.
L'ambiance est excellente entre les bateaux et tous les soirs on se retrouve pour l'apéro ou pour manger ensemble, tout en discutant de nos histoires et projets respectifs. On se retrouve à 3 familles pour une randonnée à la pointe est, où on marche dans des paysages étonnants de roches volcaniques recouverts de sable apporté par le vent du Sahara et dans lequel on trouve des fossiles. C'est aussi l'occasion de fêter l'anniversaire du capitaine de Mateo sur la plage où nous avons pique-niqué.
Les paysages de l'île sont désertiques, depuis sa colonisation où les animaux introduits ont détruit la végétation. Le relief assez peu élevé explique les faibles précipitations et par endroit quelques arbres poussent sur les collines suite à un programme de reboisement. Seul le golf fait une tache verte anachronique dans cet ensemble.
Nous faisons une marche au sommet du Pico du Castello, pas très haut (444 m) mais bien abrupt. Ca fait beaucoup de bien de faire un peu d'exercice… Sur ses flancs un travail gigantesque de terrasses plantées de pins et de caniveaux permet de retenir le peu d'humidité présente. L'eau est produite ici par une usine de désalinisation qui pompe l'eau de mer pour la transformer en eau potable, même si son goût nous parait bien fade.
L'un des attraits de Porto Santo, qui attire de nombreux visiteurs l'été, c'est sa grande plage de sable blanc aux eaux transparentes. La température de l'eau commence à être agréable et les enfants sont heureux de faire leurs premières baignades.

 


Une coryphène

Nous attendons ici un courrier du Cned, des corrigés de la première série de devoirs, mais 15 jours après leur envoi, toujours rien en vue… apparemment nous ne sommes pas les seuls à avoir ce type de problème, de nombreux équipages courent ainsi après leurs colis Cned !

Nous repartons quand même sans le courrier vers l'île principale de Madère, que l'on aperçoit de Porto Santo, 25 milles plus loin.
Traversée très tranquille, encore au moteur, agrémentée par la pêche d'une belle dorade coryphène de 75 cm, une jolie prise. Nous en ferons un festin le soir même, cuite en papillote et arrosée d'un vin blanc portugais… succulente.
Depuis peu Madère s'est équipée de nouvelles marinas, et nous nous arrêtons dans la première, à la pointe nord-est, la marina Quinta do Lorde. Située au pied de la falaise rouge, le décor est impressionnant. Un peu isolée, la marina est presque vide, et seuls quelques bateaux font escale ici. Nous profitons de cet isolement pour avancer les cours, faire les lessives, et un soir nous avons la visite de l'équipage de Santez Anna, qui lui, s'est arrêté à Funchal, la capitale de l'île, et qui, au cours d'une ballade, est venu voir si on était là. Nouvelle soirée sympa.

 

 


Village en terrasse

 

 

 

 


Camara de Lobos

Le lendemain, nous prenons leur suite pour la location de voiture, et nous partons à notre tour pour un circuit autour de l'île.
On commence par prendre une route à travers la montagne pour rejoindre la cote nord : le paysage ressemble à nos montagnes des Vosges, on traverse la forêt et on s'arrête visiter un élevage de truites aménagé le long d'un torrent.
Sur la cote nord, très rocheuse, des petits villages sont restés à l'écart du développement avec leurs cultures en terrasses, leurs vignes où est produit le fameux vin de Madère. Ce vin a été inventé lorsque les bateaux venaient s'approvisionner ici en cours de traversée. Lorsqu'ils arrivaient en Europe, la cargaison ayant chauffée, le vin prenait ce goût caractéristique bien connu : on continue donc maintenant à "madériser" le vin en le chauffant.
Nous prenons ensuite la route des crêtes, en pleine altitude, on se croirait dans les Alpes: végétation rase, troupeaux de vaches. Malheureusement nous sommes dans les nuages et on ne voit pas grand-chose des paysages. Nous redescendons donc vers la cote sud, et retrouvons le soleil. Nous nous arrêtons au bord d'une "levada", un de ces nombreux canaux créés pour capter l'eau qui descend de la montagne et qui servent aujourd'hui de sentiers de randonnées, nombreux sur cette île.
Les Madériens sont les as de la construction de tunnels : il y en a des dizaines sur les routes de l'ile, Florian a compté que sur notre virée d'environ 200 kms en voiture, nous avons traversé 25 kms de tunnels!
Nous terminons la journée par un arrêt à Camara de Lobos : ce petit village de pêcheurs est resté très traditionnel, avec ses barques multicolores tirées sur la plage de galets. Le quartier autour du port est pleins de petits bars où se retrouvent des dizaines de pêcheurs, et pas une seule femme. Un enfant s'approche de nous et nous tend la main pour demander de l'argent, en nous montrant que c'est pour manger : ce village est le coin le plus pauvre de Madère, et est complètement à l'écart des circuits touristiques, alors qu'à moins de 10 kms se trouvent tous les hôtels et résidences de luxe …

