Notre position :
L'équipage est de retour en France
Mateo est resté à Nouméa
    
Dernière mise à jour : 13/06/2010

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Récits de voyage

8ème partie : La fin du voyage

 



- Les Fiji
- La Nouvelle-Calédonie
- Le retour en France





  Les Fiji

(28 avril 2006 – 23 mai 2006)

 

 


En traversée

 

 

 

 

 


Un beau tazard

Le temps est très calme quand nous quittons l'archipel des Tonga. Vent faible, mer belle, après quelques heures de voile tranquille, nous mettons en route un moteur, dont le ronronnement nous bercera jusqu'à l'arrivée. De temps en temps nous alternons entre moteur bâbord et tribord, pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui subissent le bruit dans leur cabine.

La route pour aller vers Suva, aux Fiji, n'est pas directe, il faut passer entre volcans et récifs. La zone près des Tonga est une zone d'activité volcanique importante et de fréquents mouvements sismiques y ont lieu. Un peu au sud de notre route un volcan a d’ailleurs émergé il y a quelques années et il est encore en activité. Quelques jours après notre passage, un bulletin d'alerte est lancé dans le Pacifique sud-ouest, et nous apprendrons à la radio qu'un tremblement de terre sous-marin y a provoqué un mini-tsunami. Mais , déjà ancrés dans le port de Suva, nous ne le sentirons même pas.

Un chapelet de récifs et d'îlots, l'archipel de Lau, qui fait partie des Fiji, s'étend à mi-chemin entre nos deux escales. Il nous faut descendre un peu plus bas car dans ces parages, les îles ne sont pas balisées. Certaines sont habitées mais on n'a pas le droit de s'y arrêter car il y faut un permis spécial qui ne peut s'obtenir que dans l'un des 3 ports d'entrée. Nous trouverons un passage plus large, juste au sud de Oneata. Les cartes montrent aussi des zones d'eau décolorées, correspondant à des récifs immergés ayant été aperçus par des bateaux navigants dans ces parages. On espère en tout cas que ceux-ci sont tous cartographiés mais ce n'est pas sûr ! Pourvu que Mateo n’en rencontre pas un sur son sillage !

C’est le deuxième jour de mer. Notre ligne se tend et nous remontons un beau tazard (appelé aussi wahoo) de 1,10m, de quoi manger pendant plusieurs jours de différentes façons : poisson cru, ou cuit au citron, au four ou en cocotte.
Le quatrième et dernier jour, nous démarrons le deuxième moteur pour forcer un peu l'allure et arriver ainsi suffisamment tôt pour pouvoir faire les formalités qui sont, parait-il, longues ici.
Au petit matin, nous abordons la côte fidjienne et sommes à vue du port de Suva, la capitale des Fiji. Nous sommes étonnés de n’avoir aperçu aucun bateau pendant toute cette traversée.


 

 

 


Le Royal Suva Yacht-Club

En arrivant, nous contactons le "Suva Port Control" par Vhf comme c'est l'usage ici, et on nous demande d'aller directement mouiller devant le Royal Suva Yacht Club tout au nord de la baie. Après avoir attendu quelques heures qu'on nous indique la procédure, nous demandons la permission de descendre à terre pour faire les formalités. Pas de problème, tous les bureaux sont maintenant regroupés sur le quai principal, et après avoir débarqué en annexe sur un énorme quai on enchaîne une série de remplissages d'imprimés: Santé, Douanes, Immigration, Quarantaine, tous les fonctionnaires sont aimables et souriants mais il faut plus de 2 heures pour faire le tour.

De retour au Yacht Club, nous retrouvons Philippe, notre ami nantais qui arrive de France via Nouméa, et qui nous attend patiemment depuis deux jours à Suva. Les vols aériens ne sont pas simples pour arriver jusqu’ici mais c’est aussi plus difficile pour nous, marins, de retrouver à date fixe des amis, à terre. Nous sommes tributaires des aléas de la météo !
Philippe connaît déjà bien notre bateau car c'est lui qui nous avait aidé à installer et monter les moteurs au chantier. D’ici quelques mois, il viendra avec sa petite famille s'installer pour quelque temps en Calédonie. Ce sont les vacances de Pâques, en ce moment en France, et Philippe en profite pour venir passer quelques jours à bord de Mateo afin de le prendre en main. Par la suite, c'est lui qui sera le gardien du cata lorsque nous rentrerons en France.
Le Royal Suva Yacht Club est un endroit accueillant pour les voyageurs: des douches (froides), un bar sympa où la bière est bon marché, la possibilité de faire laver son linge, un petit magasin d'accastillage, une station service. Il est situé à une vingtaine de minutes à pied du centre ville, et lorsqu’on revient chargé, le taxi ne coûte qu’un dollar et demi.


 

 

 


Près du marché

 

 

 

 


Le port de pêche

Le lendemain, nous partons en ville découvrir le marché, les magasins … Suva est une grande ville très animée où grouille une foule très mélangée: fijiens et hindous, les deux groupes majoritaires, qui représentent chacun près de 45 % de la population, mais aussi chinois, européens, arabes, africains.
Dans la rue, les saris colorés des hindoues, les sulu, sorte de jupes de toile des hommes fijiens, les voiles des femmes arabes et les habits européens se côtoient.
Une rivalité existe entre les Fijiens de souche, un groupe d'origine mélanésienne et polynésienne, et les hindous, descendants d’immigrés amenés à la fin du 19eme siècle pour travailler dans les champs de canne à sucre. Cette population s’est installée et a apporté avec elle sa culture, gastronomique, comme spirituelle. Les deux groupes ne s’estiment guère depuis des générations. Les hindous aimeraient avoir les même droits que les fijiens, en particulier en ce concerne la propriété des terres. Politiquement, ils souhaitent aussi une reconnaissance à part égale dans un gouvernement regroupant les différentes ethnies. Il y a quelques années, l’arrivée des Indiens au pouvoir avait même entraîné un coup d'état. Au moment où nous arrivons, des élections sont en préparation et on sent que les débats sont animés.

Les magasins sont très bien achalandés, aussi bien pour la nourriture que pour les autres biens, de l'habillement à l'électronique. Le bureau de la Poste où nous allons déposer nos cartes postales est en même temps un grand magasin de papeterie. Dans les rues encombrées, on trouve banques, distributeurs de billets et cybercafés tous les 100m.

Contrairement à beaucoup d'états indépendants de la région, les Fiji font office de pays riche: une production agricole notable, en particulier le sucre et le bois, un secteur tertiaire et des infrastructures, hôpitaux, université, musées, mais il y a un contraste important entre les villes puis les campagnes et les îles isolées qui vivent encore de façon très traditionnelle.
Les Fiji sont constituées d'une multitude d'îles, dont 2 principales: Vanua Levu, grande comme plusieurs départements français, et où se trouve la capitale, Suva, et Viti Levu située plus au nord et aussi moins développée. Pour notre part, nous n’aurons le temps que de visiter la cote sud et ouest de Vanua Levu.


