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On estime à 65 millions de tonnes la quantité de poissons pêchés par an par les pêches commerciales
dans le monde.
Mais la pêche a aussi une importance en tant que source de protéine pour de nombreux pays dont
les populations n’ont pas les moyens d’acheter de la viande. Une part de la pêche est donc
consommée directement par les hommes, surtout dans les pays pauvres. Beaucoup de ces pays ont
des côtes importantes ou sont carrément des îles dans des milieux tropicaux.
Les captures n’ont fait qu’augmenter depuis le début du siècle, du fait des progrès technologiques
(passage de la voile au moteur, et évolution des engins de pêche toujours plus efficaces et de
taille plus importante, possibilité de pêcher dans des zones auparavant inaccessibles). Cependant,
depuis quelques années, on assiste à une stabilisation voire à une diminution des captures qui
traduit la raréfaction des ressources en général. On déploie plus de moyens et finalement on
pêche encore moins qu’avant. Pour une majorité d’espèces européennes, un poisson a en gros une
chance sur deux de se faire capturer avant d’atteindre l’âge de se reproduire, et en un an, il
a 4 fois plus de chance d’être capturé que de mourir de mort naturelle. Certaines pêches ne
capturent que des jeunes poissons.
L’effet de la pêche sur les poissons dépend des espèces qui sont recherchées. Les espèces les
plus recherchées disparaissent quasiment, comme par ex. la daurade royale en Bretagne. Ou bien,
on trouve plus que des petits individus, car la pêche prélève les plus gros en premier. Ainsi,
au fil des années disparaissent les espèces les plus appréciées, qui sont peu à peu remplacées,
dans la nature comme dans les captures, par des espèces qui n’étaient pas consommées avant. Ces
espèces sont en général plus petites et moins « nobles », par ex. on trouve désormais sur les
étals le grondin, le merlan, la plie, et de petits merlus et de petites soles, alors qu’avant
on voyait de grosses soles, merlus, des turbots, etc…
Afin de valoriser les espèces restantes qui sont en général à peine comestibles (par ex. chinchard,
merlan bleu), des pêches dites minotières se sont développées surtout dans les régions tempérées.
Elles capturent de grandes quantités de poissons qui sont transformés en farine pour l’alimentation
animale. Les protéines sont ainsi détournées de l’alimentation humaine vers la nourriture
d’animaux pas nécessairement carnivores.
La marchandisation de la pêche se traduit aussi par une sélection parmi les captures des espèces
qui sont rentables à débarquer. Dans certaines pêcheries, une grande proportion de la capture
est rejetée à la mer, par ex. dans les pêcheries de crevette. Ces poissons et ces crustacés
meurent alors sans être consommés. Ils ne bénéficient qu’aux animaux nécrophages qui vivent au
fond de la mer. On estime qu’environ 30% de la capture mondiale est rejetée.
La pêche a aussi des effets indirects sur les poissons et sur les écosystèmes marins. En effet,
les engins de pêche peuvent endommager l’habitat des poissons et des autres animaux marins
(crustacés, mais aussi les coraux, les éponges, etc…). Ces dégradations entraînent une survie
moindre des jeunes alevins et des larves et la reproduction peut aussi être affectée. Ces effets
sont principalement dus aux engins traînés (chaluts, dragues) et dans une moindre mesure aux
engins perdus en mer par les pêcheurs qui les abandonnent au fond de la mer, et continuent à
piéger des animaux.
Au final, les écosystèmes marins sont profondément modifiés par la pêche, y compris les espèces
qui ne sont pas exploitées.
On soupçonne aussi de plus en plus la pollution, et en particulier les résidus hormonaux qui
ont des effets sur la reproduction et sur le ratio males/femelles, d’être responsables dans
certains estuaires, comme celui de la Seine, de modifications de l’équilibre des stocks de
poissons.
La plupart des nations ont pris conscience des problèmes de surexploitation des ressources en
poisson. Une mesure nécessaire est de réduire la quantité de pêche globale, soit en limitant
le nombre de bateaux, soit en réduisant leur activité, soit leur interdisant certaines zones.
Cependant, la pêche est souvent l’objet de tractations économiques (échange de droits de pêche
contre autres produits commerciaux par ex. agricoles) qui sont malheureusement prioritaires par
rapport au souci d’une exploitation durable.
Notre rôle de consommateur est important dans cette évolution des pêches : en refusant d’acheter
des poissons trop petits et qui n’ont pas eu le temps de se reproduire, en n’achetant pas uniquement
des espèces nobles mais aussi des espèces moins recherchées, nous pouvons avoir une action sur
l’évolution des stocks.
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