 

 


Le marché de Funchal

Le lendemain, nous passons la journée à Funchal et après avoir rendu la voiture de location nous visitons le marché, très coloré avec ses vendeuses de fleurs en costume traditionnel, puis le magnifique jardin botanique d'une richesse époustouflante : toutes sortes de plantes à fleurs tropicales, des arbres, des cactus…des massifs superbement aménagés. Nous passons aussi un grand moment devant les volières où se trouvent des dizaines de perroquets, aras, loris et autres oiseaux tropicaux. Les enfants repèrent un perroquet qui leur répète quelques mots, en français et en anglais et s'amusent beaucoup avec.
Les copains nous quittent pour prendre la route des Canaries, nous retournons à notre marina nous préparer à notre tour. Nous attendrons un jour de plus que la mer se calme un peu, après un nouveau petit coup de vent…

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 9 décembre 2004  Les Canaries

 

 


La marina de La Gomera

 

 

 


L'église de San-Sebastian

Le 14 novembre, nous quittons la marina Quinta do Lodge à Madère en direction des Canaries. Nous avions décidé de ne pas visiter les iles de l'est de l'archipel, déjà vues il y a 15 ans, mais d'aller directement vers celle de La Palma à l'ouest, la seule île que nous ne connaissions pas.
La mer, calme au début, s'agite dans la nuit car le vent forcit, puis le vent tombe en fin de nuit. Nous finirons encore une fois au moteur.
Après 2 jours de mer, nous arrivons dans l'après-midi au port de Santa Cruz de La Palma.
Celui-ci est en travaux pour y construire une marina et les quelques voiliers qui ont réussi à s'y amarrer se préparent à repartir car le port doit être fermé 2 jours plus tard. De plus le ressac est fort et le long des quais en béton ce n'est pas l'idéal pour s'amarrer. Ce ne sera pas cette fois non plus que nous visiterons La Palma !

Nous repartons donc directement vers La Goméra où nous arrivons au petit matin. Le port est bondé. C'est là que beaucoup de bateaux font leur dernière escale canarienne. En démarrant le moteur pour entrer dans la marina, nous avons une mauvaise surprise : un bout s'est accroché dans l'hélice ! Heureusement, il reste l'autre moteur valide.
On nous trouve une "petite" place dans la journée entre une vedette et des voiliers abandonnés là par leur propriétaire dont le voyage s'est interrompu prématurément. Dès le soir même, nous nous retrouvons pour un apéro sur Tao avec 2 autres équipages : celui d'Aquilon (dont le skipper, plongeur, nous aidera à défaire le bout) et Mitik (couple d'instituteurs retraités dont le bateau est leur seule habitation).

Les premiers jours, nous restons en grande partie sur Mateo pour faire les évaluations de la 4è série des cours du Cned et les poster au plus vite.
La petite ville de San Sebastian est agréable et les gens accueillants. Derrière la ville s'élève des massifs volcaniques et à 100 m des pontons, une plage de sable noir dont les enfants profitent tous les après midi, après l'école. Ils y partent se baigner et faire du surf avec leurs copains et copines, nous laissant un moment pour nous promener tous les deux à la découverte de la ville et de ses environs.
Les infos s'échangent vite sur les pontons pour les lieux de ravitaillement, les adresses de location de voitures et les beaux coins à visiter. Nous louerons donc, à deux reprises, une petite voiture pour faire le tour de l'île et admirer ses paysages variés.

 

 


Champs en terrasses

Après les découvreurs portugais à Madère, ce sont les traces de Christophe Colomb que nous retrouvons ici: au cours de ses 4 voyages vers l'Amérique, c'est ici qu'il est venu s'approvisionner en eau avant la traversée, puis il s'est installé pendant quelques années à La Goméra après son retour du Nouveau Monde. Sa maison, transformée en galerie d'art était malheureusement fermée pour travaux et nous n'avons pas pu la visiter.