 

 

 


Au Royal Suva Yacht-Club

 

 

 

 

 


Au Fiji Museum

 

 

 

 

 


Le paquet de kava

C’est jeudi. Nous partons avec le bateau faire un tour dans la baie, aux environs de Suva. C'est l'occasion pour Philippe de se familiariser avec Mateo. Le récif est sommairement balisé et l'îlot où nous pensions ancrer est devenu un pénitencier, donc interdit au mouillage. Le temps variable n’incite pas à ancrer devant les îlots peu abrités. Nous rebrousserons chemin pour aller prendre une bouée devant le Tradewins Hotel, un petit mouillage bien calme en bord de côte au nord de la baie.
Le lendemain nous sommes de retour au Yacht Club où l'équipage de Kavamama vient nous retrouver. Cette famille d'américains que nous avions connus aux Marquises est maintenant installée ici. Nous passons l'après-midi à discuter devant des pichets de bière et des assiettes de friture ! L'équipage de Solong, nos voisins de mouillage, un couple franco-brésilien qui navigue depuis très longtemps dans le Pacifique, vient nous rejoindre. Ces retrouvailles entre bateaux sont un vrai bonheur. Nous échangeons nos expériences, nous partageons, découvrons et … nous refaisons parfois le monde. La soirée se terminera dans un restaurant chinois. On nous sert un repas comportant 8 plats différents, tellement copieux qu'on emmène les restes au bateau pour les manger le lendemain. Le restaurant fournit même les boites pour cela ! Tout est bien plus simple ici.

Samedi matin, Philippe reprend son avion. Après un séjour bien court mais tellement dépaysant, il repartira, le cœur lourd de nous quitter et nous aussi. Tout a une fin mais c’est dur parfois.
Nous retournerons en ville avec les enfants et prendrons un repas dans un petit « boui-boui » chinois comme il y en a beaucoup ici. Puis nous faisons des achats d'artisanat, très riche et bon marché, des vêtements: on trouve les même tissus et chemises qu'a Tahiti, mais 3 à 4 fois moins cher.
Dimanche après-midi, nous allons visiter le Fiji Museum: ça nous permet de mieux comprendre l'histoire du peuplement des îles, puis de la colonisation. On y voit également de jolies pièces traditionnelles: bols à kava en bois incrusté de nacre, casse-têtes, fourchettes de cannibales, reconstitution de cases et de pirogues, etc.
Devant le musée se trouve le Thurstons Garden, joli jardin de plantes exotiques où nous déambulons, puis nous allons flâner sur le front de mer. En rentrant en ville nous assistons par hasard à un spectacle de musique et de danse religieuses: comme dans tous les pays du Pacifique, la religion est très présente et de nombreuses églises se partagent les fidèles.

Lundi nous retournons en ville car nous voulons faire les papiers de sortie pour quitter la capitale et aller voguer plus loin: lorsqu'on quitte Suva, les formalités sont les mêmes que si on quittait les Fiji ! il faudra donc refaire entrée et sortie dans chaque région du pays. De plus pour aller visiter des îles extérieures, nous devons demander un permis de croisière, lequel permis nous aura fait balader dans toute la ville à la recherche du bon bureau, celui-ci ayant déménagé récemment. Notre papier enfin obtenu, il sera trop tard pour faire la sortie aux douanes et nous devrons revenir le lendemain.
C’est mardi et nous retournons donc en ville : les douanes d’abord puis le marché ensuite pour acheter, dans un premier temps, le kava qui servira de cadeau de bienvenue dans les cérémonies d’accueil dans les villages. C’est une coutume obligatoire lors de rencontres dans les villages fijiens d’offrir le kava à notre arrivée. Le chef du village attend avec intérêt. On le partage avec lui ou non suivant ce qu’il aura décidé. Ce kava, un arbuste de la famille du poivrier, se présente sous la forme de racines séchées. Broyées puis mises en infusion, elles donnent un breuvage au goût un peu terreux, et à l’effet anesthésiant. Anciennement les racines étaient machées, souvent par les enfants, puis recrachées pour être consommées …

Le kava est la boisson nationale et très bue de la population, principalement par les hommes. Au 1er étage du marché, on ne sait vers quel vendeur aller tellement il y a de choix. Ceux-ci nous hèlent. C’est au hasard d’un stand qu’on achètera notre kilo de ces précieuses racines. Dans un deuxième temps, ce sera les courses alimentaires et de nouveaux achats d’artisanat que nous ferons : il y a plein de choses et …… à pas cher, profitons-en, mais il faut se freiner quand même !


 

 


Braderie au village

 

 

 

 

 


Le village de Lalati

Puis c’est le départ vers l'île de Beqa en face, une petite balade d’une vingtaine de milles. Nous entrons dans le lagon et nous nous dirigeons vers la baie de Malumu. Lisa, de Kavamama, nous aperçoit du ponton de l'hôtel et vient nous voir en kayak. Ce sont des amis à eux qui ont monté cette petite structure de vacances de luxe.
La baie est très abritée et calme. Après avoir posé l’ancre, nous allons rendre une visite au village de Lalati. La coutume veut que l’on demande l’autorisation avant de pouvoir rester ici pour la nuit. Le chef du village étant absent, nous sommes reçus par un de ses adjoints : nous lui offrons notre petit paquet de racines de kava et il nous accueille de façon cérémonieuse. Assis en tailleur, par terre, sur un tapis de pandanus, le capitaine, seul, a droit à la parole. Tout en anglais, Dominique discute un moment, le restant de la famille écoutant sans un mot ce qui se dit. Le cérémonial terminé, on nous donne la permission de rester mouillé dans la baie. Nous sommes également autorisés à prendre des photos et à discuter avec les villageois. Accompagnés par un des hommes, nous visiterons le village.
Il y a beaucoup de jeunes enfants autour de nous. Partout, nous recevons un très bon accueil, et on nous invite parfois à entrer discuter quelques instants dans les maisons, de simples cases couvertes en tôle. Nous faisons connaissance de Anna, une jeune fille du village qui parle français : elle vit à Nouméa avec un Calédonien kanak et est en vacances dans sa famille en ce moment. Elle a un bébé de 9 mois dans les bras et est déjà enceinte du deuxième.

Quelques personnes du village travaillent à l'hôtel voisin, de 6h à 14h, 3 jours par semaine, pour un salaire de 2 à 4 dollars fijiens (1 à 2 Euros) de l'heure. C’est le seul travail rémunéré ici, et il fait vivre une bonne partie de la polulation.
Pourtant situé à 15 kms du "continent", le village vit avec des siècles de décalage: à part quelques postes de télévision, il n’y a aucun équipement moderne.
Du pandanus bouilli est mis à sécher devant une maison, il servira à faire de grandes nattes dont le sol de chaque habitation est couvert. Pas de lit, la maison comporte une seule pièce qui sert à tout. Tout le monde dort sur les nattes avec quelques coussins. Juste un rideau pour séparer la pièce.
Il y a 9 villages (appelés tribus) sur cette grande île, chacun gérant une partie du territoire. Ce n’est pas toujours évident, pour nous, marins, lorsque on arrive, de savoir à quel village appartient le lieu, une baie pouvant être la propriété de plusieurs villages.

Pendant la nuit, c’est un déluge qui s’abat sur Mateo, et la journée suivante est pluvieuse et venteuse. Nous profitons d’une petite accalmie pour faire un petit tour en annexe à l'îlot aux chauve-souris au fond de la baie mais le retour se fera sous la pluie. En fijien, Beqa veut dire chauve–souris, et les fijiens consomment couramment cet animal bouilli.


 

 

 


Intérieur Fijien

Le lendemain, nous faisons une nouvelle balade dans une autre zone de la baie : on débarque sur la plage où se produisent les marcheurs de feu, des hommes qui dans certaines cérémonies marchent sur des pierres chauffées à blanc. Cette particularité avait parait-il été accordée par un sorcier aux habitants d'un des villages de l'île. Maintenant, ce sont surtout les touristes qui assistent à ce spectacle.
Puis nous retournons au village faire nos adieux. Avec la pluie qui est tombée, le sol est très humide et des planches servent de petits ponts entre les maisons. Il faut faire attention où l’on pose les pieds. Malencontreusement, Dominique se paye une belle glissade et se retrouve dans un fossé. Plus de peur que de mal !
Il y a ce jour-là une vente de vêtements dans le village. Nous apprendrons que c’est suite à une collecte d’une association américaine que la bourse de vêtements a pu se faire. Tous les villages de l'île y participent. C’est foire fouille ! Chacun repart avec des habits à la mode achetés pour quelques dollars. Nous rencontrerons un jeune adulte fier de ses achats qu’il n’hésitera pas à nous montrer.
Nous sommes invités à prendre le thé chez la fille du chef, une autre Anna. Statut oblige, leur intérieur mieux équipé avec télévision, machine à laver et de vrais lits. Nous leur offrons des boudoirs, ce qui donnera lieu à une séance de prononciation en français très comique.


 

 

 


Les danseurs de feu

Nous quitterons Beqa le lendemain et retournons vers le continent, avec une escale pour la nuit dans la baie de Vunaniu. L’endroit est venté le soir, et sur le fond de vase on est obligé de mettre l'ancre FOB car la Spade n'accroche pas. Tôt le lendemain, nous repartons vers Likuri, une quarantaine de milles plus à l’ouest. Cette cote sud de Viti Levu, l’île principale des Fiji, offre quelques mouillages abrités mais peu sont intéressants. En route nous pêchons une belle coryphène de 1,10m. Les eaux fijiennes sont réputées poissonneuses et nous en profitons.

Le mouillage de Likuri se fait devant Robinson Crusoe Island. Cet îlot est occupé par un hôtel pour routards tenu par des propriétaires américains et australiens. L'île est aménagé avec bungalows, dortoirs, sanitaires, un bar-restaurant, et accueille les voiliers de passage. On devient membre du "Yacht Club" pour 1 dollar fijien. Le tourisme fijien est en plein développement et, à la différence de la Polynésie, il offre tout l’éventail des budgets, du “ backpapper ” au tourisme de luxe.

Après une cérémonie de kava pour accueillir les nouveaux arrivants, nous assistons au show de danses polynésiennes et de danseurs de feu. Mais il est bien décevant après ce qu'on a pu voir aux Marquises, à Raiatea et aux Iles Cooks. C'est vraiment le truc à touristes avec applaudissements à la commande. On se croirait presque dans le film "Les Bronzés"…

Plus on va vers l’ouest, plus le changement de climat et aussi le paysages est marqué: fini la forêt, et place aux étendues d'herbe vert pâle. Le sable des plages est plus clair et le taux d'humidité descend. Pour une fois, la nuit se passe sans averse. Le lendemain matin, nous avons la visite de Israël, salarié de l’hôtel. Nous l’avons rencontré sur la plage la veille et il n'a jamais vu de catamaran. Intéressé, il n’hésite pas une seconde à nous demander de venir le visiter. Les fijiens, au contraire des polynésiens très discrets, sont curieux et posent plein de questions sur notre mode de vie.


 

 

 

 


La marina de Musket Cove

Après 2 jours d’escale, c’est le départ vers l'archipel des Mamanucas. Le vent et la mer forcissent en cours de route, mais on rentre par une passe dans un plan d'eau calme. Cette côte ouest de Viti Levu est abrité par une grande barrière de corail et parsemée de dizaines d’îles. La plupart possèdent un petit hôtel, et cette zone est la plus touristique des Fiji.

Il est difficile de voir les récifs, mal balisés, car nous naviguons avec le soleil en face. Nous restons très prudents. On va s'amarrer sur une bouée à Musket Cove sur l'île de Malolo Lailai. Celle-ci possède une petite marina, un grand complexe hôtelier avec piscine, restaurants, boutique et même une piste d'atterrissage. Il y a tout ce qu'il faut pour les voiliers de passage, supermarché, laverie, internet (lent et très cher malheureusement). Une dizaine de bateaux de différentes nationalités sont amarrés ici. Il y a du passage autour du mouillage : navettes qui relient l’ile au continent, annexes et même un hydravion.

Nous faisons une promenade par les chemins pour parcourir le tour de l'île: il y a de jolies maisons sur les collines, avec une belle vue sur l'archipel et le continent, et en redescendant on traverse le village des employés locaux : quel contraste par rapport aux propriétés que nous venons de voir sur les hauteurs. Ce sont de petits baraquements de toit de tôle, à l’ombre de grands arbres. Un endroit sombre, caché, en tout cas très discret du reste de l’île.
Plusieurs "Resorts" se partagent l'île avec des clientèles différentes: Plantation Resort, très familial, Musket Cove Resort pour clientèle plus fortunée, et le plus récent, encore plus chic et réservé uniquement aux couples sans enfants. Tous sont en bordure directe de la plage, mais ici pas de clôture, on peut se promener partout.

Vu la météo, et la cartographie peu détaillée, il est difficile d'aller explorer des petites îles comme on l'aurait souhaité. On aura du vent pendant plusieurs jours: on profite du confort du mouillage et de la marina, des douches chaudes, de la laverie pour la lessive.



 

 


Vuda Marina

 

 

 

 


Le port de Lautoka

 

 

 

 


Le chenal de la marina

Le temps passe vite, déjà presque 3 semaines que nous sommes aux Fiji! On retourne donc sur le continent, pour une escale à Vuda Marina. La traversée se fera avec du vent assez fort dans le nez. Vuda Point est aussi appelé "First Landing", car c'est ici que les premiers mélanésiens auraient débarqué pour coloniser les Fiji il y a 3500 ans, venant des Salomons ou du Vanuatu.