Tout le centre de l'île est un parc national très verdoyant et classé au patrimoine de l'humanité par l'Unesco, le parc du Garajonay. Sa forêt est un des rares exemples de la forêt du tertiaire qui a été éliminée sur le continent par les glaciations successives. C'est la "laurisilva" (mélange d'espèces d'arbres de type lauriers et de pins qui couvre la plus grande partie de ses flancs montagneux). Nous visitons le centre d'accueil du parc qui présent de façon pédagogique la faune et la flore ainsi que les différents aspects de cet espace protégé.
La géologie locale est également bien présentée: la formation de ces îles volcaniques et les différents types de laves et leur utilisation: certaines servent de matériau de construction pour les habitations, d'autres, non poreuses, étaient utilisées pour la poterie et la fabrication d'ustensiles de cuisine.

 


Musée ethnographique

Un petit musée ethnographique montre aussi comment vivaient les habitants qui se sont installés là depuis la colonisation. Avant l'arrivée des Européens, l'ile était habitée pas le Guanches, un peuple d'origine berbère qui vivait ici comme à l'age des cavernes.
Les colons espagnols qui se sont installés ici ont ensuite développé une culture particulière.
Pour communiquer entre eux d'une montagne à l'autre, ils utilisaient un langage sifflé : le silbo. Ils récoltaient aussi la sève des palmiers qui une fois cuite deviendra le "miel de palme", qui en réalité ressemble plus à du caramel qu'à du miel. Une autre spécialité culinaire est le "gofio", farine de mais encore utilisée de nos jours par les habitants.

En dehors du Parc, l'île présente par endroits un caractère tropical par sa végétation exotique. On y trouve sur de multitudes de champs en terrasses, comme à Valle Gran Rey, toutes sortes de fruits (bananes, goyaves, avocats, oranges, citrons, mangues, papayes,…) que nous goûterons avec grand plaisir.
D'autres endroits de l'île montrent des pitons rocheux impressionnants d'où la vue est saisissante. De nombreux sentiers sont balisés pour les marcheurs, soit en pleine montagne, soit dans les sous-bois où nous ferons une jolie ballade à pied, le long d'un petit ruisseau, au milieu des fougères et des champignons…
De nombreuses aires de pique-nique, avec barbecues en pierre, sont aménagées le long des sentiers près des "ermitas" (petite chapelle).
L'ile est aussi sillonnée par les bus et les convois de 4x4 des touristes, mais c'est surtout du tourisme à la journée débarquant du ferry en provenance de Ténérife et cela reste assez peu envahissant.

 

 


Concert à San Sebastian

 

 

 

 


Boules canariennes

Nous avons été surpris de constater le nombre impressionnant de musiciens à la Goméra. Nous avons eu l'occasion d'assister à une répétition du groupe de musique folklorique, ainsi qu'au concert annuel de l'association musicale de San Sebastian pour la Santa Cecilia: y participaient la chorale des enfants, celle des adultes, et la "banda", orchestre d'une cinquantaine de musiciens surtout constitué de cuivres, d'instruments à vent et de percussions. Le spectacle mené par un jeune chef d'orchestre très dynamique était de très grande qualité.

Dans chaque village, un terrain de sable noir est le lieu de parties de boules canariennes: les deux joueurs ont chacun une dizaine de grosses boules, sans doute à l'origine en pierre de lave et essaient de s'approcher du cochonnet, comme dans nos parties de pétanque.

La marina est un véritable village flottant, certains y restant quelques jours, d'autres plusieurs semaines voire plusieurs mois avant de faire le grand saut et se préparent ainsi à la traversée vers les Antilles, directement ou via le Cap Vert comme nous.
San Sebastian est en effet une très bonne escale pour refaire les pleins au supermarché local (on y trouve presque tout à des tarifs parfois inférieurs à chez nous), et le marché est bien approvisionné en fruits et légumes de toutes sortes.
Nous en profitons aussi pour recharger notre bouteille de gaz, refaire les pleins d'eau et de gasoil. Comme beaucoup d'autres équipages, nous attendons une météo favorable: cette année en effet les alizés ne sont pas encore établis aux Canaries, et des dépressions dont les fronts descendent très bas perturbent les conditions. Tous les matins, les commentaires vont bon train devant les cartes météo de la capitainerie, et au retour du cybercafé où chacun échange ses sources de bulletins.