La marina est très bien abritée, elle est bien équipée pour stocker les bateaux à terre ou à flot, c’est même un des rares abris anticycloniques du coin. On peut aussi y faire toutes sortes de réparations à un tarif très intéressant avec une main d’œuvre entre 3 et 5 F$ de l'heure.
On y retrouve quelques voyageurs, dont une famille française avec 2 enfants, Laure, 9 ans et Loïc, 11 ans. Leur bateau est à terre pour des travaux, et Béatrice, la maman, est à l'hôpital pour des examens car elle traîne une fièvre depuis quelques semaines. François, le papa, est un peu désemparé et bien content de nous trouver. Les enfants jouent ensemble et Joëlle aide Loïc qui a du retard dans ses devoirs Cned. Ils doivent rentrer en catastrophe en France pour pouvoir faire des examens plus poussés et laissent leur bateau ici. En quelques jours ils doivent faire leurs bagages et quitter une vie de voyage qui dure, pour eux, depuis 5 ans. Ils se disent que c'est sans doute la fin de leur voyage. Nous apprendrons avec beaucoup de tristesse le décès de Béatrice quelques semaines plus tard.
A la marina nous faisons aussi connaissance de Humberto, un hollando-espagnol qui connaît bien le Pacifique: il navigue en solitaire après avoir laissé femme et grands enfants en Espagne. Il nous donne des tuyaux sur la Nouvelle-Calédonie. Nous n’avions qu’une carte générale et nous repartons de chez lui avec CD rom en poche, informations multiples et variées.

Nous prenons le bus pour aller à Lautoka, la seconde ville du pays après Suva. La région est très agricole et de grands champs de canne à sucre entourent la ville, un petit train longe la route sur des kilomètres et sert à apporter la canne à l'usine. Malheureusement ce n’est pas la saison de la récolte et le train ne fonctionne pas. La ville possède un grand marché bien achalandé ainsi que plusieurs supermarchés. Dans le bus du retour, une dame offre des oranges à Sylvain et discute avec nous, nous retrouvons la même gentillesse qu’en Polynésie.

Le dimanche nous partons en stop pour Nadi, une autre grande ville à proximité: située près de l'aéroport international du pays et des zones touristiques, l'ambiance y est différente de celle de Lautoka, avec beaucoup de boutiques à touristes. On voulait visiter un temple hindou, le plus grand des Fiji, avec une superbe architecture colorée, mais il est en travaux.

Notre séjour aux Fiji se termine. Pour les papiers de sortie nous pensions pouvoir aller les faire en bus au bureau des douanes de Lautoka, mais arrivés là-bas on apprend qu’on est obligés de venir avec Mateo: le douanier veut voir le bateau partir de son bureau, et ensuite pas le droit de s'arrêter dans un autre mouillage après les formalités. On quitte donc la marina le matin après avoir fait les pleins et on va mouiller à proximité du port. Dès que les formalités sont terminées, nous remontons l’ancre. Il nous faut 5 heures de moteur pour arriver au Navula Passage et quitter le grand lagon ouest des Fiji. Nous hissons les voiles, direction la Nouvelle-Calédonie.


              


  La Nouvelle-Calédonie

(23 mai 2006 – 12 juillet 2006)

 

 


Terre rouge du sud caledonien

 

 

 

 

 


Arrivée sur la cote sud

Pour cette dernière grande traversée du voyage, environ 6 jours de mer, on espérait avoir des conditions clémentes: les bulletins météo annonçaient un vent portant assez soutenu au départ, mollissant ensuite puis une zone de calmes. C'était sans compter avec les grains fréquents et parfois violents dans cette région.

A mi-parcours et en pleine nuit, le vent tombe puis revient soudainement au lever du jour avec force, en ayant tourné de 180°. On a juste le temps de rentrer toute la voilure et de faire demi-tour afin de rester vent arrière car la mer se creuse sérieusement. Le vent est très fort, sans doute aux alentours de 50 nœuds. La mer présente des vagues très abruptes. Pendant 3 heures nous perdrons du terrain sur notre route et nous ferons des pointes de vitesse à 17 nœuds dans les surfs. Le bateau résiste bien et ça rassure. Jamais nous n’avions eu de telles conditions de temps et de mer en deux ans. Nous ne parlons pas et sommes aux aguets.

Les creux avoisinent maintenant les 6 mètres. Une vague plus abrupte que les autres fait dévaler Mateo à toute vitesse, puis les étraves se plantent brusquement dans l’eau. Joëlle, assise sur un tabouret à l’intérieur, est éjectée sous la table du carré et le tabouret y perdra un pied. Le choc est violent au moment où le fond de la nacelle touche l’eau. Le capitaine demande à l’équipage d’enfiler les gilets de sauvetage, Florian prépare même la balise de détresse ! En percutant ainsi l’eau, Mateo se redresse et reprend sa flottaison normale. Un gros ouf de soulagement pour nous tous ! Nous avons eu vraiment peur et nous serrons les fesses, en redoutant qu’une vague encore plus abrupte que la précédente ne nous fasse faire un soleil et retourne totalement le catamaran.

Heureusement, il n’y aura pas de deuxième fois ! Ce n'était qu'un front passager car le vent retombe comme il était venu, la mer se calme miraculeusement et nous pouvons désormais repartir dans la bonne direction. Le reste du trajet se fera même au moteur tellement le vent a faibli.

Au sixième jour, nous sommes à la fin de notre traversée et bien contents d’arriver à bon port ! Au petit matin, sous la grisaille et le crachin, nous approchons de la côte. Nous patientons à petite vitesse pour attendre que le jour se lève. Ce moment là est souvent bien apprécié de l’équipage. Nous pouvons désormais pénétrer dans le gigantesque lagon sud-est de la Nouvelle-Calédonie. Le courant nous pousse pour rentrer dans la passe Havannah que nous franchissons à 8 - 10 nœuds.
On aperçoit sur la côte les immenses pins colonnaires si caractéristiques du pays, leurs obélisques vert foncé se détachant de l'ocre de la terre et de la végétation plus claire. Les cocotiers qui poussent à leur pied paraissent minuscules. Mais, quel paysage magnifique sous nos yeux !


 


Arrivée à Noumea

 

 

 


La fin du pamplemoussier

 

 

 


Sur les pontons de Port Moselle

Nous mettrons la matinée avant d’accoster à Nouméa. Pour cela, il faut longer la côte sud et naviguer entre les îles : il y a près de 40 milles à parcourir soit environ 6 heures de navigation.. En début d'après midi, la ville est en vue et nous contactons par Vhf la capitainerie de Port Moselle. Cette marina met à disposition des nouveaux arrivants son ponton d'accueil et les formalités se font ici. La première nuit est même gratuite, ce qui est rare !

Les fonctionnaires de l'immigration sont déjà présents sur le ponton quand on arrive, et les papiers sont vite remplis. Quelques petits renseignements de première nécessité glanés auprès d’eux et nous voilà désormais prêts à débarquer. Pendant que le capitaine est parti au bureau de la marina annoncer notre arrivée, 2 agents des Services de l'Agriculture se présentent sur Mateo. Pour des raisons sanitaires, il est interdit d’importer tout produit frais en Calédonie. Comme nous venons des Fiji, fruits, légumes, miel, œufs, pop-corn seront récupérés par eux pour la destruction. Nos courses de frais des Fiji n’auront pas été profitables ! Ces officiels vont même jusqu’à jeter un œil dans tous les coins du bateau pour voir si on n’y cache rien. On se pose des questions sur la raison réelle de confisquer miel ou pop-corn mais… la loi c’est la loi.

Le plus triste de l’histoire, c’est qu’ils emportent, sans sourciller, notre plant de pamplemoussier “tourdumondiste”, qui a décoré notre carré pendant deux ans ! Ce plant nous avait été confié au départ de France par les retraités de la maison du Castelli à Laval. A travers le pamplemoussier, ces pensionnaires pouvaient voyager et voir grandir notre petit arbuste. Jusqu’à présent, notre plante était passée entre les griffes de tous les services sanitaires des ports parcourus mais cette fois-ci, ce dernier contrôle lui aura été fatal. Les enfants en ont les larmes aux yeux. Nous réussissons, malgré tout, à faire une dernière photo du pamplemoussier, dans son sac poubelle, avant son départ en incinération. Quelle triste fin !!!
Dominique aura réussi à sauver 2 citrons verts bien cachés pour le punch du soir ! Histoire de faire un pied de nez aux autorités !…

Le moral n'est pas au plus haut pour cette arrivée grise et mouvementée. Nous prenons, en ce début d’après-midi, un bon petit déjeuner tardif avec les quelques œufs que les Vétérinaires auront bien voulu nous laisser. Il avait fallu les faire cuire devant leurs yeux pour pouvoir les garder.

Heureusement, il y a les copains pour remonter le moral. Manu vient nous rendre visite quelques heures plus tard. C’est un collègue de l'Ifremer qui vit ici en famille sur son catamaran Diabolo. On s’écrivait par mail depuis un certain temps et notre arrivée était attendue. Ca fait chaud au cœur ! La première nuit à terre est bienvenue pour récupérer de la traversée et de nos émotions. Manu nous propose un corps-mort pour y laisser, par la suite, Mateo, en attendant de trouver une autre solution.


 

 

 


Avec l'architecte de Mateo

 

 

 

 

 


La baie de l'Orphelinat

Le lendemain matin quelqu’un frappe sur la coque: c'est Jacques Fioleau, l’architecte qui a dessiné Mateo qui vient nous saluer avec un plein sac de croissants ! Une bonne surprise. Jacques ne connaît pas encore le bateau. Après l'avoir dessiné, il a du quitter la France mais il suivait la construction de Mateo à distance. Près de 8 ans après s’être quittés, nous renouons le contact. Une boucle se referme: fin 1998 nous lancions avec Jacques le projet de construction du catamaran et c'est lui, à présent, qui vient nous accueillir à Nouméa. Il est installé avec sa famille depuis 2 ans ici et connaît les bons plans: en peu de temps il nous oriente vers une marina où il y aurait de la place, nous conseille une assurance bateau bien moins chère que celle qu’on a actuellement et contacte un copain des Douanes pour des renseignements utiles nous concernant. Quelques heures après, Jacques nous emmène faire des courses au supermarché pour remplir le frigo de produits frais et nous laissera sa voiture car il part naviguer. Comme dit Joëlle, Jacques c'est le Père Noël !!

Nous resterons pendant 3 jours au ponton de Port-Moselle bien situé au centre-ville: le marché est tout près ainsi que la poste, les commerces… Nouméa est une grande ville, et sur les 120 000 habitants qui y vivent, les 4/5 sont des blancs. Le rythme de vie y est pour certains aussi actif qu’en métropole, on y retrouve un environnement de loisirs et de services proche de certaines villes françaises. Ca nous change de la Polynésie et des îles environnantes.

Le sud de Nouméa, autour de la Baie des Citrons et de l’Anse Vata, ressemble à une station balnéaire méditerranéenne. La ville et le pays sont en plein développement : les lois de défiscalisation favorisent la construction d’hôtels et de logements en grand nombre, et les mesures de rééquilibrage suite aux accords de Nouméa provoquent un essor de l’économie.
Pas pour tous malheureusement, en témoignent les nombreux squats à la périphérie de la ville et les kanaks qui errent en centre ville sans activité apparente.

La météo nous surprend aussi: le thermomètre affiche tout juste entre 20 et 25°, parfois moins le matin et les quelques premiers jours de soleil font place à des journées pluvieuses et ventées dignes d'un automne breton. Nous serons ainsi moins dépaysés au retour, pensons nous !
Il a fallu ressortir cependant les couettes des coffres. Quant aux pantalons et swea- shirts, ils remplaceront souvent les tenues légères.


 

 


La marina Port-du-Sud

 

 

 

 


Le Centre Jean-Marie Djibaou

 

 

 

 


Sculpture au Centre Djibaou

Nous déménageons Mateo pour la marina de Port-du-Sud, dans la baie juste à coté: le port vient d'ouvrir il y a quelques mois mais les places sont déjà bien prises, surtout au ponton A réservé en grande partie pour les catamarans. Nous avons la chance de pouvoir y laisser notre bateau en toute sécurité pour notre retour en France. La marina est à peine terminée, et luxueuse : sanitaires confortables et très propres, laverie, borne internet et télévision pour chaque bateau. La douane nous informera que nous pouvons laisser Mateo pendant 1 an en franchise c'est-à-dire sans payer de taxe d’importation. Après ce délai, plusieurs solutions sont à étudier : soit déménager notre résidence en Calédonie, soit quitter le territoire en bateau, soit payer la taxe d’importation (qui se monte tout de même à 17% de la valeur du bateau !).

Au ponton, nous retrouvons avec plaisir notre architecte. Jacques habite sur son superbe catamaran "Clin d’Oeil", un grand frère de Mateo qui mesure 18m de longueur, et vit là avec sa femme, Karine et leur 2 filles Marina et Laura. Sur ce même ponton, 3 bateaux ont été dessinés de sa main : le sien “Clin d’Oeil ”, le notre “Mateo” et “Aito”, un autre grand catamaran que nous découvrirons par la suite.

C’est dimanche, Jacques nous laisse sa voiture et nous allons visiter le Centre Jean-Marie Djibaou dans la banlieue de Nouméa. Le lieu est superbe, mélange d'architecture moderne et traditionnelle, représentant 5 cases gigantesques, recouvertes de bois, et situées au milieu d'un parc où serpente le "Chemin kanak". Ce chemin explique la signification des 5 piliers de la culture kanak: la case, la parole, l'igname, la personne, les esprits.
Les bâtiments servent de lieu d’exposition d'objets anciens, d'art contemporain qui est bien vivant dans toutes les régions de la Calédonie, et de photographies sur le Vanuatu voisin, archipel au nord de la Nouvelle Calédonie. En visitant le centre, on y découvrira également une rétrospective de la vie du leader de l'autonomie kanak, et une médiathèque bien fournie sur les cultures d'Océanie. Nous passerons tout l’après-midi dans cet endroit superbe mais il faudrait plus de temps pour en faire le tour.

Le soir même, nous allons à la Crêperie Bretonne: les enfants réclamaient cette sortie depuis longtemps. Crêpes et galettes leur manquent, cela fait bien longtemps que nous n'en n’avons pas mangé.