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 8 janvier 2005  L'archipel du Cap-vert

 

 


Séance d'infirmerie

 

 

 


Poisson volant

Le 29 novembre 2004, après une attente de plusieurs jours, car nous espérons de meilleures conditions météo, c'est le départ de la marina de Saint-Sebastien, à la Goméra. Avec un autre voilier, "Tao", nous avons finalement pris la décision de partir. Au début, le vent d'Ouest n'est pas très favorable et nous secoue.
Dès le départ, dans une rafale, le genaker, installé à poste sur l'emmagasineur, commence à se dérouler. Il faut l'affaler rapidement et, dans la précipitation, la drisse part trop vite et brûle la main du capitaine. Tous les matins pendant la traversée, il y aura une s éance d'infirmerie à bord (tulle gras, biafine et pansements).
La première nuit est agitée avec des grains parfois violents. Pas évident lorsque le rythme de la navigation n'est pas encore pris de se lever pour prendre des ris en pleine nuit. Heureusement Florian est souvent présent pour nous assister et nous éclairer.
Dès le lendemain, nous rencontrons un autre voilier français "Shangri-la" parti de Ténériffe pour la même destination que nous. On est content de rencontrer un autre bateau en pleine mer et on discute par VHF. On se suivra pendant plus de 24 H, avant de se retrouver, quelques jours plus tard, à Sal.
On voit nos premiers poissons volants qui décollent devant les étraves et certains viennent s'échouer sur le pont la nuit! Plus tard, un globicéphale passera un moment à s'amuser avec la traîne. Il passe et il repasse sous le fil de pêche en la frôlant avec son aileron. Nous remonterons la ligne plus vite que prévu, sans avoir rien pêché cette fois.
Après 6 jours de mer, au petit matin, on aperçoit les contours de l'Ile de Sal, puis le port. Une trentaine de voiliers y sont déjà ancrés. On essaye de trouver une petite place pour poser l'ancre. Au moment de mouiller, un bout se prend dans le moteur tribord tandis que l'ancre chasse. Le port est venté et nous dérivons vers un autre bateau. Heureusement, aussitôt, deux hollandais sautent dans leur annexe et viennent nous aider à nous dégager et à aller mouiller un peu plus loin. L'un d'eux montera sur Mateo et nous aidera à la manoeuvre.
Nous sommes, tous les quatre, bien contents de souffler après 750 milles nautiques. Nous prendrons l'après-midi pour nous reposer et ranger le bateau.

 

 


Arrivée des pêcheurs

Le lendemain, nous faisons la connaissance de Zidane, un jeune Cap-Verdien de 21 ans qui vient nous voir à bord. Il parle très bien le français ainsi que l'italien ou l'espagnol, langues qu'il a uniquement apprises au contact des voiliers de passage. Depuis un mois, il s'occupe des voiliers au mouillage en les emmenant à terre avec sa barque, en conseillant sur les formalités administratives, en faisant le change et en proposant divers services tels que : lessive, plein d'eau, et même achat de poissons frais. C'est aussi, pour lui, une façon de gagner sa vie.

En débarquant, nous sommes d'emblée accostés par un sénégalais qui cherche à vendre des bijoux et des tableaux. Joëlle a du mal à s'en défaire ! Au bout de quelques jours, elle finira par lui acheter un petit tableau pour être tranquille.
Au poste de police, nous faisons nos formalités d'entrée mais assistons aussi à un interrogatoire de deux femmes africaines, arrivées clandestinement.
Le décor nous change des escales précédentes. Ici c'est un peu l'Afrique, les rues pavées poussiéreuses, les maisons non finies et encore en parpaings, les terrains vagues avec les ordures, les petites boutiques avec juste quelques étagères de produits, et les vendeuses de fruits, sur le trottoir, avec leur panier. Beaucoup de gens semblent passer leur journée, au soleil, sur des bancs, devant leur maison. Pour nos enfants, ce mode de vie est une vraie découverte. Ils sont surpris, et totalement dépaysés.