Ce sont aussi les derniers jours pour envoyer les devoirs du Cned: Sylvain termine son ultime évaluation, quand à Florian il a bien du mal à finir la 10ème et les séries 11 et 12 ne partiront pas car vu les délais postaux elles arriveraient trop tard pour les corrections. Quelques jours plus tard, nous recevrons, par mail, les avis de passage : Sylvain est admis sans problème en 6ème, et Florian est autorisé à passer, de justesse, en 3ème. Nous étions persuadés que ses résultats l'auraient obligé à redoubler tant il avait si peu d’entrain à travailler cette année scolaire.

Nous voilà libérés des cours scolaires. Ce sont les grandes vacances pour tout le monde. Enfants comme parents, on va pouvoir souffler et consacrer nos journées à d’autres occupations qui seront, de toute manière, moins prises de tête. Il faut reconnaître que le CNED ne nous aura pas permis de savourer pleinement ces deux années de voyage. Mais grâce à lui, aussi, les enfants pourront reprendre leur cursus en rentrant. Le CNED faisait partie du lot du voyage. Bon gré, mal gré, nous avons accompli notre tâche d’enseignant. Un autre métier que nous avons découvert tous les deux.


 


Début de déménagement

 

 

 

 


Nettoyage et tri des coffres

Nous avons des invités à bord. Ghislain et Geneviève arrivent du midi de la France pour un séjour en Calédonie. Ils nous ont suivi sur le site depuis notre départ d’Arzal et nous ont demandé à venir passer quelques jours à bord de Mateo, avant de se lancer dans l'achat d'un bateau en vue de prendre leur retraite dans le coin. Les enfants sont gâtés car Ghislain et Geneviève ont pris le temps, en France, d’acheter plein de lectures pour eux. Ils se jettent avec précipitation sur les revues. Faut-il croire qu’ils sont en manque de nouveautés ? Ils passent une bonne partie de la journée plongés dans les magazines, d’autant plus que ce sont les vacances !

Nous avions prévu d’embarquer nos visiteurs pendant quelques jours vers le sud du lagon et vers l'Ile des Pins. Malheureusement, un contretemps l'empêchera: l'inverseur du moteur bâbord, qui donnait des faiblesses depuis quelques temps, nous lâche. La panne est identique à celle que nous avions eue au Portugal au début du voyage. Malchance, certes, mais heureusement que cette panne ne s’est pas produite dans un des coins perdus de notre parcours. Nous voilà donc à chercher un mécano, un chantier pour sortir Mateo… et à attendre l'arrivée de la pièce. Les délais pour faire venir une pièce de métropole peuvent être longs, et le coût, incluant le transport et les taxes, est multiplié par 3 ! En fait la pièce n'arrivera pas à temps avant notre départ, nous déciderons donc de la commander par mail pour la récupérer en France à notre retour, ce qui sera plus simple. Nous la ferons suivre ensuite par nos copains Philippe et Dominique qui arrivent fin août à Nouméa.

Nous profitons de ces journées, bloqués au port, pour faire le ménage et préparer le déménagement du bateau: les cartons se remplissent et nous les emportons au fur et à mesure à la Poste d’où ils prendront le bateau en fin de mois vers la France. C’est le moyen le moins onéreux que nous avons trouvé pour rapatrier plusieurs centaines de kilos de bagages vers notre domicile. C'est incroyable ce qu'on peut entasser dans un bateau en deux ans: déjà plus de 200 kg sont partis, et il en reste encore. La ligne de flottaison remonte sensiblement, Mateo retrouve un peu ses airs de jeunesse !



 


Le marché du jeudi soir

 

 

 


Rivière Bleue

Nous faisons connaissance de nos voisins de ponton. Les contacts à la marina sont sympas: en face de nous José vit avec sa famille sur un catamaran à moteur de 14 m qu'il a construit pendant 2 ans en Australie. C'est un véritable appartement, tout équipé comme une maison.
Au ponton visiteur, un peu plus loin, un curieux catamaran muni une grande aile rigide en guise de voile intrigue. Patrick en est le capitaine et aussi le concepteur de ce bateau. Il l'a dessiné et construit à Raiatea en Polynésie. L'intérieur du bateau est curieusement décoré, tout en mosaïque de nacre, car Patrick possédait auparavant une ferme perlière.
Nous avions remarqué que Florian, depuis quelques temps, était très intéressé par l’architecture navale. De lui-même, il ira voir ce propriétaire-architecte, en emmenant avec lui les dessins qu'il a fait d’un trimaran équipé aussi d'une aile rigide. Il va aussi régulièrement poser des questions à Jacques, et pour son anniversaire nous lui offrirons des règles de dessin.

Tous les jeudis soirs, il y a une animation sur la place des Cocotiers, en plein centre de Nouméa : stands d’artisanat, de fleurs, de fruits et produits locaux… ce soir-là, c’est le jeudi de la Province Nord et chaque village fait partager ses spécialités. Nous ne ratons pas l’occasion d’y aller faire un tour !

Pour nous changer les idées du déménagement et visiter un peu la Calédonie avant de partir, nous louons une voiture pendant 4 jours. Une petite Twingo où nous nous entassons avec tente, duvets, glacière et bagages… Départ samedi midi en direction du sud, pour visiter le Parc de la Rivière Bleue à 75 kms de Nouméa. Un immense lac à été créé par le barrage de l’usine hydroélectrique de Yaté et tout autour, un parc naturel parcouru de pistes. Les paysages sont superbes sous le soleil, mélange de rouges, de verts et de bleus. Le cadre nous fait penser à un décor préhistorique, et on s’attendrait presque à voir un dinosaure sortir au détour de la piste. Nous plantons la tente dans un petit camping en bordure du Parc : à cette époque nous sommes les seuls, et le lieu nous rappelle une virée au Canada lorsque Florian était petit.


 

 


Le plat de roussette

 

 

 


Au musée de Bourail

Le lendemain nous partons vers le nord en direction de Bourail, une ville de la côte ouest où nous attends Olivier. Il travaille dans le Service des Phares et Balises de Calédonie et était venu faire un stage en France où travaille Philippe, le webmaster du site et frère du capitaine. Olivier est très content de nous accueillir et de nous faire visiter son pays, comme lui-même avait passé d’excellents moments en compagnie de Philippe, en France.
Nous nous laissons guider par lui et arrivons à Nessadiou, village dont la majorité des habitants viennent d’une région d’Algérie : la Kabylie. Olivier nous explique qu’il est descendant de colons kabyles et nous raconte l’histoire de cette population, déportée en 1870 lors d’un soulèvement puis installée définitivement en Nouvelle Calédonie. Nous visiterons le Cimetière des Arabes, puis serons invités à déjeuner chez ses parents. Au menu, de la roussette, spécialité locale, qui est en fait de la chauve souris, cuisinée en ragoût. Accompagné de riz, ce n'est pas mauvais du tout, avec un arrière goût de gibier mais pas trop fort.
Les enfants sont ravis car Olivier leur fera faire un petit tour de quad ! Nous visiterons aussi leur grande propriété : 2 chevaux, des poules et un grand verger. Avec gentillesse, Olivier cueillera pour nous pleins de fruits et nous repartirons chargés de cristophines, mandarines, avocats. Nous aurons eu un merveilleux accueil avec la famille d’Olivier.

Nous coucherons le soir même au camping de la plage de Poe, où nous sommes encore seuls, après avoir été voir la Roche Percée et la grande plage des surfeurs.
Le lendemain, après quelques courses à Bourail, nous visiterons le musée de la ville: un lieu un peu vieillot mais qui explique bien la colonisation de la région par les bagnards, les déportés de Kabylie, des prisonniers politiques de la Commune, et les premiers colons français implantés ici dans les années 1870. Cette colonisation s'est faite assez rudement, en repoussant les kanaks des meilleures terres, eux qui sont les habitants originels de l’île. Nous ressentons une grande injustice dans la façon dont s’est faite cette colonisation. Ce constat met mal à l’aise et permet de comprendre les tensions actuelles.
Plus tard, nous prendrons la route qui traverse l'île de part en part pour rejoindre la côte est. Nous traversons un joli décor montagneux, et faisons une petite halte à Sarramea, en plein centre. Cerfs, chevaux sont les animaux les plus courants ici.


 

 


La cascade de Ciu

 

 

 

 


Matin au gite de Kuine

 

 

 

 


Le_musée de la mine de Thio

Nous continuerons notre route vers Canala où nous avions prévu de passer la nuit dans une tribu kanak. Aux abords de la route, nous questionnons un employé de la mairie, pour nous guider. Il s’appelle Matéo et nous conduit à la tribu de Kuinet.
Cette tribu est dynamique et ouverte aux visiteurs. Elle a construit un gîte pour accueillir les touristes de passage : 2 cases rondes mélanésiennes et un grand faré pour les groupes. Juste des nattes et des matelas par terre pour dormir, et à coté un abri pour faire la cuisine et manger. Le cadre est simple et l’accueil chaleureux.

Avant la nuit nous irons voir la cascade de Ciu toute proche. Un endroit impressionnant où l’on peut avancer sur les rochers au milieu de la rivière et avoir une vue plongeante. La hauteur de cette chute d’eau avoisine les 200 m et nous sommes, là, debout sur des cailloux en surplomb, à observer la nature béante et totalement vierge de constructions. Dans le même contexte, en France, on n’aurait certainement pas pu accéder aux rochers et encore moins s’exposer au danger sans barrière ou panneaux. Mais nous sommes en Nouvelle Calédonie !

Le gîte possède aussi une petite bibliothèque avec de beaux livres sur la culture kanak que nous aurons tout juste le temps de parcourir dans la soirée. Les enfants découvrent, quant à eux, la Bande dessinée de La Brousse en Folie.
Le lendemain, au petit déjeuner, Clarisse nous fait goûter ses confitures: gelée de pommes cythère, confiture de fleur de bananier-coco râpé, d'avocat-fruit de la passion. Un délice ! Puis nous allons chez elle voir les roussettes apprivoisées qu'elle garde en cage, et son grand jardin aux plantations très variées. Nous aurons droit à un cours de sciences naturelles.

Nous allons aussi voir le chef du village pour “faire la coutume”: comme aux Fiji, lorsqu'on est reçu dans une tribu kanak, il est d'usage d'aller faire un petit cadeau au chef, en général un manou, pièce de tissu à paréo, parfois un peu de tabac, et un billet de 1000 Francs CP. Le chef, âgé, nous reçoit avec sa femme et il est sensible au geste. Nous discutons un peu de la vie dans la tribu. Il nous parle des jeunes qui, de plus en plus, partent étudier et travailler en ville et délaissent les anciens rites. La consommation facile, l’envie de produits modernes, nouveaux, les attirent. Ce séjour dans un village kanak nous parait un peu court et il nous donne envie de revenir dans une tribu accueillante comme celle-ci.

Nous quittons Canala en prenant la route à horaires : une piste étroite et sinueuse qui mène à Thio, une ville minière. Cette route ne peut être empruntée alternativement selon les heures que dans un sens ou l’autre. Elle traverse les exploitations de nickel, grandes saignées rouges dans la montagne que l’on remarque de loin. Certaines mines abandonnées laissent ainsi de larges cicatrices dans le paysage. Jusqu'à maintenant, l’environnement n’était pas une priorité sur le Caillou, mais vu le développement de l’exploitation du nickel, cela risque de devenir une nécessité (voir la rubrique “Coup d’œil sur l’environnement”)

Au retour vers Nouméa, nous nous arrêtons faire la visite de la Station Ifremer de St Vincent au milieu des marais. Elle est en plein travaux pour rénovation et agrandissement. Ses activités sont entièrement consacrées à la crevetticulture comme l’attestent les grands bassins qui l’entourent. L’exportation de crevettes est en effet la deuxième source de revenus du pays après le nickel.
Nous pensions passer la nuit dans un camping à proximité, mais la région est infestée de moustiques, alors on préfère rentrer dormir au bateau.


 

 


Avec Jean-Louis et Paule

 

 

 


Le totem du Musée de Calédonie

 

 

 


Noumea, vu du mont Koghi

Un soir, nous sommes invités à manger chez les "cousins" d'Olivier. Ici tout le monde s'appelle cousin. En fait, Jean-Louis est un “métro” arrivé il y a une quinzaine d'année. Sa femme, Paule, est originaire du Vanuatu voisin et elle a émigré en Calédonie au moment de l'indépendance de ce pays voisin en 1980. Paule, très attentionnée, nous préparera un grand plateau de charcuterie, ce qui nous rappellera la France. Nous passerons notre soirée à échanger et c’est vraiment plaisant d’apprendre toujours et encore sur notre Monde. Jean-Louis et Paule ont envie de nous faire partager leurs loisirs et nous convenons de faire quelques sorties avec eux. Ils nous montrent un film qu’ils ont réalisé lors d’une croisière à l’Ile des Pins pendant leurs vacances : cela nous donne des regrets de ne pas pouvoir y aller avec Mateo lorsqu’on voit les superbes paysages, les eaux transparentes et les énormes poissons et langoustes qu’ils pêchent.

C’est samedi. Dans le cadre de la Fête de la Musique il y a une animation au Musée de la Calédonie. Celui-ci présente les cultures des différents pays de la Mélanésie et est riche en objets anciens. Ce jour-là, des groupes de Calédonie et du Vanuatu animent les différents espaces, avec musique et danses traditionnelles, gospels, et le midi cuisine locale dans la cour du musée.
Le dimanche matin, Jacques nous a invité a une sortie sur "Clin d'Oeil" son catamaran. Le vent est au rendez-vous, 20 à 25 nœuds, et dans le lagon le bateau file tranquillement à 12 nœuds, parfois plus et même des pointes à 18. On double de nombreux voiliers et tout l'équipage est impressionné de naviguer en tout sécurité à une telle vitesse ...