 


La corvée d'eau

L'ile de Sal est complètement désertique, il n'y a que quelques arbres rabougris qui poussent sur un sol rouge, sec. Il n'a pas plu depuis des années, et il n'y a ni rivière ni source sur l'ile. C'est un gros problème pour l'alimentation en eau potable et les cultures: à Palmeira une usine de désalinisation assure donc l'approvisionnement en eau.
Le matin, le camion citerne vient faire la livraison et il y a la queue devant la fontaine du village. Tout le monde vient remplir ses bidons car il n'y a de l'eau que quelques heures par jour.
Les gens vivent simplement, au jour le jour: il n'y a pas d'industrie, juste quelques petits commerces, des bars, un tout petit marché, et l'activité du port lorsque un cargo vient livrer le ravitaillement.
Tous les matins on assiste aussi au retour des pêcheurs: ici le poisson ne manque pas, et nourrit toute la population: mérous tout rouges, petites bonites, thons et beaucoup d'autres espèces inconnues pour nous. Parfois les pêcheurs nous font cadeau de quelques poissons et nous en mangerons presque tous les jours.

Le lendemain, nous voyons arriver "Mitik" et ce sont les retrouvailles. Ensemble, nous ferons plusieurs sorties sur l'île : tout d'abord visiter Espargos (la ville principale) puis d'autres lieux intéressants : Pedra de Lume, d'anciennes salines à ciel ouvert et Santa Maria, station touristique et sa belle plage de sable blanc.
Pour nous déplacer, nous faisons comme les gens du coin, nous prenons l'aluguer le transport en commun local. C'est un pick-up, petite camionnette à plateau, qui part quand il a suffisamment de clients. Les enfants sont ravis de voyager, assis à l'arrière, les cheveux au vent.



 

 


Saline de Pedra de Lume

 

 

 

 


Soirée cachupa

 

 

 

 


Arrivée de Larissa

A trois équipages (avec Mitik et un jeune couple allemand) nous partons voir les Salines de Pedra de Lume. On pénètre dans cet ancien volcan par un tunnel et on se retrouve au milieu des bassins et des tas de sel, restés inexploités depuis longtemps. C'est un mélange de couleurs : rouge, ocre, rose, blanc, au milieu desquels trônent les restes de structure en bois qui servaient à transporter les bennes de sel de l'autre côté du volcan. On a oublié nos maillots de bain mais on ne peut pas résister à l'envie de se baigner dans un des bassins encore plein d'eau, fortement salée. On flotte sans bouger et c'est la surprise totale pour tout le monde.
La présence de ces salines sur l'île a donné lieu à une légende, très poétique, que voici:

"Par une nuit criblée d'étoiles, la lune m'a conté une légende qu'elle tenait du soleil. Il y a fort longtemps, l'astre du jour, comme à son habitude, réchauffait la surface de notre planète, quand son attention fût attirée sur une île au milieu de l'Atlantique, par un reflet qui lui fit comme un clin d'œil. Le soleil, intrigué, se rapprocha de l'océan et concentra tous ses rayons sur cet éclat magique afin de pénétrer les miroirs de l'eau. Celle-ci s'évapora, mettant à nu la constellation de cristaux de sel qui avait envoyé ses œillades séductrices. Le soleil venait de lever le voile, de déshabiller le sel avec lequel il allait s'unir comme l'or et l'argent…. L'île émergeait, Sal était née!"

Le soir même, Zidane nous propose de goûter la cachupa (spécialité culinaire du Cap-Vert composé de maïs, haricots blancs et rouges, de fèves, de patates douces, de poulet), sorte de ragout préparé par sa belle-mère. Nous serons à peu près 30 personnes, équipages de voiliers, à venir déguster ce plat traditionnel.
Tous nos déplacements passent par Espargos, le centre de l'île. C'est là qu'on trouve aussi les magasins plus achalandés, un cyber-café où il faut faire la queue car il n'y a que 2 ordinateurs, des boutiques chinoises où l'on déniche plein de choses, même un sapin de Noël pour le bateau !. A Espargos, nous avons aussi passé un moment à écouter de la musique cap-verdienne chez un disquaire mais nous constatons que c'est plutôt la musique zouk qui est présente dans les boîtes, dans les rues, ou chez les gens.
Un autre jour nous partons pour la journée, dans le sud de l'île, à Santa Maria. A cause de sa belle plage, de son eau turquoise, et de ses spots de surf, ce village est devenu le centre touristique de l'île de Sal. On y rencontre plus d'européens qu'ailleurs. Florian et Sylvain ont bien apprécié l'eau émeraude et se sont bien éclatés dans les "grosses" vagues.
C'est également un lieu où on trouve des boutiques de souvenirs à tous les coins de rue. L'artisanat cap-verdien n'est pas très riche et c'est plutôt de l'artisanat sénégalais qui est proposé.
A plusieurs reprises, nous essaierons également de visiter l'usine de désalinisation mais il y avait toujours un prétexte pour repousser la visite et nous abandonnons. Dommage que le contact n'est pu se faire car cela aurait été intéressant pour les écoles qui nous suivent.