La fin du week-end approche. Pour nous, ça ne change rien au rythme des journées, mais ce lundi-là, Dominique est invité par ses collègues. Pour se remettre un peu en mémoire le boulot, il participe à une journée de présentation des travaux de l’Ifremer devant les responsables politiques et professionnels locaux. Le cadre a été bien choisi, c’est à l’hôtel Méridien, sur l’Anse Vata, qu’elle se passe. Le lendemain c’est Yves, le directeur du Centre Ifremer, qui nous invitera pour une soirée chez lui.

Nous passerons le restant de la semaine à ranger, nettoyer le bateau, faire des paquets et à adresser des colis à la Poste. Après une semaine de cartons on est content de changer d'air le week-end. Jean-Louis et Paule viennent manger à bord avec Olivier le vendredi soir et emmènent ensuite les garçons dormir chez eux. Le samedi après-midi nous allons ensemble faire une petite marche à pied au mont Khogi qui domine Nouméa et le lagon: dommage, le temps est couvert et la visibilité n’est pas bonne. Un petit rayon de soleil éclairera soudainement le paysage, au moment où l'on boit un verre à l'auberge située sur le promontoire. On terminera la soirée chez eux en mangeant un sashimi, spécialité culinaire du Pacifique à base de poisson cru, déjà connue et appréciée de l’équipage.

Jacques, le concepteur de Mateo, nous demande un jour, de faire une virée avec nous. Avoir dessiné Mateo et ne jamais l’avoir testé ! il fallait réparer l’erreur ! Avec un seul moteur, ce n’est pas simple mais Jacques nous aide à sortir du port avec son annexe. Malheureusement il n’y a pas beaucoup de vent et nous ne dépasserons pas les 8 nœuds. Mais il est heureux de voir comment se comporte son bébé.


 

 


La maison de Jean-Louis et Paule

 

 

 


Popeye, pret à partir

Nous passerons le dernier week-end avant notre départ à Bouraké, dans la maison de week-end de Jean-Louis et Paule. C’est un coin sauvage, car il faut parcourir quelques kilomètres de piste avant d’y arriver, et situé juste au bord de l’eau. On aperçoit des cerfs sur les collines aux alentours. Pour le repas, nous allons ramasser quelques douzaines d’huîtres sur les rochers à proximité : il n’y a qu’à se baisser. Leur maison, vu son isolement est alimentée avec panneaux solaires et éolienne. Un joli coin pour se retirer au calme pendant les vacances et les week-ends.


Avant de quitter le pays, nous faisons le plein d’artisanat et de souvenirs. Les kanaks sont des maîtres de la sculpture sur bois : les cases sont décorées de linteaux, poteaux et aussi de grandes flèches faîtières ornées de motifs traditionnels. Mais dans les boutiques à touristes, beaucoup d’artisanat vient des pays asiatiques ! Les paysages calédoniens donnent aussi de jolies photos que l’on retrouve partout : du set de table aux calendriers et aux T-shirts.

Notre séjour calédonien se termine, et demain, 12 juillet, notre avion nous attend pour nous ramener en France, après ces 2 années de voyage et de superbes découvertes. Nous réalisons que c’est le départ mais nous nous sentons toujours en voyage, et notre esprit est encore bien loin du retour au travail. Nous organisons un dernier apéro à bord de Mateo avec les copains de bateau : Manu et Soizic, José et Marianne, Jacques et Karine. Ils repartent avec un stock de nourriture car il faut bien vider le bateau qui ne sera pas habité pendant un bon moment. Nous savons que Mateo sera sous bonne garde ici, et qu’il nous attendra sagement au port. Une autre étape de notre vie commence, sans doute faudra-t-il un moment pour nous réadapter, mais avec l’espoir de revenir un jour continuer à profiter des belles escales du Pacifique.


              


  Le retour en France

(12 – 13 Juillet 2006)

 


Embarquement à Nouméa

 

 


On ne s'ennuie pas en avion !

 

 


Les montagnes scandinaves

 

 


Atterrissage à Roissy

Au petit matin, tout le monde est sur le pont : finir les derniers sacs, les porter dans la voiture, un break de location qui est déjà archi plein avec nos 180 kg de bagages. Puis couper l’électricité, fermer le gaz. Vérifier une ultime fois que les amarres sont bien mises.
Nous avons un petit pincement au cœur au moment de fermer le cadenas de la porte de Mateo.
Jacques et José, nos voisins de ponton, nous accompagnent jusqu’au parking et nous disent au revoir.

Après une heure de route nous arrivons à l’aéroport de Tontouta. Il y a beaucoup de monde et la queue à l’enregistrement. Avec nos 2 chariots nous dépassons le maximum de bagages admissible. Heureusement l’employé du comptoir est compréhensif et ne nous fait pas payer notre excédent d’une quinzaine de kilos.
A la douane, il faut vider le sac de Florian qui sonne au détecteur : toutes ses petites affaires (coquillages, nacre, lecteur MP3, montre, petits souvenirs achetés lors des marchés, jeux….) sont étalées. Il a bien du mal à le refermer une fois ouvert !

On monte dans l’avion. Pour Sylvain, c’est son premier voyage aérien, Florian a oublié le précédent : il avait 2 ans lorsque nous sommes partis au Canada avec lui.
On s’installe dans notre rangée de sièges. Pas beaucoup de place pour les jambes, et le voyage risque d’être long. Les garçons découvrent avec joie le petit écran qui équipe chaque siège : jeux vidéos, films, musiques, et position GPS de l’avion sur la carte, ils sont ravis de retrouver ces “bienfaits du progrès”.

A midi l’avion décolle, il fait beau et on peut apercevoir le superbe lagon calédonien. Malheureusement nous ne sommes par près d’un hublot mais des voisins complaisants nous laissent prendre quelques photos.
Le repas arrive, ce qui plait à Sylvain qui commençait à avoir faim …

La nuit tombe peu avant que nous n’arrivions sur Tokyo, où escale et changement d’avion sont prévus. Nous débarquons dans la salle d’attente de l’aéroport nippon, avec ses curieuses inscriptions en japonais et les gadgets électroniques dans la boutique. A peine 2 heures d’attente et nous repartons vers la porte d’embarquement pour Paris.

Départ un peu avant 22 heures. Il fait nuit et on commence à avoir sommeil. Ce n’est pas facile de dormir avec le bruit des moteurs, et le peu de place pour se détendre… Les enfants passeront une bonne partie de la nuit à jouer aux jeux vidéos.
Le jour commence à poindre, pourtant nous ne sommes partis que depuis quelques heures : nous survolons la Sibérie, ce qui explique ce lever matinal. Quelque temps après, au-dessus de la Scandinavie le soleil se recouche.
A 4 heures du matin l’avion atterrit à l’aéroport de Roissy. Le jour va bientôt se lever de nouveau.
Nous arrivons dans la salle des bagages et apercevons Philippe, le webmaster du site et Julie, sa nièce, venus nous chercher. Moment d’émotion. Ca y est, nous avons remis les pieds en France.

La boucle est bouclée. En réalité, nous avons fait un véritable tour du monde : la première moitié en 2 ans en bateau de France jusqu’en Nouvelle-Calédonie, et la seconde moitié en 25 heures en avion, de Nouméa à Paris ….






              


    

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