Nous prolongeons notre escale à Sal car Larissa, l'équipière qui nous accompagnera pour la traversée, arrive le 13 décembre. Nous allons l'accueillir à l'aéroport international de Sal, le plus grand de toutes les îles du Cap Vert. Par le même avion arrive aussi Cesaria Evora, la plus célèbre des chanteuses cap-verdienne.
L'équipage de Mateo se monte donc désormais à cinq personnes. Larissa est bien chargée et nous apporte des vivres fort appréciées ici (camembert, foie gras) mais aussi bouteille de vin, journaux, catalogues… et cadeaux du Père Noël !, ainsi que les corrigés du CNED.
Le changement est radical pour elle. Après avoir quitté la France sous la neige, la voici ici avec une température ambiante de 30°.
Le lendemain, nous faisons les courses ensemble et préparons le départ pour la prochaine escale, tout en complétant nos stocks pour la traversée de l'Atlantique. Avant de lever l'ancre, nous invitons Zidane et "Mitik" à déjeuner sur Mateo.

 

 


Paysage désertique

 

 

 

 


Repas à bord avec Zidane

En milieu d'après-midi nous quittons le port de La Palmeira en direction de l'île de Brava, la plus sud-ouest de l'archipel. Après 2 jours de mer, nous distinguerons, au petit matin, le port de Furna, caché dans les falaises. Le port est très petit. Après voir cherché un endroit pour mouiller, on se retrouve à couple d'un grand voilier américain dont le propriétaire, un Cap-Verdien, a vécu 40 ans aux Etats-Unis où il a construit son bateau avant de revenir s'installer dans son pays. Ce premier accueil est très chaleureux. Nous ne sommes que deux voiliers de passage dans le port et le 4ème depuis le début du mois de décembre ! C'est dire que notre présence ne passe pas inaperçue et rapidement des enfants viennent à la nage nous dire bonjour et nous réclamer des stylos bille (denrée rare et chère ici !).
Les conditions de vie sont encore plus dures que sur Sal. L'île est très isolée et il n'y a pas d'aéroport mais juste le ferry de temps en temps. Par contre, Brava est une petite île verte, montagneuse ce qui permet aux habitants d'y faire des cultures (bananiers, papayers) ainsi que de nombreux potagers.
De temps en temps, un bateau américain vient a Brava apporter une cargaison de matériel en provenance des USA, car ici tout la monde a de la famille exilée en Amérique depuis le temps des baleiniers. On voit donc beaucoup de jeunes habillés en Nike ou en Reebok sur l'île !
La capitale de Brava, Villa Nova Sintra, se trouve en altitude (400 m), il faut donc grimper par une petite route pavée, très sinueuse avec ses 99 virages ! Là haut, l'atmosphère y est nettement plus fraîche. Nous passerons la journée dans Nova Sintra à déambuler, visiter et découvrir cette ville montagneuse. Vu d'en haut, le panorama est superbe. On distingue l'île voisine de Fogo, avec son volcan, et la mer à perte de vue. Nous goûterons chez Paolo une succulente dorade avant de redescendre sur Furna.
En redescendant, nous faisons la connaissance d'Albert sur le quai. Il parle très bien français et aime particulièrement rencontrer les équipages de bateau. Il se rappellera d'ailleurs du passage de nos amis du voilier Namasté il y a une dizaine d'année de cela. Albert nous parle de sa vie ici, de ses projets de partir aux USA, et nous fait visiter l'école primaire du village. Les enfants, en uniforme bleu et blanc, nous saluent en chœur et nous accueillent très chaleureusement, et nous faisons don de quelques crayons qui sont très appréciés.
Mais l'escale sera courte car Larissa doit prendre son avion de retour en Martinique le 6 janvier, et on se donne un peu de marge pour la traversée. Dommage car le soir de notre départ a lieu un fête a Furna: 24 heures de musique, danse et animation non-stop! Ce sont les fêtes de fin d'année qui commencent.
Albert vient nous aider à larguer les amarres et nous fait de grands au revoir…. Notre voyage le fait peut-être rêver, lui qui n'a jamais quitté le Cap-Vert!

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